« Il n’est certainement pas beau, mais il ne ressemble à aucun autre »
Les abords du stade, la file d’attente, la découverte de la pelouse et des énormes projecteurs, je n’en ai presque aucun souvenir. Toutefois, le grand rêve d’exploit, l’espoir de gagner, tout ça se ressentait ce jour-là. L’ambiance enivrante après le premier but de Didier Tholot (sur une frappe ratée que je revois encore), et les encouragements pour pousser Zizou sur le 3e but, sont bien présents dans mon esprit. Mais rien ne pourra jamais remplacer cette anecdote qui me fait toujours sourire.
A quelques minutes de la fin du match, voyant tout le monde tendu et stressé, alors que j’étais aux anges, je pose la question fatidique : « Papa, pourquoi tout le monde a peur alors qu’on gagne 3-0 ? ». La règle du but à l’extérieur, c’est ce soir-là, à environ cinq minutes de la fin de la rencontre, que je l’ai découverte et comprise. La réponse de mon père m’a alors fait basculer avec les 35000 autres spectateurs, et j’ai vécu mes premières minutes de supporter stressé. Pour exploser de plus belle au coup de sifflet final.
Pour une première, mon père a plutôt eu le nez très creux… Un jour, j’espère emmener mon fils au Nouveau Stade : le défi est de taille pour dépasser la joie connue lors de cette soirée !!! »
J’allais à ce match accompagné, notamment, d’un ami néophyte et pas supporter girondin. En entrant dans le virage sud, je lui demandais ce que ça fait à un Breton de voir un vrai stade de football. Et lui il me répond, à ma surprise, même si le chambrage était attendu : « Mais il est moche ton stade ».
Et à la réflexion, est-il beau, ce stade ? Avec ses travées grises, son béton délavé, ses strapontins d’un blanc-beige sans âge, ses deux virages si à l’horizontal qu’on se trouve bien loin du terrain, ses deux vigies délabrées suspendues aux coins du toit… Et pour couronner le tout, quand il est plein, cette couleur bleu marine, élégante sur chacun, mais qui fondue dans une foule devient une masse sombre. Ah le virage sud, même plein à dégueuler, quand on ne peut que deviner le mur qui sépare le bas et le haut de la tribune, n’aura jamais l’air du Gelbe Wall du Westfalenstadion.
Mais pour moi, ce virage et ce stade ont quelque chose d’unique. Il n’est certainement pas beau, mais il ne ressemble à aucun autre. Vu du ciel, il se fond dans la ville, et son toit, vétuste, prend des allures antiques avec ses arcades art-déco, son arche et sa flèche inutiles. Et puis, ce stade, ça a d’abord été un rêve: je le voyais à la télévision, je le reconnaissais sans y être jamais allé. J’imaginais y mettre enfin les pieds. Le gamin que j’étais se renseignait, en apprenait les faits d’armes… Il en devenait peu à peu un habitué. »