Dumont : « J’ai besoin d’être sur une pelouse boueuse par – 2°C, de me prendre la flotte, de galérer »
« Alors, sur ce sujet… Ok, je suis une femme, mais je pense avoir déjà montré, à travers mes reportages, mes interviews, et ma pratique du foot au haut niveau féminin, que je sais de quoi je parle. Les joueurs, les dirigeants et les entraîneurs connaissent mon passé, suivent mon travail, ils savent que je suis crédible pour parler de foot. J’ai déjà interviewé certains de nombreuses fois, ils savent que dans mes questions il y a du fond, donc la crédibilité est venue toute seule au bout d’un moment et voilà, c’est tout. Je n’ai jamais eu aucun souci, sur aucune pelouse de France, à me faire accepter comme journaliste, avant d’être vue comme une femme. Le plus important c’est ça et je pense avoir réussi à le faire donc c’est bien, même si ça n’a pas forcément été si simple au début, quand j’ai débarqué, que j’étais nouvelle. Mais je suis parvenue à me faire ma place avec les interviews et les reportages que je fais chaque semaine, qui sont la vitrine de mon travail.
A la longue, j’ai constitué mon réseau, à force de travail, et tout va bien. Je n’ai aucun souci sur aucune pelouse. Au contraire, il y a même un joueur de Nancy, la saison dernière, qui est venu me voir pour me dire que les joueurs préféraient quand c’était moi pour les interviews car je comprenais bien le foot et que je posais les bonnes questions. Il tenait à me dire que le vestiaire sentait que je parlais le même langage qu’eux. Pour moi, c’est super touchant qu’un mec me dise ça (rires) ! Récemment j’ai aussi eu Christian Gourcuff qui m’a fait une remarque positive, alors que j’étais en reportage à Rennes. Je ne lui avais rien de mande, juste un ‘Bonjour’, mais il m’a dit qu’il aimait bien ce que je faisais sur Bein, mes interviews et mes bords-terrain. Ça m’a fait super plaisir, surtout venant de lui. C’est là où je me mesure à quel point le travail paye. Mais j’ai dû bosser pour en arriver là. (…) Après, c’est sûr que ça dépend de quelle femme tu recrutes et du rôle que tu lui donnes. C’est peut-être la faute de certaines chaînes, de certaines émissions. Là-dessus, je sais que BeIN m’a recrutée pour mes compétences. Je ne suis pas Miss France, je suis normale (rires). Et c’est très appréciable.
(…) Devenir commentatrice ? Non, je n’en ai pas du tout envie. Au début, j’ai commenté 5 matches d’Europa League, en 2012/2013, mais ça ne m’a pas plu. Je trouve que la voix d’une femme n’est pas adaptée à un commentaire de foot, ou de sport, car on monte très vite dans les aigus et que ce n’est pas très agréable à écouter. Mais ce n’est là que mon avis… Et c’est peut-être ma voix qui est comme ça. Mais je n’avais pas trouvé ça terrible de commenter. L’animation ? Non plus. Déjà, le plateau ne m’attire pas particulièrement. Tout ce qui est strass, paillettes, spots lumineux, ça ne m’attire pas forcément… Je préfère largement être au bord du terrain, faire la petite souris qui écoute, qui voit les choses, qui gratte des infos. C’est ça que j’aime. Je continue quand même à faire quelques chroniques pour l’émission du dimanche, car il faut varier, mais le rôle de présentatrice n’est pas ce qui va me botter le plus. Ce n’est pas le même métier. Le confort plateau c’est vraiment pas mon truc ; moi j’ai besoin d’être sur une pelouse boueuse par – 2°C, de me prendre la flotte, d’un coup, de galérer car il y a un problème technique avec un micro (rires). J’aime tout ça, avoir les mains dans le cambouis, être vraiment dans le cambouis, au cœur de l’évènement ! »