« Lettre ouverte à Mr le Président de la République »
Le football est un spectacle. Un spectacle qui déchaîne les passions tous les jours. Un spectacle qui fait vivre 24 000 salariés et 1 000 joueurs en France. Un spectacle qui représente la France à l’étranger. Un spectacle qui crée du lien social en France et anime le territoire.
Pour que le spectacle fonctionne, attire les supporters, se développe, il faut des joueurs. Des joueurs exceptionnels. Des joueurs qui évoluent sur un marché européen. Des joueurs qui peuvent choisir le championnat français, ou pas.
Le spectacle, car il est exceptionnel, génère des droits télévisés et des recettes qui sont redistribuées dans toute la société française. Tout d’abord sous forme d’impôts à hauteur de 700 millions d’euros, mais aussi par solidarité avec l’ensemble du sport puisque le football professionnel français verse chaque année 130 millions d’euros aux associations sportives amateurs.
Aujourd’hui le spectacle est en danger.
Il est en danger car les clubs de football vont être soumis à une nouvelle taxe imprévue et rétroactive. Un prélèvement conçu pour les hauts salaires à l’origine et qui retombe aujourd’hui sur des clubs déficitaires. Car, contrairement à une idée reçue, les clubs de football français sont des entreprises extraordinaires. Parce que leurs salariés-joueurs sont tous en CDD. Parce que les clubs subissent une taxe à l’entrée prélevée sur le chiffre d’affaire (taxe Buffet) et parce que tous les clubs doivent faire contrôler leurs comptes par un organe public, la DNCG. Des dispositions inédites, spécifiques aux entreprises football.
Il est en danger car les clubs de Ligue 1, pour payer cette taxe, vont devoir se séparer de leurs meilleurs joueurs, au profit d’autres clubs européens, affaiblissant mécaniquement le niveau du championnat français.
Il est en danger car les clubs de Ligue 2 vivent majoritairement des droits télévisés de la Ligue 1 qui risquent inexorablement de baisser si cette taxe s’applique.
Mais le spectacle est surtout en danger car les 24 000 salariés qui le rendent possible subiront les effets de cette taxe en premier. Sans cette majorité silencieuse, sans les personnels administratifs, sans les agents techniques, sans les centres de formation, pas de football en France.
Trop d’impôt tue le spectacle Monsieur le Président. Aujourd’hui on condamne les clubs à chasser leurs meilleurs joueurs ou à déposer le bilan.
Le football français ne souhaite pas se soustraire à l’effort de solidarité nationale mais il ne pourra plus y contribuer si vous le fragilisez.
L’application, dans les conditions actuelles, de la taxe à 75% sur le football français tuera les entreprises, condamnera des emplois, fera baisser les contributions et relèguera notre championnat en 3ème division européenne.
Monsieur le Président, ne laissez pas le football français mourir.«