Valentin Vada : l’éclosion d’un phénomène ?
Valentin Vada crève l’écran cette année, c’est le moins que l’on puisse dire. Avec six buts en 23 matchs, le milieu de terrain de 21 ans a marqué autant que François Kamano ou Diego Rolan. Mieux, il a inscrit ses 6 buts à partir de la 21ème journée.
Actuels 5ème du championnat de Ligue 1, les Girondins ont encore trois journées pour assurer leur place devant Marseille et Saint- Étienne. De quoi pimenter cette fin de saison, assurément..
Ce réveil tardif de Valentin Vada est sans doute le signe d’une métamorphose tant attendue. De la maturité devrait-on dire. Car pour l’Italo-Argentin rien n’a été simple jusque là. Victime d’un imbroglio judiciaire avec la FIFA, Vada a dû attendre plus de deux ans avant de participer à une compétition officielle. Une situation vraiment difficile, qui a été à deux doigts de le faire craquer. Pourtant, à force d’abnégation et d’un entourage qui a su le protéger, Valé a enfin trouvé la lumière. Retour sur l’ascension perturbée d’un possible jeune prodige.
2011 – 2013 : une interminable bataille judiciaire
Né en 1996, Vada est passé par le centre de formation du Proyecto Crecer, la filiale des Girondins en Argentine. À 15 ans, il traverse l’Atlantique et s’installe à Bordeaux avec sa famille. À l’époque, les plus grands clubs européens veulent le recruter, mais comme le centre a signé un partenariat avec Bordeaux, ce sont les Girondins que le récupèrent.
Dès lors, la FIFA va s’en mêler. Selon l’alinéa 1 de l’article 19 du Règlement du Statut et du Transfert des Joueurs : « En principe, le transfert international d’un joueur n’est autorisé que si le joueur est âgé de 18 ans ». Quelques exceptions s’appliquent : « si les parents du joueur mineur s’installent dans le pays du nouveau club pour une raison étrangère au football » ou « si le transfert a lieu au à l’intérieur de l’UE ». Vada est donc interdit de participer à une quelconque compétition officielle.
Les avocats de Valentin Vada décident de faire jouer les origines italiennes du joueur, mais le combat juridique va durer deux ans. Pendant ce temps-là, il ronge son frein et il frôle la « dépression ». Il crève l’écran au tournoi de Montaigu avec les U17 en terminant meilleur joueur et meilleur marqueur. Finalement, il obtient sa licence en 2013, après avoir décliné des offres de Chelsea du Real Madrid et du FC Barcelone.
2013-2015 : premiers pas chez les pros et nouvelles désillusions
À cette époque-là, de nombreux clubs appellent les Girondins pour l’obtenir en prêt, mais Vada décline les offres. Il remporte la coupe Gambardella cette même année, mais il semble jouer de facilité. Le coach et directeur du centre de formation, Patrick Battiston le prend sous son aile en lui expliquant que, en France, la vision du jeu et la technique ne faisaient pas tout. Il fallait avant tout du travail.
En 2014, il fait quelques apparitions dans le groupe pro. Lors de la préparation d’été, il joue quelques matchs, mais Willy Sagnol décide de se passer de ses services par la suite. Il le renvoie avec la réserve. Officiellement, son comportement ne plaît pas au coach. Sa nonchalance est notamment pointée du doigt.
Lors de la saison 2014-2015, il joue 20 matchs et marque 4 buts. Lors de l’exercice précédent, il avait joué 17 matchs pour seulement un but marqué. Vada reste dans l’antichambre du groupe pro. Les grandes écuries continuent à lui faire les yeux doux mais il est bien décidé à percer avec les Girondins. Et pas en CFA…
2015-2017 : la lente progression de Valentin Vada
C’est en décembre 2015, lors d’un match d’Europa League face au Rubin Kazan qu’il fera sa première apparition remarquée. Il y délivrera une passe décisive. Il s’entraîne avec les pros et ne joue que 5 matchs de CFA. Pour autant, Willy Sagnol puis Ulrich Ramé (qui lui a succédé en mars 2016) continuent à lui faire chauffer le banc de touche. Il poursuit donc son apprentissage auprès de joueurs bien plus expérimentés comme Jérémy Toulalan – recruté à l’été 2016 – ou Jaroslav Plasil.
L’arrivée de Jocelyn Gourvennec à l’été 2016 va changer la donne. Habitué à lancer de jeunes joueurs, il décide de lui donner une chance. Cette saison, il joue 21 matchs et marque son premier but contre Toulouse à l’occasion du derby de la Garonne lors de la 21ème journée de Ligue 1. Vada n’a mis que 16 secondes à marquer et s’est par la même occasion adjugé le but le plus rapide de la saison.
Depuis son intronisation en équipe première, le N°23 n’a plus quitté le groupe. Non seulement il s’est bien intégré, mais il semble que ses errements aient été corrigés. Selon Jocelyn Gourvennec, l’Italo-Argentin apporte beaucoup de dynamisme et de créativité dans l’entrejeu. Tout n’est pas rose pour autant. Malgré sa technique, il a tendance à perdre des ballons importants. Comme contre Nice par exemple où son erreur a coûté un but à son équipe. Magnanime, son coach a mis ça sur le dos de la jeunesse. A seulement 21 ans, Valentin Vada a encore le temps de progresser, et le FCGB avec lui…