Laslandes présente sa méthode
« Pour que l’exercice se rapproche le plus possible des conditions réelles de match, à l’entrainement je me mettais en tête que je jouais devant un public et que c’était le dernier ballon du match. Ce n’est pas juste une formule, car je me mettais vraiment dans cet état d’esprit. Comme ça, en match ensuite, dans la concentration, la gestion nerveuse, j’avais encore plus de repères (…) Si dans un match j’avais été en échec dans une situation précise, je recréais les conditions identiques lors de l’entrainement suivant pour « reprogrammer » le geste au niveau mécanique et, sur le plan mental, enlever la mauvaise sensation de cette situation pour en remettre une positive.
(…) Quand je marquais, j’exultais et j’allais partager avec le public. Cette explosion commune était extraordinaire, c’était le premier grand plaisir de mes buts. Je me souviens encore de certains des spectateurs dans les tribunes au moment d’y aller pour célébrer avec eux. C’est assez dingue. Ensuite, j’allais partager ma joie avec les coéquipiers. Sauf quand c’était un caviar et que je n’avais plus qu’à pousser au fond : là je faisais le modeste et j’allais d’abord remercier le passeur en premier.
(…) En cas de défaite où on a marqué, la déception l’emporte mais bon, il y a une sensation égoïste d’avoir fait votre travail. Ce petit plaisir, évidemment, on ne va pas l’afficher ace aux partenaires car il y aurait un décalage, une incompréhension qui peut poser problème. Mais cette satisfaction toute personnelle existe, il ne faut donc pas le nier. En revanche, le sentiment de culpabilité, lui, est beaucoup plus durable si on a raté le ballon de la gagne. Mais c’est important de le dire dans le vestiaire, que tes coéquipiers sachent que tu es conscient de ton raté. Parce que c’est toi qui récolte les lauriers quand ça rigole, parfois même à leur détriment. Donc, assumer, c’est aussi assumer l’échec en première ligne, et pas seulement tous les moments de gloire. »