Henri Saivet raconte ses débuts dans le foot et les circonstances de sa venue à Bordeaux
Il n’a pas encore 27 ans, mais Henri Saivet est déjà pro depuis une dizaine d’années. En effet, ce très grand espoir, gêné par des blessures et aussi par une certaine irrégularité l’ayant empêché de se fixer à un poste, avait signé son tout premier contrat très jeune en faveur des Girondins de Bordeaux. Aujourd’hui joueur de Newcastle, qui l’a prêté à Saint-Étienne en 2016/17, le milieu de terrain international sénégalais a revécu, pour le compte de La Chaîne L’Équipe, ses débuts d’apprenti footballeur et sa venue, du genre rocambolesque, à Bordeaux.
« En fait, j’aurais dû signer à Paris, mais au final, je suis allé à Bordeaux. A la base, mon frère était là-bas, et ma mère a préféré que j’aille à Bordeaux pour ça, parce qu’il allait pouvoir me guider, me surveiller, donc c’était plus facile et rassurant pour elle de m’envoyer à Bordeaux. C’était le destin, surtout vu la manière dont ça s’est fait… Je devais d’abord venir faire un tournoi avec Bordeaux, qui m’avait repéré, mais avec mon équipe, Cergy, on avait la finale de la coupe du Val d’Oise, donc je n’ai pas pu y aller. Et dans la foulée, Paris était là, et ils m’ont apprécié, donc j’avais signé en leur faveur, un premier accord, pour intégrer leur école de foot.
Mais peu de temps après, je croise Guy Hillion, qui était le recruteur des jeunes pour les Girondins, en compagnie de Patrick Battiston, le directeur du centre, donc ils me reconnaissent et me demandent ce que je fais l’année prochaine. J’avais 11 ans, 12 ans, j’étais tout content de leur dire que j’allais au Paris Saint-Germain, surtout que je venais de la région parisienne, et que c’était assez symbolique, quelque chose de très fort pour moi, car ce club était un peu le seul qui me faisait rêver à l’époque. Alors je leur explique, et ils me disent : ‘Mais t’es fou, pourquoi tu signes à Paris ?! Le PSG ne fait pas jouer les jeunes ! Il faut venir à Bordeaux, c’est mieux pour toi ! Il y a le cadre de vie, le centre de formation, la confiance faite aux jeunes !’. Et là, tout de suite, Guy Hillion m’a embarqué ! Au départ, ma mère était un peu paniquée, mais mon frère lui a expliqué qui il était et pourquoi il me voulait. Elle a vite compris et cela s’est fait comme ça. J’étais vraiment jeune, donc j’ai participé à un stage, à ‘Cap Girondins’, et à partir de là ils m’ont tous dit qu’il était hors de question que j’aille jouer à Paris. Et comme ma famille avait aussi validé ce choix, j’ai donc signé à Bordeaux.
(…) Quand j’étais petit et que je jouais à Cergy, en région parisienne, j’évoluais un peu à tous les postes : défenseur, milieu ou attaquant… Et en fait, quand je suis arrivé à Bordeaux, ils me mettent milieu gauche. Sauf qu’à cette époque-là, je n’avais pas de pied gauche, franchement, donc j’avais du mal… Je faisais des matches, pas vraiment mauvais, mais pas bon non plus, juste corrects. Et un jour, un entraîneur est venu me voir et m’a dit : ‘En fin de saison, on fait des choix, et on ne veut plus de joueurs corrects, on veut des joueurs exceptionnels, des joueurs qui fassent la différence à tout moment, qui sont bons tout le temps. Des joueurs corrects, dans la région, on en a plein’. Et il me dit ça juste avant un match, décisif en plus. Je m’en rappellerai toujours, car je me suis dit que c’était peut-être un message qu’il me lançait… Et sur ce match-là, contre Perpignan, on gagne 2-1, je marque les deux buts. Je pense que mon déclic a été à partir de ce moment-là, car je ms suis dit que risquais de ne pas être gardé, de rentrer à Cergy, ce que je voyais comme un échec. Si je revenais à la maison, pour moi, c’était un échec, et il était donc hors de question pour moi de revenir. Donc c’est à partir de là que je me suis dit qu’il fallait que je sois professionnel, que je donne tout pour y arriver. »