L’émouvant témoignage d’Aimé Jacquet et Bernard Michelena
Jacquet : « Je n’étais plus venu à Chaban-Delmas depuis le fameux match France – Tchécoslovaquie d’août 1994 avec un retournement de situation et Zizou à la baguette pour ses grands débuts en équipe de France. Notre grande fierté, avec Bernard qui est le vrai Girondin, c’est d’avoir créé une grande équipe, dominatrice pendant des années, mais surtout d’avoir créé un très grand club. Quand je suis arrivé ici la première fois, il y avait encore la grande piste cyclable et j’ai dit à Bernard que ce n’était pas un stade de foot. (…) Grâce à notre pugnacité, on avait convaincu Mr Chaban-Delmas de construire un centre d’entraînement. Il avait été fantastique ! On lui avait expliqué qu’on voulait créer un grand club, une grande équipe et ce qui lui avait plu dans notre projet c’est quand on lui avait dit que du plus petit jusqu’au plus grand, tous joueraient avec le même maillot, la même identification.
(…) Il y a eu beaucoup d’échelons à franchir, mais le vrai professionnalisme actuel et ses exigences – il fallait être dans les 2 premiers pour être européen – ça a été une fierté de le construire et de laisser derrière quelque chose de solide et de fort pour l’avenir. »
Michelena : « Je remercie Aimé publiquement de m’avoir invité avec lui et donc de m’associer en mentionnant le lien qui nous unit depuis 35 ans. C’est énorme. Je suis ravi ! (…) Notre réussite a été longue, très difficile. AImé avait eu des problèmes dans son club précédent (l’Olympique Lyonnais NDLR), et donc il ne voulait pas vraiment d’adjoint, ce que je comprenais. Mais le président Claude Bez lui a dit que j’étais là et que c’était comme ça. On a mis du temps, mais ça a été formateur. Ça a mis 1 an et demi, 2 ans, à partir, mais quand c’est parti… Plus d’histoires ! Chacun avait mis son cadre. AImé me laissait totalement libre de travailler sur les gardiens, sur la préparation athlétique, sur tous ces problèmes qui ne l’intéressaient pas. »
Jacquet : « Avec lui j’ai compris qu’il fallait des gens autour de moi pour me protéger. Il respirait le terroir, la Gironde, le club. Sans lui je ne pouvais pas y arriver. On passait des soirées, des weekends à parler de football ensemble… Il fallait développer notre idée, notre identité pour que les Girondins restent si grands. Et on voit qu’ensuite, le club a été fantastique…
(…) Le match de 1985 contre la Juve, ça reste le sommet de ce qu’on a fait ici. Je pense que si on avait été protégé, car je rappelle qu’à cette époque là on jouait le mardi et le vendredi en championnat et le mercredi en Coupe d’Europe – donc pour la récupération, vous voyez… -, ça se serait mieux passé. D’ailleurs, j’aurais un petit clin d’œil à faire, parce que c’est trop beau, à Alain, Alain Giresse, qui représente tellement pour moi ici. Son but de la tête contre Barcelone sur un centre du gauche de Patrick Battiston a marqué la grande épopée des Girondins. »