Cheick Diabaté : « C’est en considérant tout le monde comme des frères que je me suis adapté partout »
Il n’aura joué qu’une demi-saison en Ligue 1 en 2016/17, avec Metz, mais ses 8 buts en 14 matches auront suffi à aider au maintien du promu lorrain et à en faire, encore, une attraction du championnat de France. En attendant de savoir de quoi son avenir sera fait, lui qui est toujours sous contrat avec Osmanlispor (Turquie), l’inénarrable… Cheick Diabaté a livré un entretien à So Foot, racontant les dessous de son parcours sportif et personnel.
Le géant malien de 29 ans, révélé aux Girondins de Bordeaux, y affiche encore toute la sagesse, l’humanité et la gentillesse qui le caractérisent. Car si le joueur, malgré ses buts, peut agacer par un style stéréotypé, l’homme fait, on peut le dire, l’unanimité !
A quand le prix Nobel de la paix ?
« Mes parents n’étaient ni riches, ni pauvres. Mon père était transporteur, il faisait du commerce partout en Afrique. Il voyageait, c’était son truc. On avait une maison, on mangeait matin, midi et soir. J’ai neuf frères et sœurs. Cheick, c’est le prénom de mon grand-père maternel, donc j’étais hyper gâté par ma mère. J’étais toujours à ses côtés, elle me faisait plein de cadeaux, on ne pouvait ni me frapper, ni m’insulter et comme j’étais grand, personne n’essayait vraiment. Mes frères me disaient souvent : ‘Tu crois que tu vas rester à côté de maman toute ta vie ?’. J’étais tellement protégé que je ne voulais pas du tout partir de chez moi. Maman est décédée en 1998. Après ça, j’ai été élevé par ma tante. Aujourd’hui encore, si je commence à penser à ma mère, je ne peux pas jouer. C’est impossible pour moi de faire le moindre effort. Mais quand je suis sur le terrain, j’ai l’impression d’être dans une bulle. C’est le seul endroit où je ne pense à rien d’autre, c’est pour ça que j’aime le foot.
(…) Au centre de formation des Girondins, je me suis inventé un monde pour me reconstruire une seconde famille. J’ai commencé à considérer tous les coéquipiers comme des frères et Guy Dubois (l’intendant général) comme mon père. Il s’occupait de nous tous, tout le monde l’adorait. Discuter avec Guy, c’était comme le faire avec mon père. Je me suis même dit que les cuisinières étaient des mamans. Donc voilà, Guy avait deux femmes (rires) ! C’est en considérant tout le monde comme des frères que je me suis adapté partout. Mentalement, je suis un monstre. Tu peux faire tout ce que tu veux, tu ne peux pas me toucher. »