Marcel Dib, Gaëtan Huard et Rolland Courbis saluent la mémoire de Stéphane Paille
Décédé hier, le jour de ses 52 ans, des suites d’une maladie, Stéphane Paille reçoit des hommages bien mérités de la part d’un monde du football, où il a fait carrière, comme joueur (Sochaux, Bordeaux, Montpellier, Porto, Caen, Lyon) puis en tant qu’entraîneur (Besançon, Angers, Cannes). L’ancien attaquant international français (8 sélections, 1 but), qui a joué deux saisons aux Girondins (1989/90 et 93/94), ne laisse que de bons souvenirs à tout le monde, comme sportif et comme personne.
Retrouvez ici le Portfolio de Sud Ouest, regroupant les meilleures photos de Stéphane Paille en tant que joueur du FCGB.
Voici également, via So Foot, des témoignages de Marcel Dib et Gaëtan Huard, ses ex coéquipiers à Bordeaux, et de Rolland Courbis, qui l’a entraîné en Gironde.
MD : « La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a deux ans quand il entraînait Vénissieux. On a parlé ensemble des souvenirs de Bordeaux, car, à l’époque, on sortait souvent ensemble sur Arcachon, le Cap-ferret… On a passé une belle année à Bordeaux. Ensuite, je l’ai revu en Corse souvent, c’était vraiment un bon ami. La nouvelle m’a bouleversé, je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit. C’est cruel qu’il soit parti aussi jeune. Ça me fait beaucoup de peine pour sa famille. Il a eu une super carrière, mais avec ses problèmes de santé ensuite, ça a été compliqué. Sur le terrain, c’était un gagneur, un attaquant pur. Il avait le sens du but, c’était le prototype de l’avant-centre moderne. Je l’ai vu jouer avec Cantona, c’était quelque chose ! Il aimait la fête, puis c’était un vrai beau gosse. Quand on sortait ensemble, la plus belle fille était toujours pour lui. Mais il avait vraiment une bonne mentalité, serviable, humble : un super mec. »
GH : « C’était un garçon avec beaucoup de présence, un homme écouté, apprécié… Il était plutôt en recherche d’un second souffle dans sa carrière. C’était un bon mec. On partageait des moments sur et en dehors du terrain. J’ai toujours eu beaucoup d’amour pour lui. Pour moi, c’est vraiment une personnalité du monde du foot qui nous quitte. Qui nous quitte beaucoup trop rapidement d’ailleurs… À Bordeaux, il était dans un objectif sportif de relancer sa carrière. On avait une bonne équipe, de l’expérience, et par rapport à la qualité que l’on avait, on aurait dû mieux faire. Avec Zizou, Stéphane entretenait une relation forte sur le terrain. J’ai des souvenirs d’équipe, mais quand je vois ce mélange de maturité, d’expérience, de jeunesse avec Zizou, Duga, Liza… On aurait dû être bien meilleurs. C’est peut-être que nous, les anciens, n’avons pas su diriger les jeunes d’une bonne façon. Stéphane était proche des jeunes et des anciens, il voulait être ambitieux et il avait raison. On avait une belle équipe, on s’entendait sur et en dehors du terrain. Si j’ai encore un message à lui transmettre, ce serait celui-là : « Stéphane, c’est absurde de te voir partir si tôt, tu vas énormément nous manquer. » Moi, je l’ai recroisé une ou deux fois ensuite, on était très heureux de se voir. C’est… Pfff… C’est terrible. Comme quoi la vie va très vite, et elle ne distribue pas les mêmes cartes à tout le monde. Quand on te parle et qu’on te dit qu’un ancien de tes coéquipiers est décédé, ça fait un choc. Avec Stéphane, j’ai partagé des rires, et des fous-rires même. Stéphane sera irremplaçable. Je suis abasourdi. J’aurai une pensée pour ses proches, ses enfants… Le monde du football perd une belle personne. Je donne à sa famille toute ma force et mon soutien. »
RC : « J’étais au courant qu’il était fatigué, mais je ne savais pas pour sa maladie, je l’ai appris hier, à RMC. Je garde le souvenir d’un bon numéro 9, et d’un garçon très intéressant footballistiquement et très attachant dans un vestiaire. Je me souviens d’une des rares fois où je me suis mis en colère contre lui. C’était en Coupe de l’UEFA, contre Karlsruhe, il s’était fait expulser après être tombé dans un piège comme un débutant. Sur un corner, un joueur adverse lui tord le petit doigt, mais ça, personne ne le voit. Ce qu’on voit, c’est le réflexe de Stéphane, qui met une droite au joueur. À ce moment-là, je me dis : « Mais qu’est-ce qu’il fait ? Il est fou ou quoi ? Il a pété un boulon. » Au match aller, on avait gagné 1-0, mais là à dix contre onze, on prend 3-0 et on se fait éliminer. Quand je lui demande pourquoi il a fait ça, il me répond : « Non, mais il m’a tordu le doigt, en plus le petit doigt, ça fait mal. » (Rires) ! Il était vraiment désolé, et la seule chose que j’ai trouvé à lui dire, c’est : « Si des expérimentés pètent un boulon et tombent dans le panneau des provocations, qu’est-ce que je vais dire aux jeunes... ». C’est la seule fois où je me suis accroché avec lui. Je le répète, Stéphane était vraiment un garçon attachant. Quand quelqu’un décède, on a pour habitude de ne faire que des éloges, mais là je n’invente rien. »