Triaud : « Je suis au service d’M6 et s’ils veulent me faire partir, je partirai »
Le média Football365 a réalisé un entretien croisé entre le président du Racing Club de Lens (L2), Gervais Martel, et celui des Girondins de Bordeaux, Jean-Louis Triaud, deux « dinosaures » – comme dit dans l’article… – du foot français. Les deux hommes présentent leur parcours et leurs visions de la fonction qu’ils occupent, dans des contextes précis et particuliers. Nous vous relayons ici les différentes réponses de JLT.
« C’est arrivé un peu par hasard, avec le départ d’Alain Afflelou. (…) Moi, je n’avais pas d’expérience sur cette fonction donc je ne m’attendais à rien de particulier. C’est une activité qui peut ressembler à celle d’un chef d’entreprise puisqu’on a des salariés, mais également de l’administratif, du merchandising… Après, la gestion du sportif est toujours quelque chose de complexe et de fragile.
Ma fonction, c’est de gérer le club de façon économique donc de trouver les moyens financiers pour pouvoir attirer l’équipe la plus performante possible. Un président, c’est aussi quelqu’un qui fait la symbiose entre tous les services, puis qui essaye d’encourager et de dynamiser le sportif, qui doit aider à ce que tout fonctionne au mieux. (…) Pour un président, comme un autre dirigeant, le but est de vivre certaines émotions du sport en ne pouvant plus être acteur car trop âgé ou pas assez bon. Moi, je me suis passionné pour les Girondins. Si j’arrêtais, je ne m’occuperais pas d’un autre club professionnel. Ou alors un club de rugby car c’est plutôt ça ma formation initiale.
(…) Je ne rêve pas. Il y a le rêve inatteignable, c’est de gagner une Coupe d’Europe. Ou le rêve, difficile aussi mais raisonnable, c’est de se qualifier pour une phase de groupes en Ligue des Champions. Car c’est quand même, pour la situation financière du club, une ressource extraordinaire. Le rêve, c’est aussi d’avoir des jeunes qui sortent du centre de formation. Mais pas pour les transférer contre des millions d’euros en Angleterre car ça, c’est facile.
(…) L’envie me prend parfois de tout arrêter, comme quand j’ai vécu des matchs comme ceux dont je vous parlais (la demi-finale perdue contre Calais en Coupe de France par exemple NDLR). Mais depuis 1999, je suis là dans une situation très différente puisque j’ai fait venir M6 comme actionnaire. Je ne m’autorise plus à avoir des états d’âme puisque je suis à leur service. S’ils veulent me faire partir, je partirai, donc ça tempère ma mauvaise humeur. Je ne nie pas que parfois je me demande ce que je fais dans ce truc mais je suis un optimiste de nature. Il y a toujours de l’espoir et de la passion. (…) Mon image, je m’en fous comme de l’an 40. J’apprécie d’avoir de bonnes relations avec nos supporters. Il y aura toujours une partie des gens qui ne vous apprécieront pas et d’autres plus sympathiques.
(…) La Ligue 1 a toujours eu une capacité à former des jeunes de talent mais dans un contexte européen élargi, on est à des années lumières de clubs qui ont d’autres ressources que nous. On est un peu le parent pauvre de ces grandes nations européennes. Mais bon c’est comme ça, on reste toujours un pays formateur et compétent pour former. Et puis tout ce qui agite le microcosme du football français, ça m’amuse plus qu’autre chose car ça fait vingt ans que j’entends les mêmes discours. »