Brochet : « On craint toujours la grosse blessure »
« On ne peut pas être médecin du football sans aimer le football. On fait
partie d’un staff, on aime ça, on se prend vite au jeu. Il y a tout, le
vestiaire, l’adrénaline. On est avec les joueurs, avec l’encadrement.
J’ai toujours aimé ça. (…) Bien sûr que je lève les bras quand il y a un
but. On fait partie du truc. Mais je ne suis pas spectateur, je regarde
ce qui se passe, je m’interroge. On craint toujours la grosse
blessure. Car on est médecin avant tout. Au départ j’ai surtout été généraliste,
après j’ai été urgentiste en même temps que médecin du sport. Il faut
parfois savoir dire non. Certains joueurs veulent reprendre plus
rapidement qu’il ne le faudrait…
(…) Les blessés de longue durée, je les vois tous les jours. C’est
terrible. On sait qu’ils en ont pour longtemps, que pendant X temps,
tous les jours, les copains vont leur demander comment ça va et partir
s’entraîner tandis que, eux, ils restent aux soins. En équipe de France,
quand un joueur se blesse, il est remplacé. Dans un club, vous l’avez
jusqu’à ce que vous l’ayez guéri ! (…) Je suis venu parce que c’était Willy,
et parce que c’était Bordeaux. C’est un grand club. Il y a la même
ambiance familiale qu’au SC Bastia (il y a travaillé de 2006 à 2011 NDLR), mais avec des moyens incomparables. Même
si je ne suis pas un Bordelais, la fin de Lescure, c’était marquant. Le
dernier match, contre Nantes (le 9 mai dernier, NDLR), avec le départ de
Marc Planus, c’était très, très fort.
(…) J’ai eu en charge les jeunes, les Espoirs, les A’ et même l’équipe de France, à l’Euro en Suisse en 2008, avec Willy (Sagnol, alors international et désormais entraîneur des Girondins, NDLR) et, malheureusement, à la Coupe du monde en Afrique du Sud en 2010. (…) Je n’étais pas dans le bus, j’étais derrière. C’est un souvenir négatif. Être là sans comprendre ce qui se passe, c’est très dur. Ça m’a touché. Comme l’affaire du Havre deux ans après (en octobre 2012, cinq internationaux Espoirs avaient fait le mur pour aller en discothèque, NDLR). Ça a foutu en l’air toute une promotion, un travail de deux ans, c’était dur à vivre aussi. »