Guichard : « Préparer une sélection et un club n’a absolument rien à voir »
« Avant Bordeaux, mes dernières missions ont été Trabzonspor, en D1 turque, et l’équipe nationale d’Algérie, avec qui nous nous sommes qualifiés au Mondial 2014 au Brésil. Avant cela, j’ai collaboré avec différents clubs, de CFA à Ligue 1, tout en continuant mes formations à la fac et avec la fédération française de football. Je n’ai quasiment travaillé que dans le football. J’ai passé, à côté, mes diplômes d’entraîneur jusqu’au BE2, et mes diplômes de préparateur physique à la fac. J’ai aussi eu une parenthèse pendant trois ans où, à côté, du foot, je travaillais pour la Fédération Française de Tennis où je m’occupais d’un Pôle Espoir, un peu l’équivalent d’un centre de formation fédéral, comme Clairefontaine pour le football. J’ai donc pu voir d’autres choses, même le volley un peu…
(…) Avec Eric (Bedouet), on est parti du principe que lui gérait collectivement le groupe, et l’idée de Willy (Sagnol) et Sylvain (Matrisciano) était d’individualiser un peu le travail. Eric n’avait pas le temps de le faire. Moi, je suis plus là pour d’abord conseiller, et ensuite individualiser le travail au quotidien sur tous les joueurs, les plus anciens comme les plus jeunes. Des fois il faut faire des groupes de travail différents. Les premiers jours, on a fait des tests individuels sur chaque joueur pour permettre ça et mieux les guider.
(…) Préparer une sélection et un club n’a absolument rien à voir, même si avec Vahid Halilhodzic on essayait de rapprocher les deux pour que la préparation au Mondial ne commence pas un mois avant mais soit entamée des années en amont. On suivait individuellement nos joueurs en allant les voir dans leur club pour faire des séances à côté, individualiser le travail, et faire en sorte qu’ils soient prêt en mai dès le début du rassemblement. Si nous avons fait une très bonne Coupe du Monde (8ème de finalistes, battu 1-0 par l’Allemagne après prolongations) c’est en grande partie grâce au fait d’être mieux préparés, de s’être plus entraînés que les autres je pense, et pas que physiquement. Faire une Coupe du Monde, au Brésil qui plus est, avec une sélection qui n’était pas favorite, et aller jusqu’en 8èmes, en sortant des poules pour la première fois de l’histoire du pays, c’était extraordinaire à vivre. On ne passe pas loin contre l’Allemagne et jouer la France au Maracana en quart aurait été le summum pour nous. L’expérience a été très belle, et en plus c’était plus dur car c’est une compétition courte, avec des joueurs qui viennent de clubs différents et ne travaillent pas pareil. Il y avait une vraie vision à avoir.
(…) A Bordeaux, nous avons deux axes de travail : le suivi des charges de travail, en étant proche des outils technologiques notamment, et le suivi du ressenti des joueurs. Et en dernier lieu, nous nous appuyons sur l’expérience de chacun, l’écoute. Mais on sait que pendant la préparation, on doit être fatigué, forcément. Donc à nous de bien gérer les paramètres. (…) L’année dernière, avec Trabzonspor, déjà en Europa League, j’ai connu des challenges difficiles car on a dû jouer des équipes de l’Est, souvent assez en avance sur nous dans leur championnat. Aussi, l’enchaînement des semaines à 3 matches a des conséquences et il faut que tous les joueurs et le staff soient prêts. M’occuper des doublures, c’est en grande partie mon rôle durant la saison . »