L’embellie girondine
Visant, de manière plus ou moins déclarée, le top 5 et l’Europe (même si la 5ème place n’est, à la base, pas forcément européenne), Bordeaux est mathématiquement revenu dans le coup pour atteindre cet objectif de début de saison fixé par l’actionnaire. Et si Jocelyn Gourvennec reste très prudent dans sa communication et très exigeant envers ses joueurs, sur les contenus, avant tout, il admet volontiers que la bonne série qu’il espérait de longue date arrive à point nommé.
Actuellement 7ème, mais à égalité de points avec Saint-Étienne et Marseille, rivaux attendus pour la 5ème place, le club girondin semble amené à lutter avec ces deux clubs pour la fameuse 5ème place, qui est, au passage, le meilleur classement du FCGB (obtenu en 2012) depuis le titre de 2009.
Pour cela, en plus d’une série de résultats positifs (6 victoires et 1 défaite en 9 matches depuis le 1er janvier), qui pourrait cependant vite se stopper, demain soir, face au Paris Saint-Germain, les Girondins peuvent s’appuyer sur une dynamique plus profonde et durable. En effet, les résultats ; bien que certains, soient tirés par les cheveux et plombés par des prestations encore inquiétantes (à Angers, contre Rennes) ; n’arrivent pas par hasard et tendent à prouver qu’à force de rabâcher les même principes et, surtout, de s’y tenir autant que possible lors des entraînements, Gourvennec et son staff parviennent à faire progresser leur équipe. Le dernier succès, 4 à 0 à Caen, en est le parfait symbole. Et bien qu’il soit aussi dû à la faiblesse de l’adversaire – au moins sur ce match, car les Normands sont plutôt bons chez eux (victoires face à Nice et Lyon, notamment) -, il a été marqué par une maitrise aquitaine forte, ponctuée de plusieurs séquences de jeu très rarement (jamais ?) vues depuis des années par le public bordelais.
Sans doute la meilleure séquence du match. D’autres défenseurs auraient mis un grand coup dans le ballon… #Jovanovic #SMCFCGB pic.twitter.com/JbmW5uP9Ud
— Florent Toniutti (@flotoniutti) 8 février 2017
De là à dire que la méthode Gourvennec commence à porter ses fruits, après des premiers mois (très) difficiles, on attendra encore. Et les prochaines échéances (voir calendrier ci-dessous) seront révélatrices. Un « pré bilan » pourra être fait au soir de la 30ème journée, mais d’ici là le « match après match« est de rigueur, surtout pour une équipe encore très fragile et en construction qui a (presque) toujours perdu pied dès lors qu’elle s’est projetée vers des ambitions prématurées, non assumées derrière, sur le terrain.
On note tout de même, sur la période actuelle, une bonne émulation au sein de l‘effectif. Ainsi, à toutes les lignes, et vu que seul Thomas Touré et Nicolas Maurice-Belay sont absents (blessures) – bien qu’Igor Lewczuk et Adam Ounas le soient aussi à l’instant T -, la concurrence a tiré le collectif vers le haut. Au niveau des latéraux, Milan Gajic est aujourd’hui un vrai titulaire potentiel à droite, et Youssouf Sabaly, valeur sûre depuis le début de saison, pourrait donc finalement se fixer… à gauche, où il a souvent joué dans sa carrière (période Evian Thonon Gaillard), résolvant ainsi un des grands problèmes de l’équipe. Dans l’axe de la défense, on se préserve de toute enflammade sur Vukasin Jovanovic, mais son premier match laisse à penser qu’il a le niveau pour remplacer voire dépasser un de ses deux concurrents : Nicolas Pallois et Igor Lewczuk, voire Théo Pellenard, dont Gourvennec veut faire un défenseur axial.
Pour ce qui est du milieu, à 3 têtes désormais, Jérémy Toulalan a retrouvé un bon niveau en récupérateur, le capitaine Jaroslav Plasil est toujours régulier, le jeune Valentin Vada « a gagné en densité » (pour reprendre les propos du coach), la recrue Younousse Sankharé (que JG voulait et connait parfaitement pour l’avoir fait grandir à Guingamp) présente un profil neuf, pour bien les compléter… et même Mauro Arambarri commence enfin à pointer le bout de son nez, répondant présent sur ses entrées, de plus en plus régulières ! Enfin, en ce qui concerne la ligne offensive, et bien qu’aucun « attaquant » – au sens large – ne flambe vraiment, ils parviennent (presque) tous à être décisifs et, sur la forme du moment, savoir qui aligner entre François Kamano, Jérémy Ménez, Diego Rolan et Gaëtan Laborde est un vrai sujet de débat. Encore une preuve que l’émulation et la concurrence apportent à un effectif dont le vécu commun commence à se voir.
Celle-là était pas mal non plus. Avec un Sankharé hyper-présent. #SMCFCGB #Girondins pic.twitter.com/57S51nkozv
— Florent Toniutti (@flotoniutti) 8 février 2017
Et au-delà de ces problèmes de gestion et de « choix de riches » qui se posent à l’heure présente, à toutes les lignes, il y a le virevoltant Malcom, lequel est sans doute le seul à apparaître vraiment indiscutable dans la ligne offensive, tout comme Toulalan en « 6 », et… Cédric Carrasso, dans les buts. Après des intérims vaillants mais irréguliers de Jérôme Prior, le retour de blessure du titulaire fait un bien fou au onze entier, et la mentalité du N°16 des Girondins par rapport au travail et à son rôle de leader est toujours exemplaire.
« La série de résultats actuels doit nous donner confiance, mais pas nous faire penser que c’est gagné… On sait qu’il y a un gros travail mental à faire pour continuer d’être très exigeants avec nous-mêmes. Le classement n’est finalement qu’une conséquence ». Ces mots, encore signés du coach Gourvennec (et prononcés avant-hier), doivent sans doute être le leitmotiv d’ici le mois de mai. Car la voie à suivre est uniquement celle-ci.
Bref, si Bordeaux n’a encore aucun gage de réussite car les progrès sont encore trop récents, il y a quand même des raisons d’y croire. Et si la croyance ne se porte peut-être pas forcément sur cette seule fin de saison 2016/17, Jocelyn Gourvennec, qui est quand même venu pour ça, donne peu à peu corps aux attentes de (re)construction d’une équipe et d’un fond de jeu plus dignes d’un club sérieux. Enfin.