Triaud : « Si on est 6 à marcher derrière le ballon quand on le récupère… »
« Si on demandait aux joueurs de prendre le ballon dans leurs 18 mètres, de dribbler tout le monde et de marquer, ce serait impossible, mais là on attend juste qu’ils respectent tous leur position et qu’ils gardent un certain niveau de jeu, selon les consignes du coach par rapport à un bloc bas, médian ou haut. Ce n’est pas si compliqué et cela n’implique pas des compétences extraordinaires ! Le souci chez nous c’est qu’il y a toujours des explications sur untel qui ne respecte pas la consigne, qui n’applique pas son rôle, qui ne se replace pas, qui ne fait pas l’appel ou la passe. A un moment, c’est bien dans la tête des joueurs que ça se passe ! Nous, quand on leur demande d’analyser les matches après, ils font tous le constat qu’on recule quand on mène, qu’on manque d’agressivité, qu’on est trop bas, spectateur du jeu adverse. Mais pourquoi ils n’agissent pas pour essayer de changer les choses ? J’en parle beaucoup avec Jocelyn Gourvennec, et c’est un plaisir d’échanger avec lui. Parfois, on se dit qu’il faudrait, comme au basket, des temps morts dans chaque mi-temps pour qu’il secoue son groupe, les attrape pour leur réexpliquer les choses avec un crayon et une feuille. Car ils n’arrivent pas à rester concentrés 45 minutes sinon. Et encore moins 90.
(…) Les critiques des supporters ? On parle de qui, déjà, ceux sur les réseaux sociaux ? Oui, ils ont raison de critiquer le jeu, mais ce n’est pas celui que l’on demande. Oui, nos défenseurs sont trop bas et se font trop souvent des passes de l’un à l’autre alors que le premier adversaire direct est à 10 mètres. Cela ne sert à rien ! L’entraîneur le voit, le dit les corrige, le travaille. Il faut que le défenseur avance sur ces 10 mètres et puisse ensuite donner le ballon à un joueur en mouvement, vers l’avant, sinon le milieu défensif doit venir récupérer le ballon au niveau des défenseurs, ce qui attire l’adversaire, dans un premier temps, et le force la plupart du temps à jouer dos au jeu. Donc il faut vraiment faire ces 10 mètres à la base, pour gagner du terrain, être plus compacts. Si on est 6 à marcher derrière le ballon quand on le récupère, il est sûr que l’adversaire à tout le temps de se replacer.
(…) Je suppose que parmi les supporters qui s’expriment, certains sont dans les tribunes, au Virage Sud, et ne se rendent peut-être pas compte de cet disposition, de cet alignement, qu’ils ne voient pas. Mais moi je constate trop souvent que nos 4 défenseurs sont bas, à plat, et que nos 4 joueurs offensifs, d’axe et de côté, sont trop hauts, et aussi à plat. Résultat, Plasil et Toulalan ont tout l’espace entre les lignes à occuper, à deux. Si ils montent, on se découvre, si ils ne montent pas personne ne peut donner les ballons devant. Ils ne peuvent jamais être là où il faut. Alors on s’enferme, on tombe dans l’entonnoir… On pourrait tenter des renversements côté opposé, mais c’est compliqué. Il faut qu’il y ait du monde, déjà, et puis Ménez est un des seuls à le faire, à voir ces passes. On ne doit pas, non plus, risquer de tomber dans du handball en tournant autour de la défense sans tenter. J’ai horreur de ça ! Mais tout cela, c’est une question de positionnement, de tactique, d’équilibre, et le staff y travaille, pour que ça vienne, avec la confiance. J’y crois. En tout cas, c’est surtout le domaine de l’entraîneur, il faudrait que vous le réinvitiez et que vous lui posiez ces questions pour qu’il y répondre mieux que moi. »