Philippe Fargeon réclame plus de variété dans les couloirs et de centres en première intention

Sur les ondes de la radio du club, GOLD FM, l’ancien attaquant des Girondins de Bordeaux, Philippe Fargeon, est monté au créneau pour défendre… Nicolas de Préville, le nouvel attaquant des Marine et Blanc, qui ne totalise pour l’instant que 2 passes décisives et aucun but en 7 matches avec le FCGB. D’après l’ex international français (7 sélections, 2 buts), NdP doit encore et surtout coordonner son jeu avec
ceux des ailiers qui seraient davantage responsables de sa disette.

« Je ne suis pas d’accord avec les autres pour dire que Bordeaux n’a pas de numéro 9 buteur, car pour savoir si on a un bon buteur il faut déjà lui donner des ballons de but, des bons centres. Or, on a aujourd’hui un système de jeu, une animation, avec deux ailiers qui sont très bons techniquement, et qui ont pris cette habitude – qui peut être bonne – de revenir à chaque fois à l’intérieur du terrain, sur leur bon pied, car ils jouent chacun en ‘faux-pied’ : un droitier à gauche et un gaucher à droite. Je pense donc qu’il va falloir qu’ils apprennent à centrer en première intention, plutôt que de revenir vers l’arrière ou de se mettre sur leur bon pied. Ceci afin que Bordeaux varie ses offensives et que De Préville puisse être là.

Vous savez, un attaquant, s’il ne reçoit pas de ballons en première intention, il n’y va pas et il reste en retrait. Du coup, le jeu offensif actuel des Girondins ne permet pas de révéler un buteur. Je ne dis pas forcément que De Préville en est particulièrement un, mais je dis simplement qu’il va falloir qu’on apporte d’autres cordes à notre arc, pour qu’on lui donne de meilleurs ballons de but, avec plus de centres en première intention, y compris de la part de nos latéraux. L’idée, c’est que l’attaquant arrive lancé, pour finir les actions en étant face au but. Pour moi, le problème il est là : des ballons comme ça, il n’en a pas, donc c’est logique qu’il n’aille pas les attendre mais préfère plutôt aller les chercher ailleurs, décrocher, combiner, créer des espaces. Il ne va pas faire des appels dans la surface pour rien… C’est aux joueurs de couloir de mieux le servir, pour qu’il ait confiance. Après, ce n’est peut-être pas une affaire de confiance, si c’est leur jeu qui est comme ça… Mais si le rôle de Nicolas de Préville est défini pour être un 9, il doit rester devant, jouer en buteur, mais par rapport – justement – à ces centres-là qui vont arriver. Si ces centres n’arrivent pas, si ce n’est pas défini ainsi, s’il est vu comme un relayeur d’attaque, il ne peut pas faire ça, on ne peut pas le lui demander. Il faudra surveiller ça de près lors des prochains matches, pour l’intégration de ce joueur. Moi, je trouve qu’il est bon, qu’il se bat.

Après, je ne dis pas aux ailiers d’arrêter de rentrer. Mais on voit, par exemple, que François Kamano a plus de mal, même Malcom parfois ; donc l’intérêt c’est de varier, d’avoir de nouvelles possibilités pour mettre plus en danger les défenses, car les adversaires – de plus en plus – anticipent déjà ce mouvement. Si on allait plus centrer en première intention, on mettrait plus les autres en danger et on s’offrirait un moyen supplémentaire de briller offensivement. Le football, c’est un sport collectif, chacun doit s’adapter au jeu des autres. On ne va pas demander à De Préville de jouer contre-nature pour faire briller les autres. Il est capable de les faire briller, mais si on l’a pris à Lille pour 10 millions d’euros c’est pour lui donner la possibilité de marquer. Et en ce moment, on ne lui donne pas la possibilité de montrer ses talents devant le but. Cela se travaille aux entraînements, et la confiance vient de là. Après, si vous ratez des occasions, vous n’êtes pas en confiance ; mais si vous n’avez pas d’occasions, vous ne pouvez pas vous exprimer. Alors, même s’il a les qualités pour participer au jeu, qu’on lui mette des ballons devant le but ; et vous verrez qu’il ira les chercher ! Le problème est collectif. Il y a un juste milieu à trouver, une alternance entre la première intention dans les centres et le fait de rentrer grâce aux ailiers. »