Henrique : « Financièrement, la Turquie aurait été un meilleur choix pour moi, mais comme c’était Bordeaux… »
« En fait, je reste blessé pendant 6 mois et quand je reviens, je joue 3-4 matchs, et là j’ai une proposition d’un club turc, Trabzonspor je crois. L’entraîneur vient me voir et me dit « Henrique, tu ne vas pas partir en Turquie ? ». Je lui dis « Pourquoi ? C’est un bon contrat ». Ce n’était pas un très gros contrat mais j’étais jeune, j’étais marié, j’avais déjà un enfant, j’en avais besoin. Mais il me dit « Non, la Turquie, ce n’est pas pour toi, tu as besoin de jouer dans un championnat plus relevé qui te permettra de viser la sélection ». J’en discute avec ma femme et mon oncle et ce dernier me conseille d’attendre un peu, car la Turquie, on ne connait pas trop et qu’on aura peut-être d’autres possibilités. Alors j’attends. Deux semaines après, arrive la proposition de Bordeaux. J’étais tout de suite d’accord. Financièrement, la Turquie aurait été un meilleur choix pour moi, mais comme c’était Bordeaux, une équipe que je connaissais déjà de nom, il y avait Ricardo, tout de suite j’étais d’accord pour y aller. Mon oncle a parlé avec mon agent qui lui a dit « Le contrat n’est pas super, mais le championnat est meilleur et avec un entraîneur brésilien qui va l’aider, ce sera mieux pour lui ». Mon oncle m’a demandé si je croyais en moi – bien évidemment que je croyais en moi ! – et il m’a dit « Ferme les yeux, tu pars ! ». Quand je suis arrivé, j’étais impressionné par tout. Les installations, tout. Même si au début c’était très dur, les installations c’était vraiment superbe.
(…) Ma famille est venue avec moi. Mais c’était vraiment dur. Je me souviens, je fais un match amical contre Châteauroux, j’étais vraiment bien dans le match et je me blesse. Je me rappelle que j’étais dans les vestiaires, vraiment triste, car je n’avais jamais eu de blessures musculaires et je sentais que j’en avais une. Ricardo me demande ce qui ne va pas et me présente une personne qui travaille pour le Milan AC qui me dit « J’ai été impressionné, tu es jeune, grand, costaud, tu vas voir, tu vas faire une grande carrière en Europe ». Je ne l’ai pas cru, je pensais qu’il me disait ça parce que j’étais triste. Mais après Ricardo m’a dit que c’était sincère. Je suis resté deux mois blessé. Je reviens, m’entraîne deux semaines et fais un match de championnat. Je me souviens que j’étais bien pendant 10 – 15 minutes. Et pendant ces 10 -15 minutes, je croyais qu’on en avait joué 40 ! J’étais vraiment fatigué (rires). Ricardo me regarde et me demande ce qu’il se passe. Je lui dis que je suis mort ! Après ce premier match, Ricardo m’appelle dans son bureau et me dit « Henrique, tu n’as pas été bon mais reste tranquille, au début c’est toujours dur. Tu n’étais pas assez bien préparé pour ce match, je vais parler avec Éric (NDLR : Bedouet, le préparateur physique des Girondins) pour que tu gagnes un peu de masse musculaire parce qu’ici en France c’est physique ». J’avais vu en effet, c’est incroyable, les mecs n’arrêtent pas de courir, les attaquants sont plus costauds. Il m’a dit « Je vais t’aider, ça va venir ». Je commence à travailler avec Éric et Das Neves, un kiné du club, et j’ai ensuite senti la différence. J’étais plus costaud, les attaquants ne me bougeaient plus. J’étais mieux.
(…) Au début, je ne parlais pas Français et c’était très dur. J’ai suivi des cours avec Denilson, Fernando, Perea, tous les Sud-américains en fait. Je me souviens que Denilson demandait qu’une seule chose à la prof de français « Madame, que dois-je dire pour draguer en soirée ? ». Et là, la prof elle avait perdu la classe (rires). Du coup, je n’ai plus trop suivi les cours. J’avais un ami français à Bordeaux et c’est lui qui a joué le rôle du prof, qui m’a tout expliqué. (…) Il y avait pas mal de Brésiliens, mais surtout de Sud-américains. Je m’entendais très bien avec Perea, je parle encore avec lui de temps en temps aujourd’hui, c’était formidable. On n’était pas seuls quand on était en difficulté pour aller au restaurant ou pour ma femme quand elle avait besoin d’aller faire des trucs, c’était plus simple, on s’aidait entre nous. »