Carrasso : « La différence se fait sur la remise en question, le mental, la capacité à réagir »
HUARD : « La grande difficulté, c’est que, nous, quand on n’est pas bien dans un match ; et ça arrive, moi je le sentais dès l’échauffement quand je ratais des prises de balle, des contrôles, des passes ; on n’a pas moyen d’évacuer, de compenser par une dépense d’énergie. On ne peut pas être physique, sortir, courir partout, se dépenser… Contrairement aux autres joueurs. Nous, on doit rester concentré et ne rien montrer aux autres quand on est dans le doute. »
CARRASSO : « C’est justement là où on voit la différence entre les gardiens de très haut niveau et les autres. La différence se fait sur la remise en question, le mental, la capacité à réagir après avoir pris un but, surtout un but casquette, et de devoir le faire dans le même match. Souvent, et pour beaucoup, c’est très difficile d’être fort sur ce point, et un gardien qui va faire une erreur, ne va souvent jamais pouvoir se relever sur le match, et peut-être sur les matches qui suivent. Il n’en aura peut-être même pas l’occasion. Moi, je crois qu’aujourd’hui, avec l’expérience, je peux faire une erreur et arriver à faire des bons matches ensuite, malgré tout, même si ça ne gommera pas l’erreur que j’ai faite avant. J’arrive aussi à avoir une confiance par rapport à mon expérience, à laquelle je m’attache, ce qui me permet de revoir des actions, même des actions où il n’y a pas de but parfois, pour assumer mes erreurs et chercher à m’améliorer, à rebondir immédiatement en ayant pris des infos, en ayant pu expliquer les choses. »
HUARD : « Le truc, c’est que quand tu prends un but, le temps que le ballon aille du fond du but au point d’engagement et que le jeu reprenne, il doit se passer environ une minute ou une minute trente. Et pendant ce temps là, tu as tout le monde qui analyse le but, tous les regards, toutes les pensées se focalisent là-dessus, et donc sur toi. Tous tes collègues te regardent, car tu as pris le but… Et tout le monde peut se mettre à commenter. Tous les spectateurs deviennent entraîneur pendant quelques instants. C’est moins vrai pour un joueur de champ je trouve, car pour l’attaquant qui est devant le but et qui la met sur le poteau ou dont le tir est arrêté, alors qu’il était peut-être seul, l’action se continue, le jeu se poursuit. Il n’y a de temps d’arrêt et donc moins de commentaires sur le moment. En plus, pour rajouter de la pression au gardien, il y a aussi le fait que les écrans géants du stade remontrent parfois le but, mais si on est vraiment dans son match et dans son rôle on ne fait pas trop attention en fait. Question d’expérience, encore. »
CARRASSO : « Personnellement, de plus en plus, j’arrive à faire des analyses directes pour ne pas trop cogiter, comme j’ai pu le faire par le passé. J’arrive à avoir ce petit détachement, à ne pas être trop focalisé sur le match. Dans ce moment d’après but, ça ne sert à rien. Il faut arriver à se relâcher, à prendre des infos sur le match rapidement, pour s’y remettre ensuite. »