Carrasso : « Je ne sais pas comment ça fonctionnait avant que l’entraîneur des gardiens existe »
CARRASSO : « Oui, j’ai vu jouer Gaëtan, bien sûr ! Et plus d’une fois. A son époque, le jeu était différent, et il devait faire preuve de plus d’agressivité pour s’adapter. Les arbitres sifflaient moins en faveur du gardien, les attaquants étaient donc plus dans l’impact. Ils pouvaient marcher sur le gardien… Ou le canarder. Maintenant, ils doivent être plus fins. On est protégés. Mais on doit être bien formés dans tous les domaines, il n’y a plus trop de styles de gardiens différents, on doit tous savoir tout faire, même si les différents championnats font qu’on doit plus jouer sur tel ou tel critères, qui sont naturellement utilisés selon les besoins. Le rôle est plus complet et les sorties aériennes sont de plus en plus difficiles à cause des ballons, mais on risque moins de choses au niveau physique qu’avant. »
HUARD : « Il y avait moins de matches télévisés à l’époque, surtout… Beaucoup de choses, et pas qu’au niveau des gardiens, pouvaient se permettre. Mais, aussi, on savait de qui ça venait et on surveillait 2 ou 3 joueurs en particulier. Maintenant, même un central qui monte ou un latéral qui frappe de loin il faut s’en méfier. Tous les joueurs de champ savent marquer. A mon époque, seuls les attaquants étaient dangereux, ou presque. Et ils allaient au contact. Je me souviens que sur mes sorties, quand ils arrivaient lancés, je plongeais dans leurs pieds, avec le corps en avant. Alors que maintenant, on voit des positions différentes, au niveau des jambes, de bras, il y a parfois des gestes un peu comme au hockey où le gardien met un genou à terre. Mais ça, c’est surtout vrai dans certains championnats. Et par rapport à ce que dit Cédric, je trouve qu’il y a quand même, toujours, le profil du gardien meilleur sur sa ligne, dans son but, et le profil de celui meilleur dans l’anticipation et au pied. Les gardiens savent faire les deux, mais certains sont bien plus à l’aise dans l’un ou dans l’autre, selon si l’équipe domine ou si elle est dominée. Car souvent, gardien à domicile ou gardien à l’extérieur, ce n’est pas la même sollicitation. »
CARRASSO : « Quand j’étais jeune, les modèles de gardien ça a été un peu Gaëtan, puis Fabien Barthez, aussi. Ceux que je voyais le plus. Il y avait un profil physique et un plus sur le jeu. J’observais leur technique, leur manière d’appréhender les choses. Ensuite, quand on travaille pour être le meilleur gardien possible, on a l’avantage de le faire en groupes fermés, donc on peut vraiment s’inspirer de nos ainés. A Marseille, j’ai côtoyé Fabien pendant des années, et forcément… On déteint toujours un peu sur les plus jeunes avec qui on est. (…) J’ai aussi eu la chance d’avoir toujours des entraîneurs spécifiques pour les gardiens, et c’était très intéressant. J’ai appris quelque chose de chaque entraîneur des gardiens que j’ai eu depuis le début de ma formation, c’est hyper important ce rôle, il est devenu essentiel. Je ne sais pas comment ça fonctionnait avant qu’il existe. Quand je suis arrivé à Bordeaux en 2009, et que j’ai eu l’honneur de travailler avec ‘Domi’, j’avais déjà un immense respect pour lui et puis j’ai vu son travail, on a discuté, et je l’ai laissé faire, comme je laisse Franck Mantaux travailler, même si je sais qu’il s’adapte aussi à moi. Mais on ne peut pas formater un entraîneur à soi, il doit avoir ses idées, ses méthodes. Après, on est dans l’échange. Moi, ma nature c’est d’apprendre de tout le monde. »
HUARD : « Moi, le modèle c’était mon papa, déjà, puis Ivan Curkovic, dont j’avais le poster dans ma chambre. Je l’adorais, et j’ai eu récemment la chance d’aller faire un match à Saint-Étienne quand il était là. Je suis allé le voir pour faire une photo, car je me suis souvenu du poster dans ma chambre d’enfant. (…) Quand je jouais, mon premier entraîneur, au Racing Club de Lens, c’était André Lannoy, puis Gérard Gili à Marseille, mais je n’avais pas vraiment d’entraîneur pour les gardiens. J’ai connu cela après, à Bordeaux, avec Dominique Dropsy. L’entraineur des gardiens, il doit être un vrai confident. Il est forcément plus âgé que toi, il a du vécu, et il peut t’en faire part. Avec Domi, tout comme Cédric, j’ai appris beaucoup de choses et j’ai beaucoup progressé. On parlait de tout, et notamment du contexte autour des matches, de la vie extérieure, qui peut parfois être perturbante. Mais il faut être concentré à 200%, sinon on peut faire des fautes, et l’importance de l’entraîneur spécifique est déterminante en cela, pour bien rester dans son rôle. »