Les souvenirs de Patrick Vervoort du Bordeaux de la fin de l’ère Claude Bez
Ancien milieu de terrain international belge passé, entre autres, par les Girondins de Bordeaux, Patrick Vervoort n’est resté qu’un an en Gironde. Il n’aura donc vécu que la fin de l’ère Claude Bez, lors de la saison 1990/91, saison à l’issue de laquelle le club au scapulaire sera rétrogradé en deuxième division à cause de ses problèmes financiers.
Pour Sud Ouest, Vervoort est donc revenu sur cette expérience, le tout sans aucune concession ni langue de bois.
« Je suis arrivé dans un très grand club, avec des bonnes installations. C’est Raymond Goethals, que j’avais connu comme entraîneur à Anderlecht, qui m’a emmené à Bordeaux et il a facilité mon adaptation. Il y avait quand même des stars, comme Battiston, Ferreri, Bell, Thouvenel et des jeunes comme Deschamps, Dugarry, Lizarazu. C’était idéal. J’ai fait la meilleure saison de ma carrière. (…) Sur le papier, on avait l’une des meilleures équipes de France. Mais les problèmes du club ont changé la donne. Les entraînements étaient parfois annulés, nous, joueurs, faisions grève de temps en temps car nous ne savions jamais si on allait être payés ou non. Mais ils étaient obligés, sinon on devenait des joueurs libres. De mon côté, je souhaitais presque ne pas être pas pour pouvoir partir.
(…) La première fois que j’ai rencontré le président Claude Bez, il m’a fait comprendre que le club avait dépensé beaucoup d’argent pour moi et qu’il fallait que je fasse de bonnes prestations. Il ne m’a pas menacé, mais le ton était très sec. Après, il a plutôt été quelqu’un de très calme. (…) Avant d’arriver, je ne savais pas que le club avait un lourd déficit. C’est seulement dans le vestiaire que certains joueurs ont commencé à en parler. Mais je m’en foutais car mon objectif premier était de m’intégrer, de m’entraîner et de jouer. Il y avait aussi des grandes fêtes organisées au château du Haillan. Lors des déplacements en Coupe d’Europe, les femmes des joueurs étaient dans l’avion. Je ne voulais pas croire aux problèmes financiers. Au retour d’une défaire contre la Roma, une grande fête était organisée. Huitres, caviar, foie gras, champagne… Je me suis dit ‘C’est quoi ici ? On perd, on est éliminé, et on donne une grande fête !’. C’était ça la réputation de Bordeaux à l’époque. Il n’y avait pas de transparence, tout le monde pouvait faire ce qu’il voulait. (…) Quand j’ai vu Bez à la télévision, avec les menottes aux poignets… Avec Didier Couécou (directeur sportif puis délégué général, NDLR), on aurait dit des criminels !
(…) Ça m’a fait mal au cœur de quitter Bordeaux. Chaque weekend je regarde les résultats. Je ne suis pas encore allé au nouveau stade, il a l’air superbe, tout en blanc. Un vrai temple romain ! La ville et les supporters méritent ça. »