Niša Saveljić : « Je ne pense pas qu’à moi, mais à la France et surtout à Bordeaux »
Mis en lumière et à l’honneur, hier, par l’officialisation d’un partenariat entre le club américain qu’il dirige et les Girondins de Bordeaux ; lesquels créent même leur filiale aux USA ; Niša Saveljić revient donc au FCGB par l’intermédiaire de ce projet pour le moins passionnant.
Mais c’est surtout comme joueur, entre 1997 et 2001, que ‘Nino’ a marqué les Marine et Blanc, avant de jouer aussi à Sochaux, Bastia, Guingamp et Istres. Dans ‘Girondins Analyse’ (radio R.I.G), lors de son entretien du mois dernier, l’ex défenseur central international serbe révélé au Partizan Belgrade raconte ainsi ses pires et ses meilleurs souvenirs en Aquitaine.
« Mon pire souvenir ? Quand je prends le ballon à la main lors de notre 6 à 0 pris à Parme ! Bon, il y avait déjà 5 à 0, mais quand même… Sur le moment, j’ai vraiment cru que l’arbitre avait sifflé. Même aujourd’hui, encore, mon fils me pose des questions (rire) ! Il a vu la vidéo sur Youtube, donc voilà. Il me chambre en disant que j’avais mis les gants d’Ulrich Ramé et aussi car il a vu Bordeaux/Milan de 96, avec les deux buts de Christophe Dugarry, alors que nous ça ne s’est pas passé pareil….
Et mon meilleur souvenir ? Quand on est champions de France à Paris, bien sûr ! C’était la même année, quelques semaines après Parme. C’était exceptionnel. Mais je veux aussi remercier toutes les personnes du club, mes coéquipiers, les supporters, car quand j’ai perdu mon frère je me suis absenté pour aller aux hommages, avec ma famille, et ils ont été très arrangeants avec moi, très compréhensifs, ils m’ont beaucoup soutenu et envoyé des messages d’amitié. Merci à eux. Ça m’a ému, et c’est à partir de là qu’un lien fort s’est vraiment créé entre le club et moi. Ce sont des choses que je n’oublierai jamais. C’est… très important. J’ai tout enchaîné cette année-là (1999, encore, NDLR) dans ma vie personnelle : divorce, décès de mon frère-aîné – qui était un grand chanteur en Yougoslavie – dans un accident de la route, guerre en Serbie, avec les bombardements de l’OTAN. Ces deux derniers évènements tragiques sont arrivés en même temps, donc j’étais au pays, proche de ma famille et de mes amis. Et en plus le match de la sélection nationale avait été annulé, donc j’étais un des seuls joueurs à avoir voulu rester… Le club s’inquiétait. J’ai pris l’avion pour rentrer juste à l’heure où les bombardements commençaient. Je voyais et j’entendais les bombes tomber, je courrais comme jamais. Et à mon retour, tout le monde s’occupait de moi pour bien que je prenne le temps de me remettre, que je sois à 100%, que je rejoue quand je le sentais. Mais je voulais revenir vite sur le terrain, et tout cela m’a donné de la force, en me laissant un souvenir que je garderai toujours. Donc merci, à tout le monde. »
On explique alors à Niša qu’il a mérité tout ce respect et cette affection vraiment particulière, même 20 ans après son arrivée et ses débuts en France, car il a été un grand défenseur et un homme de valeurs, très proche du public et toujours concerné par la réussite des Girondins, au point d’être en parcage avec les supporters lors du match du titre de mai 2009, à Caen. Humblement, il répond à cela :
« Pour moi, c’est normal de donner du temps et de l’énergie aux Girondins, aux gens, et ce sera comme ça jusqu’à la fin, dans mes prochains projets. Je ne pense pas qu’à moi, mais à la France et surtout à Bordeaux. J’ai la nationalité française depuis 2003, j’en suis fier, je mourrais pour ce pays, et je veux rendre tout ce que je peux à la France. J’y tiens beaucoup. »