Carrasso : « Je dois aimer la difficulté pour avoir choisi d’être gardien »
HUARD : « Moi, je suis surtout devenu gardien de but parce que mon papa était gardien, à son niveau, en championnat de France amateur. Il devait passer pro mais, malheureusement, il a dû partir faire la guerre d’Algérie… Enfant, j’étais toujours derrière ses buts quand il jouait. L’envie est venue de là et c’est resté. Je sais que le fils de Cédric le regarde aussi (rires), mais le mien il joue dans le champ. (…) Très certainement que j’aurais aussi pu être gardien pro à l’époque actuelle, car on arrive, quand on est gardien, à s’adapter aux règles. J’ai vécu pas mal de changements de règles : la passe en retrait, les quatre pas, le fait de ne plus faire rouler le ballon par terre et le récupérer ; j’ai vécu tout ça donc je m’y suis adapté à chaque fois. Après il y a une évolution, que Cédric a pointé à juste titre, dans le sens où le jeu va beaucoup plus vite, et que donc il y a beaucoup de choses qui changent. Les ballons ne sont plus du tout les mêmes non plus. Donc c’est compliqué d’être un gardien aujourd’hui, beaucoup plus qu’à l’époque. »
C : « Pour les ballons, c’est vrai. Aujourd’hui, si on subit le ballon, si on n’est pas porté vers lui en étant agressif, on peut commettre des fautes, même si, pour moi, il n’y en a pas tant que ça dans le foot moderne. On doit avoir une gestion, une appréhension de la frappe, qui va être différente selon la trajectoire du ballon, mais même en faisant ça on peut encore être surpris par une trajectoire flottante si on n’est pas assez agressif. (…) Pour avoir la ‘main ferme’, ça n’est pas que la main (rires). Il faut maitriser le ballon en étant dans le bon tempo au bon moment, en étant placé idéalement pour pouvoir le repousser. Il y a un confort d’appuis à avoir, au niveau technique, pour dominer le ballon. La main, c’est l’extrémité, mais il y a surtout tout ce qui se passe dans la lecture du jeu ; les yeux donc ; puis le déplacement des jambes, et le plongeon, avec tout ce qui est travail de musculation et de gainage qui rentre alors en ligne de compte. C’est super compliqué comme processus, mais ça prend un dixième de seconde. Il y a un travail de l’ombre, au quotidien, pour parfois faire un arrêt extraordinaire qui aide l’équipe, plus de l’instinct sur le moment, et de la réussite. Au niveau mental, il faut toujours être prêt à pouvoir faire l’arrêt au moment précis. C’est primordial pour un gardien. »
H : « Je rebondis sur ce que dit Cédric par rapport aux ballons : on s’aperçoit, quand on revoit nos arrêts et nos buts pris, qu’un gardien n’arrête pas très souvent les ballons avec les pieds car le corps va là où part le ballon, mais parfois la trajectoire change et on doit l’arrêter avec les pieds car il se dérobe au dernier moment. Ce n’est pas une faute de placement. C’est un peu comme les autres joueurs, qui parfois ratent des passes longues qui ne se rataient pas trop avant, car les nouveaux ballons flottent beaucoup. Cela amène parfois plus de buts, mais on nuit aussi à la qualité du jeu. En tout cas, c’est pour ça que, maintenant, les gardiens ne sont plus trop formés à bloquer les ballons. A mon époque, si tu relâchais un ballon c’était grave. Il fallait le garder. Je me souviens qu’avec mes entraîneurs on recommençait des exercices quand je relâchais un ballon. Désormais, la sécurité fait qu’on repousse sur le côté, loin si possible, voire en corner, pour ne pas prendre trop de risque. »