Les avis de L’Equipe 21 sur les responsabilités de Sagnol dans l’échec de la saison et son départ
Romarin Billong : « Quand on a un entraîneur jeune, qui a de la conviction, comme c’est le cas de Willy Sagnol, c’est quand même lui le responsable des choix, de la politique sportive, et du mode d’entraînement. Il a, en plus, pu choisir son staff, car il avait des convictions, sur et en dehors du terrain, il devait donner le ton, il a échoué, il devait partir. »
Marc Libbra : « J’ai beaucoup de problèmes avec les Girondins depuis leur titre de 2009. On ne sait pas ce qu’il se passe dans ce club, c’est du grand n’importe quoi. Le jeu que Sagnol a vendu au début, il n’a duré que quelques matches, ok, mais après c’est parti dans tous les sens. Les deux meilleurs joueurs sont vendus au mercato d’hiver, Carrasso se blesse et on met un gamin de 19 ans, qui n’a encore rien prouvé, dans les buts, donc voilà, Sagnol n’a pas beaucoup été aidé. Je croyais en lui et pour moi le problème c’est tout le club. Aussi, je ne sais pas si certains de ses joueurs l’ont flingué, mais dans certains clubs c’est le cas. Dès qu’on les critique, ils appellent leur agent pour se plaindre, voire pour demander à partir, et ça pose problème dans le vestiaire. »
Patrick Lemoine : « Ma tendance va plus vers l’avis de Romarin, même si c’est vrai que Triaud et de Tavernost n’ont pas été derrière Sagnol. Il n’empêche, s’il a été lâché par ses joueurs c’est qu’il y a une raison et qu’il n’a pas su les convaincre. Je vous rappelle que dès le mois d’octobre on en parlait, il a fait une sortie médiatique récente sur son départ, il a été recadré, mais bon… On note aussi que depuis le début de sa carrière après celle de footballeur il n’est pas resté très longtemps en place. Entre un an et demi et deux ans à chaque fois, donc soit il ne se rend pas sympathique soit il n’est pas fait pour ça. »
Vincent Duluc : « Avec les Espoirs des Bleus, tout le monde voulait qu’il reste, c’était une réussite, mais il a voulu partir à Bordeaux. Rendons-lui au moins ça. Sur son passage à Bordeaux, je pense qu’il est vraiment coupable de beaucoup de choses car Bordeaux était peut-être trop grand pour lui ou qu’il n’est pas encore taillé pour le boulot. Il est jeune, il doit encore apprendre et il ne l’a pas assez fait. Il n’empêche, le point de bascule pour moi c’est la gestion de la blessure de Carrasso et le recrutement de Bernardoni. Il y a une erreur énorme car tu perds à la fois un leader et un gardien. »
Billong : « Le gardien ne fait pas tout, sa défense ne l’aide pas.
Quand, sur un ballon d’attaque, un défenseur est tout seul et se fait
prendre, il y a danger de but immédiat. Il y a un gros problème de
replacement défensif et donc de travail tactique à l’entraînement et
d’application en match. »
Sébastien Tarrago : « Sagnol était au bout du chemin, et, de toute façon, en fin de saison il fallait passer à autre chose pour Bordeaux. Mais je ne crois pas que c’est forcément une bonne nouvelle quand on change de coach si peu de temps avant la fin du championnat. Il s’en serait sorti pour éviter la relégation… Je pense que ça aurait été mieux d’attendre la fin de la saison et de préparer la suite à ce moment. Mais je ne suis pas scandalisé, il était vraiment au bout du chemin, ça ne marchait plus. Le signal qui est envoyé c’est ‘on va gérer tranquillement jusqu’à la fin de la saison pour que les joueurs ne lâchent pas complètement’.
Je ne pense pas que Willy Sagnol ait laissé une très bonne image dans le milieu du foot français, mais, là encore, il faut respecter sa prise de risques. Il était en Espoirs, où ça se passait très bien, il pouvait même imaginer s’y installer et, pourquoi pas, succéder un jour à Didier Deschamps à la tête des Bleus. C’est important de respecter cette prise de risques qui a été la sienne en venant à Bordeaux. Après, il y a de la nervosité chez lui, et, surtout, quelque chose d’assez illisible au niveau de son projet de jeu, du schéma tactique, qui changeait tout le temps. Mais Sagnol, ce n’est pas comme Claude Makélélé. Makélélé, on a compris à Bastia que ce serait difficile pour lui d’entrainer, alors que, franchement. Sagnol, c’est autre chose quand même… Je pense qu’il est potentiellement un vrai entraineur, ce que je ne crois pas de Makélélé. »
(…) Ce qui est assez drôle c’est que Jean-Louis Triaud, la semaine dernière, a organisé une grosse réunion pour préparer le recrutement de la saison prochaine. Les recruteurs étaient là, Sagnol était là, ça s’est plutôt bien passé. Mais en même temps on apprenait aussi que Triaud décrochait son téléphone pour essayer de trouver le successeur de Sagnol pour la saison prochaine… Encore une fois, c’est très difficile de lire ce club. Triaud, qui préside Bordeaux depuis une éternité, n’avait pas l’habitude de virer des entraineurs en cours de saison. La situation devenait difficile et il y avait visiblement une vraie cassure entre le staff technique, Sagnol, et les joueurs. Et quand le message ne passe plus, le président prend la décision la plus simple, celle de virer l’entraineur. Il lui restait un an de contrat, il a sa responsabilité, les joueurs également, tout comme le club. »