Raphaël Crivello et Lucas Dumai décrivent les enjeux techniques et physiques de leur formation au FCGB
Que Christophe Dugarry se rassure, lui qui dénonçait récemment la tendance des centres de formations français à vouloir former des joueurs costauds avant tout, il semblerait que ce ne soit pas le cas aux Girondins de Bordeaux. C’est en tout cas ce que l’on comprend des explications que Raphaël Crivello et Lucas Dumai, joueurs de la réserve du FCGB, nous ont données dans « Girondins Analyse ».
DUMAI : « Les clubs ne fonctionnent pas tous de la même manière. Certains font jouer les jeunes beaucoup plus tôt que d’autres, donc dès qu’un jeune passe chez les pros, forcément, il passe devant toi, il prend de l’expérience, et progresse beaucoup plus vite. (…) Avec Jean-Jacques Gresser, notre préparateur physique, on travaille dur sur différents points : puissance, musculation, endurance, afin de tenir le rythme des matches, d’encaisser les coups, d’allonger les courses. C’est très important, on a des séances spécifiques avec lui, chaque semaine. »
CRIVELLO : « En fait, on estime qu’à partir d’un certain âge, arrivé à 18 ou 19 ans, les bases techniques apprises à l’école de foot, en préformation, pour être à l’aise avec le ballon, doivent normalement être déjà acquises. Du coup, ce qu’on fait ensuite, au niveau technique, c’est de l’entretien, de la révision, mais c’est quand même super important, car, bien sûr, on peut toujours progresser sur ce point, à tout âge, mais le plus important, pour nous, aujourd’hui, c’est la dimension athlétique, afin de tenir les matches quand on monte de catégorie et que ça devient de plus en plus intense. On bosse constamment là-dessus, pour franchir les paliers et avoir le physique pour tenir tout un match et donc mieux profiter de notre technique. On sait qu’en soi, pas mal de joueurs n’évoluant pas en pro, ont le bagage technique qui leur permettrait de jouer au moins en National ou même en Ligue 2, mais sur le plan physique, au niveau de l’endurance, des courses, du ‘coffre’, ils ne peuvent pas, justement, franchir le cap pour jouer en pro.
Je n’ai pas forcément de noms en tête, mais beaucoup de joueurs sont dans ce cas. Déjà, rien qu’en jeunes, on en voit qui sont au-dessus techniquement, mais du fait de leur taille, de leur manque de physique, ils ont du mal à accéder au haut niveau. Ce n’est pas un handicap, mais cela peut freiner une progression, même quand on a un niveau technique important à la base. A Bordeaux, on a un bon exemple dans notre équipe, avec Ilan Kebbal, et il bosse sur son physique pour réussir, car c’est un super joueur ! Les Girondins sont en train de lui faire réaliser un gros travail pour qu’il arrive au haut niveau. C’est toujours dommage quand des joueurs n’arrivent pas à aller jouer en pro alors que, techniquement, ils ont des capacités supérieures à la moyenne. »
DUMAI : « Sur l’aspect technique, ce qui change le plus quand on monte de catégorie en catégorie, c’est surtout la vitesse d’exécution. On peut être super technique, mais si on fait les gestes lentement, sans voir le jeu avant, on ne réussira plus à le faire à un certain niveau. Plus ou monte de niveau, moins on a le temps car ça va à chaque fois plus vite. Le travail, il se fait donc surtout sur l’enchaînement, la vitesse d’exécution, et aussi la vision du jeu, la manière de décider comment on joue. Encore une fois, on peut être très technique, mais si on ne fait pas les passes au bon moment, dans le bon sens, ça ne sert à rien… Mais cela vient naturellement, avec l’expérience, à force de jouer à un niveau et de s’y adapter, on se rend compte que ça vient tout seul. (…) Nous, aux Girondins, avant chaque match, on a des consignes : mettre l’accent sur le jeu collectif, le jeu vers l’avant, presser l’adversaire ensemble, jouer haut, et développer le maximum de jeu. Pour Raphaël et moi ça demande des efforts offensifs et défensifs importants, qu’on doit être prêts à faire et savoir effectuer. »
CRIVELLO : « Tous ces principes ne sont pas forcément faciles à assimiler, mais les coaches mettent l’accent là-dessus, car ils savent, comme tout le monde, que le football est en train d’évoluer, avec des rôles différents pour tous les postes. C’est très important, par exemple, d’avoir des latéraux offensifs pour bien utiliser la largeur, tout en faisant attention aux replis défensifs. Pareil pour les milieux relayeurs, qui peuvent couvrir la montée d’un latéral. Tactiquement, on fait des entraînements spécifiques pour chaque poste : défenseurs, milieux et attaquants. Le but c’est de nous apprendre la culture tactique, entre guillemets, qu’il n’est pas forcément évident pour des jeunes joueurs de comprendre… C’est pour ça qu’on fait de la vidéo, notamment en CFA, après les matches, où on revoit ce qu’on a fait pour corriger ce qui ne va pas dans les déplacements, la défense en bloc, ou bien les combinaisons. On bosse vraiment tout cela, et c’est primordial si on veut pouvoir profiter de ce football qui évolue, en jouant bien. »