Laslandes : « Au départ, je supportais Saint-Étienne (…) et je suis passé du côté Girondins à 12 ans »
« Le fait que ce soit les Ultramarines qui aient organisé tout ça (« Adieu Lescure »), d’être contacté parmi les anciens, c’était déjà quelque chose de fort. La fin de Lescure, c’est clairement une page qui se tournait. Ce jour-là, je suis arrivé en voiture par un parking d’où l’on ne voyait pas la place encore. Et quand je suis sorti du parking, tout était encore caché par des bâches. J’ai été accueilli par les chefs des ultras, des mecs de la sécurité. Et là, quand tu te retrouves devant 8 000 personnes, tu ressens des frissons partout. C’est des moments que tu ne peux pas oublier. Surtout que sur scène, on m’avait demandé d’expliquer un moment particulier, une anecdote, et j’avais raconté le couloir d’avant le Bordeaux-OM de janvier 99 où, à quelques minutes de la rencontre, Sylvain Wiltord s’était déguisé en pompier, alors que tous les Marseillais arrivaient. Les mecs nous prenaient pour des fous. Surtout que Canal était déjà venu nous voir à l’hôtel pour qu’on les chambre un peu. On avait l’habitude après chaque repas de se mettre autour d’un café, certains fumaient leur cigarette. Là, on avait eu l’idée de demander au barman de nous amener du champagne, de mettre des flûtes, du whisky, du coca, les mecs avaient exagéré la fumée à l’image. Histoire de leur faire croire qu’on préparait notre match comme ça alors qu’on jouait le titre.
(…) Déjà, le fait d’avoir une chanson, c’est quelque chose de fou. Mon aventure bordelaise avait super bien commencé, j’arrivais d’Auxerre et j’étais un enfant du pays, donc j’étais attendu au tournant, même si j’avais déjà une belle carte visite. Revenir sur ses terres, ce n’est jamais facile. J’ai eu l’avantage d’avoir un premier match idéal où je marque à la 90ème minute sur un coup franc de Gralak repoussé par Barthez. Ce jour-là, on avait gagné 1-0 contre Monaco. Pendant les cinq dernières minutes du match, j’étais ailleurs, même plus sur le terrain. Tout est revenu quand la pression est retombée totalement, que les larmes avaient fini de couler, je pensais à tout et n’importe quoi… Aux amis, aux copains, à des personnes qui n’étaient plus là… À la fin, Jean-Pierre [Papin, ndlr] vient me taper sur l’épaule et c’est à ce moment-là que je me suis demandé ce qu’il s’était passé pendant ces cinq minutes. Il y a des choses comme ça qui sont indescriptibles. Comme la joie d’un but. Je pense vraiment avoir toujours rendu aux supporters cette joie, toujours. C’est cette soirée, dans le local des ultras, qu’ils ont commencé à chanter ma chanson. L’entendre dans le local et dans le stade, c’est différent et encore plus fort.
(…) Je suis du Médoc, donc je suis les Girondins depuis tout petit. Au départ, je supportais Saint-Étienne, mais toute ma famille était pour Bordeaux. Je me suis mis à aimer les deux et je suis passé du côté Girondins à 12 ans. J’allais au stade tous les samedis avec mon père, mon grand-père, dans l’ancien stade où il y avait la piste, la Juve… C’est des moments que j’ai vécus en tant que supporter. Mes profs m’ont raconté plus tard qu’à l’école élémentaire, je répétais déjà que je voulais être footballeur pro. Dès que l’école était finie, j’allais jouer au foot, puis dans la cour j’organisais les matchs. Et ensuite, un brin de chance m’a fait basculer du bon côté. J’ai connu des joueurs qui étaient meilleurs que moi, mais qui n’ont pas forcément connu ce que j’ai vécu, des personnes bridées à quatorze ans, alors que de mon côté, j’ai vécu ma jeunesse jusqu’à 17-18 ans. »