Battiston : « Après cette terrible désillusion de 82, le football français a compris qu’il fallait apprendre à gagner, pas seulement à pratiquer du beau jeu »
Le coach de la réserve et directeur du centre de formation des Girondins, Patrick Battiston, qui ne jouait pas encore à Bordeaux mais à Saint-Étienne, était alors défenseur de l’équipe de France, et avait été sauvagement percuté par le gardien, Harald Schumcher, qui l’avait gravement blessé mais s’en était sorti… sans rien. Un « souvenir » que Battiston a, pour la énième fois, abordé, pour le site L’Alsace.fr, se souvenant surtout des bons moments vécus avec le maillot tricolore.
« On sait un peu ce que vivent les joueurs de l’équipe de France actuellement. On sait combien l’attente est forte autour d’eux et combien il est difficile de gérer cette pression. Mais ce sont au final des souvenirs que l’on garde pour toujours, et on a juste envie de leur dire : « Profitez, lâchez-vous et profitez ! ».
(…) J’ai bien aimé leurs matches de préparation. Ils avaient, par moment, un jeu vraiment chatoyant et plaisant. Ces matches-là ont suscité beaucoup d’espoir. Le début de compétition a été plus difficile, mais je crois que c’est compréhensible. Il y a cette pression à évacuer et puis cette concurrence qui est également relevée. On voit que les écarts ne cessent de se resserrer. Il n’y a plus aucune équipe qui fait n’importe quoi ou qui est là pour faire de la figuration. Gagner un match à l’Euro est à chaque fois un défi. Jusque-là, les Bleus ont tenu leurs objectifs et je trouve qu’on est un peu dur avec eux. Car les Français sont devenus très exigeants.
(…) Je crois qu’un cap a été franchi après cette fameuse demi-finale perdue face à l’Allemagne en 1982. Après cette terrible désillusion, le football français a compris qu’il fallait apprendre à gagner, pas seulement à pratiquer du beau jeu. Gagner, ça s’apprend. L’expérience de Platini a beaucoup apporté à notre équipe. Et ça a contribué à notre victoire à l’Euro en 1984. Durant cette compétition, nous n’avons pas toujours fait de grands matches. On avait notamment sorti une première période calamiteuse face à la Yougoslavie. Mais le résultat final était là. Et qu’est-ce qu’on retient aujourd’hui, si ce n’est le titre ? (…) La pression, les joueurs actuels l’ont certainement beaucoup plus que nous à notre époque, notamment avec tous ces médias et ces réseaux sociaux où chacun prend la liberté de juger, de critiquer ou d’essayer de faire le buzz. Nous, on était beaucoup plus dans notre bulle. Il n’y avait pas la même ambiance. »