Jocelyn Gourvennec : « Mon fonctionnement, ce n’est pas une posture de communication »
Encore dans son entretien de la semaine, sur Girondins TV, l’entraîneur des Girondins de Bordeaux, Jocelyn Gourvennec, a été amené à s’expliquer sur son mode actuel de management. Une méthode bien huilée dans l’esprit du Breton.
« Mes choix concernant certains joueurs qui ne sont plus trop titulaires, c’est la vie d’un groupe. Il y a des choses qui se passent, il y a des opportunités que certains saisissent et d’autres moins. Après, on sait tous la valeur de Jérémy Ménez ou bien de Diego Rolan, pour ne citer qu’eux. Ce sont des joueurs expérimentés, même si Diego n’est pas vieux, qui ont de la bouteille au haut niveau. On sait qu’on peut compter sur eux aussi. Maintenant, il y a aussi des joueurs qui ont avancé, qui sont efficaces, qui travaillent pour l’équipe et ça fait partie de la concurrence de faire jouer ceux qu’on estime être les meilleurs à un moment donné. Il faut simplement que la concurrence soit saine, la même pour tous, et batte son plein pour que notre équipe soit encore meilleure. Il faut tirer le groupe vers le haut, tous ensemble, en se donnant à fond dans ce qu’on fait. J’ai une relation franche avec chacun de mes joueurs, qu’ils jouent ou qu’ils jouent moins. Il faut entretenir cela en sachant que les bons résultats d’une équipe rejaillissent sur tout le monde, y compris sur ceux qui ne jouent pas beaucoup.
(…) Mon fonctionnement, ce n’est pas une posture de communication. Depuis que je suis entraîneur, j’ai toujours pris le parti de dire les choses. Je ne dis pas tout, bien sûr, notamment aux médias, mais je fais en sorte de ne pas dire des choses qui ne sont pas vraies ou qui n’existent pas. Je reste toujours sur des faits. Après, je suis aussi dans ma communication par rapport à cette base, et j’ai toujours tendance à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Ce n’est pas le cas de tout le monde… mais moi, c’est ma manière de fonctionner et de manager le groupe. Quand il y a des choses à dire au groupe, on le dit, mais, surtout, le plus important, c’est qu’on le dit juste en interne. Il n’y a pas besoin de mettre tout ça sur la place publique. Et ça marche, puisqu’on est en progression. On voit encore plus cette progression chez les plus jeunes, ils s’améliorent tous. Les plus jeunes, qui ont entre 18 et 22 ans, jouent de plus en plus régulièrement maintenant et apportent beaucoup de positif. Ils ont un niveau de jeu qui commence à être intéressant, mais ils commencent seulement à percer. Il faut qu’ils continuent les efforts pour être régulier dans la performance. Et nous, le staff, il faut qu’on soit très attentifs et très exigeants avec eux, car ce n’est que leur début de carrière. Les plus anciens le savent, des garçons comme Jaro Plasil, Jérémy Toulalan, Cédric Carrasso, Jérémy Ménez, tous ces joueurs qui ont beaucoup de vécu, de bouteille, ils savent que quand on montre des choses en début de carrière, il faut persévérer et continuer à travailler pour que ça se passe bien ensuite. On en est donc là avec nos jeunes. Ça prend forme, petit à petit, mais je suis attentif pour que tout le monde garde cette exigence.
(…) Le cas Diego Contento ? Comme je l’ai dit, dans mon fonctionnement, les joueurs ne sont jamais éliminés, sauf si vraiment, en termes de comportement et d’état d’esprit, ce n’est pas bon. Si ce n’est pas bon à plusieurs reprises, à un moment donné on arrête les frais et je ferme le robinet… Mais autrement, les joueurs ne sont jamais éliminés dans mon esprit. On le voit sur ce poste d’arrière gauche, où Maxime Poundjé a été irrégulier et où Théo Pellenard avait été bien quand il avait commencé à jouer mais a du mal, depuis, à rester performant et à continuer de hausser son niveau. Diego Contento, lui, il a été entre les deux, il a joué, il n’a pas joué, il a moins joué et puis il s’est remis dedans, avec beaucoup d’humilité, et aujourd’hui il est performant sur les matches où on l’a fait rejouer. Diego, c’est un joueur qui a de bonnes bases techniques, qui est dynamique, intelligent, mais qui a besoin d’être plus dans le duel avec l’adversaire pour le tenir. Contre Lyon, c’était un bon test car il avait des clients en face et ça a beaucoup tourné devant de leur côté. Mais Diego est mieux aujourd’hui. J’ai pas mal discuté avec lui et je pense qu’il est plus à l’aise. C’est une bonne chose pour nous, car il reste deux mois et demi de compétition et c’est bien que l’on puisse compter sur tout le monde. Pour un entraîneur, c’est mieux d’avoir tout le monde sur le pont. Après, il ne reste plus beaucoup de temps avant la fin de saison, un peu plus de deux mois, mais chacun va avoir son mot à dire sur les dix ou douze derniers matches. On a un groupe qui fonctionne vraiment bien, qui travaille bien ensemble, et ça c’est une bonne base, une garantie pour l’équipe. On ne fait pas une saison avec seulement onze titulaires, ou douze, treize, quatorze titulaires potentiels, on fait une saison avec un groupe, et dans l’équilibre du vestiaire, dans la mentalité de travail du groupe, chacun à son mot à dire, même les garçons qui ne jouent pas beaucoup. C’est très important d’être dans cet esprit-la. »