Sam’s : « Je suis content qu’ils aient réussi, mais pour certains, j’étais meilleur qu’eux »
« Quand t’es blessé, y a plus personne pour te soutenir. J’ai 24 ans, je fais de la musique et du cinéma à côté… Je suis blasé par le foot. J’ai continué un peu à jouer pour le Stade bordelais et Lormont, en CFA2, mais que pour le plaisir. C’était un rythme de vie incroyable (…) je prenais l’avion pour Paris, je tournais quelques scènes, ou j’enregistrais des morceaux, et je rentrais pour l’entraînement du lendemain matin. Je n’avais pas de vie, je bossais 24 heures sur 24.
(…) Je suis content (pour ceux qu’il a connus et qui sont passés pros NDLR), mais je ressens une frustration. Petits, on allait au Parc Lescure ensemble, on voyait les pros, et on espérait. Et aujourd’hui, quand je vois des mecs avec qui j’ai joué, ou bien que je connaissais… Je jouais en équipe de la Ligue d’Aquitaine, avec Planus, Mavuba, Chamakh, Valbuena… (…) J’ai vu mon pote Lamine Sané signer aussi à Bordeaux, puis Valbuena, etc. Je suis content qu’ils aient réussi, mais pour certains, j’étais meilleur qu’eux. Mais je n’en veux pas à mon père. À l’époque, c’était différent, le foot n’était pas aussi « people » . Mon père, il est venu du Sénégal pour travailler. Pour lui, un tournoi de foot, c’est juste de l’amusement, et ce qui prime, c’est l’éducation. J’avais fait le con à l’école. Donc ce n’est pas à cause de mon père, c’est à cause de moi. Je n’avais qu’à être discipliné.
(…) Je suis allé à Las Vegas avec Marouane Chamakh, pour l’enterrement de vie de garçon d’un ami commun. Il était remplaçant à Arsenal, et lui il m’expliquait qu’il ne comprenait pas, qu’il faisait tout ce qu’il fallait à l’entraînement, mais qu’Arsène Wenger il ne le calculait pas. Éloge Enza-Yamissi (aujourd’hui à Valenciennes, en Ligue 2 NDLR) me parle de ses blessures, ou de ses histoires de contrats. Rémi Gomis, un pote qui joue à Nantes, a eu un long passage à vide. Quand il était à Valenciennes, il devait signer à Toulouse, mais ça ne s’est pas fait. Il s’est retrouvé à Levante, où il ne jouait pas… Quand je leur parle, je ressens qu’ils sont seuls. Même si on n’a pas le même salaire, on a une vie sociale plus riche. Ils sont entourés de pique-assiettes. En matière d’expériences de vie, en dehors du foot, ils n’ont rien. Quand tu leur parles, tu sens qu’il leur manque quelque chose. »