Ricardo raconte son chemin de croix pour se remettre de son AVC et retrouver un banc
« Dans mon malheur j’ai eu beaucoup de chance. Si ça s’était produit à la maison ou ailleurs, je ne serais pas là aujourd’hui. (…) J’ai attendu durant une quinzaine de jours pour redevenir complètement conscient. Mais j’ai failli rester hémiplégique du côté droit. J’étais comme paralysé. Ce qui était dur dans la rééducation, c’est que la progression n’est pas trop linéaire. Parfois tu reperds ce que tu avais conquis la semaine précédente… Et puis, c’était toujours pareil. La physio, le kiné, la natation, la même routine pendant des mois et des mois. La première année, tu te dis « ok, c’est normal ». La deuxième, « ok, il faut le faire ». Mais la troisième, oh là là ! Ça devenait impossible, j’avais vraiment besoin d’en sortir et de retravailler.
(…) J’ai perdu de la sensibilité de la main droite, je suis d’ailleurs devenu gaucher. Mais, à part ça, j’ai retrouvé tout le reste. Je marche quand même très mal, désormais. Monter ou descendre les escaliers, ça
devient un exercice très difficile. Je ne sais pas trop si ça va m’empêcher
de continuer à entraîner. Mais ça me gêne, vraiment. Ce n’est pas encore
gagné… (…) Chez moi, c’est génétique. Mon père a eu un AVC à 46 ans. J’avais déjà eu une alerte quand j’étais à Sao Paulo (en 2009). C’est seulement un défaut de fabrication. »
Proche de Ricardo, qu’il a côtoyé au FCGB lors de ses ultimes mois comme directeur sportif, en 2005-2006, Charles Camporro, travaillant désormais au Brésil, explique aussi comment il a vécu ce drame sur place :
« J’étais devant ma télévision et j’ai cru voir la mort de mon ami en direct. Je ne pouvais rien faire, j’étais si impuissant, effondré. J’ai vraiment cru que c’était fini et qu’il allait mourir. J’ai appelé son fils (ndlr : Diego), qui était au stade, j’essayais d’avoir des nouvelles, mais il fallait attendre. (…) Il a pu nous adresser les premiers signes, en clignant des yeux ou en bougeant les doigts. Le seul fait de savoir qu’il nous entendait et qu’il nous comprenait, c’était vraiment magnifique !
(…) La rééducation, c’était dur, il souffrait. Parfois, il me disait que lever son bras, c’était comme s’il devait soulever une charge d’une tonne. Il en a vraiment bavé. Ce fut un chemin plein d’embûches, mais à force de courage et aussi d’abnégation, il a pu récupérer. Toutes les charges de travail qu’il s’est infligées, ce n’était pas pour vivre, mais pour revenir sur un banc. C’est ça qu’il cherchait au plus profond de lui. Ce qu’il a accompli pendant quatre ans, c’est comme s’il avait fait le tour du monde à la rame. C’est la plus grande victoire de sa vie !. »