Obraniak raconte sa carrière
« Je ne mordrai jamais la main qui m’a nourri pendant tant d’années et qui m’a tant apporté. C’est le football français qui m’a élevé. Si j’ai pu faire une carrière, avoir ne serait-ce qu’un peu de popularité et être la personne que je suis aujourd’hui, c’est grâce au foot français. J’ai une grande admiration et un respect pour ce dernier qui est, à mon avis, trop souvent décrié.
J’ai toujours considéré qu’il y avait un bon niveau en France. (…) Le foot français a toujours été un peu stratégique avec des matches serrés. (…) C’est d’ailleurs pour ça qu’il n’y a pas tant de Français en Allemagne. Pour les joueurs comme Anthony Modeste, qui aiment les espaces, c’est un football adapté à ses qualités premières. (…) Moi je prends du plaisir à regarder le foot français, ce n’est peut-être pas le cas de tout le monde
S’il fallait faire un top 5 de ma carrière en France (…) Il y a la rencontre avec Yannick Stopyra au centre de préformation. Il a été déterminant pour moi, tout comme des Francis De Taddeo, Jean Fernandez, Claude Puel. Je dois aussi citer le doublé Coupe – Championnat avec Lille. Et plus généralement l’année 2011. Entre mai et juin, ça a été incroyable. On gagne la Coupe de France où j’ai la chance de marquer le but décisif pour la victoire (1-0 face au PSG). On gagne le titre une semaine plus tard et je suis papa dans la même nuit. Enfin, je termine avec l’année 2013 : la victoire en Coupe de France avec Bordeaux (en finale face à l’ETG, 3-2), mon mariage et la naissance de mon fils. Une année chargée en émotions.
(…) La France, j’y reviendrai. Ce sera l’occasion de boucler la boucle. J’ai des souvenirs formidables dans ce pays, c’est un Championnat que j’aime. Et je le regarde toujours puisque ça passe beaucoup en Israël. J’ai vu mes potes lillois et bordelais. Je vois surtout des matches du PSG. Il y a même un Franco-Israélien qui a créé un bouquet comme Numéricable, dans lequel tu peux avoir toutes les chaînes françaises dont BeIN Sports et Canal+. Ils vont m’installer ça bientôt donc je pourrai continuer à suivre la Ligue 1 sans problème.
(…) Je n’ai pas de rancœur vis-à-vis du Werder Brême. Mais, encore aujourd’hui, je n’ai toujours aucune explication valable sur les raisons pour lesquelles j’ai été écarté et traité de la sorte. Surtout de la part d’un club qui m’a fait signer trois ans, qui m’a acheté à Bordeaux pour deux millions d’euros. Je suis arrivé en janvier (2012). Je fais des débuts pas si inintéressants puisqu’on gagne trois fois et on fait deux nuls en six rencontres. J’ai même marqué et délivré une passe décisive. Mais à la suite de deux défaites, j’ai été mis sur le banc. Du banc, je ne suis pas rentré, puis je n’ai plus été dans les 18. Et on n’est jamais venu me dire pourquoi !
(…) Sur mon investissement personnel, je n’ai rien à me reprocher. Je pense que, là-bas, tout le monde sera assez honnête pour reconnaître que j’ai fait mon boulot de manière très professionnelle, que ce soit en tant que titulaire, remplaçant ou joueur écarté du groupe. J’ai toujours été irréprochable. (…) Les dirigeants se sont sans cesse tous renvoyés la balle. Il n’y a jamais eu de franchise. Aujourd’hui, j’ai tiré un trait sur ça, c’est du passé. Il y a des aventures comme celle-là où ça ne marche pas forcément. (…) Brême est un grand club, j’étais très heureux de pouvoir signer là-bas. Il y a des supporters incroyables, la qualité de vie me convenait très bien, j’avais trouvé mes marques dans cette ville. Mais je crois que l’on ne m’a pas donné tous les moyens pour réussir dans les meilleures conditions.
(…) J’avais décidé d’arrêter la sélection (NDLR : en mai 2013, Obraniak ne voulait plus être appelé tant que le sélectionneur était Waldemar Fornalik). Quand il a pris ses fonctions, le nouveau coach, Monsieur Nawalka, était venu me voir à Bordeaux. Il m’avait demandé de revenir et je l’avais fait. Malheureusement, ensuite, je n’ai pas eu le temps de jeu espéré à Brême. Monsieur Nawalka est un entraîneur assez « old school » qui travaille au mérite. Il est arrivé à la tête de la sélection en changeant certaines choses. Et si tu ne jouais pas en club, tu n’étais du coup pas crédible pour pouvoir évoluer en sélection. J’ai donc dû faire l’impasse pendant plus d’un an (NDLR : sa dernière cape remonte au 13 mai 2014 en Allemagne, 0-0). Le sélectionneur a composé avec d’autres joueurs, des jeunes notamment. Ça a l’air de bien fonctionner. Ils ont fait une phase de qualifications à l’Euro 2016 très intéressante, ils sont qualifiés. Sans moi pour l’instant.
(…) J’ai toute confiance en Monsieur Nawalka, on a pu discuter, se dire les choses clairement par rapport à ma situation. Je n’ai donc aucune surprise. Il a imposé une certaine rigueur, c’est quelqu’un de très honnête, de strict. Il a imposé des règles de vie, de jeu dont on avait besoin. Il a fait des choix forts de prendre plus de jeunes et des joueurs évoluant dans le Championnat polonais. Pour le moment, ce mélange fonctionne bien. Je comprends totalement qu’il ne soit pas, pour le moment, dans l’optique de m’appeler. Mais il peut compter sur moi. Que ce soit maintenant ou dans le futur, je serai disponible pour l’équipe nationale et il le sait. À moi de me concentrer sur mes prestations avec le Maccabi Haïfa. Si jamais la sélection a besoin de moi, j’y retournerai avec grand plaisir. L’Euro 2016, j’ai forcément envie d’y participer avec la Pologne. En tant que franco-polonais, ça serait incroyable. Même si ce n’est pas encore terminé, les chances s’amenuisent au fil du temps. Ne pas avoir participé à la majeure partie des qualifications est un vrai handicap dans l’optique d’être sélectionné pour la compétition. Mais dans un groupe élargi, sait-on jamais. »