Christophe Hutteau : « Ne nous accordez pas plus d’importance que celle que l’on a »
En entretien, lundi, dans ‘Girondins Analyse‘ (radio RIG), l’agent Christophe Hutteau, expliquant la genèse de son livre (‘Mes secrets d’agent‘, aux éditions Marabout), nie le cliché selon lequel les agents auraient la capacité de ‘faire’ des clubs et des mercatos.
« Ma réelle et première motivation pour écrire ce livre, elle est vraiment d’essayer, modestement, à travers ma propre expérience, de faire comprendre au grand public ce qu’est ma vie d’agent, car beaucoup croient juste que l’agent c’est un escroc qui ne pense qu’à l’argent, en se goinfrant sur le dos des joueurs, et ce au détriment des clubs, bien évidemment ; et moi j‘en souffre. Car cette vision-là elle ne correspond absolument pas à ce métier, complexe et difficile. On doit être corvéable à corps et à cris. Donc je voulais, à travers mon expérience, montrer le métier d’agent tel qu’il est vraiment, avec tout l’aspect humain ; d’autant que j’ai connu deux aspects : j’ai vu le football en tant que journaliste, et je connais aussi la vie trépidante, passionnante et dévorante d’être à l’intérieur du football.
(…) Si les agents ‘font’ le foot et les clubs ? Non, ça ne correspondant pas à la réalité. Vous n’êtes pas obligés de me croire, mais je vous assure que jamais un agent ne peut entièrement constituer un club. C’est une vue de l’esprit. Même si, évidemment, des mastodontes comme Mino Raiola, Jorge Mendes ou Pini Zahavi peuvent avoir de l’influence et un poids certain sur des clubs, des présidents, des entraîneurs… Mais pas de là à faire un club. Après, on peut quand même – bien sûr -, et notamment moi, en France, à mon modeste niveau, nouer des liens, avoir des atomes crochus et établir des relations de confiance et de proximité avec certains clubs et leurs décideurs, qui font que c’est plus facile et qu’ils ont plus tendance à venir vers vous, à vous faire confiance quand vous présentez un joueur. Mais de là à croire que… Non. Jamais un agent, y compris les mastodontes, ne peut faire une équipe, ça ne correspond pas à la réalité. Ne nous accordez pas plus d’importance que celle que l’on a.
(…) S’il est interdit, pour les clubs, de se ‘fâcher’ avec des agents ou si c’est de bon ton de favoriser un agent dans son recrutement ? Je ne pourrai pas vous affirmer que c’est totalement faux, que ça n’arrive jamais, car je ne connais pas tous les dossiers pour avoir une position ferme. Même l’individu dont je me refuse à prononcer le nom – Jean-Pierre Bernès, NDLR – ; qui est tout sauf mon ami et avec qui je ne partage rien ; je ne peux pas dire qu’il fait ce que vous dites. Ce serait trop facile de dire qu’il a fait faire n’importe quoi aux Girondins de Bordeaux*, et rien ne me permet de l’affirmer. (…) Pour ma part, j’ai la chance de ne pas être dans une quête perpétuelle d’argent, ce n’est pas mon état d’esprit, car pour moi c’est la conséquence du travail, pas le but. Je pense que cela me différencie de beaucoup. »
*Bernès est, notamment, l’agent de Jocelyn Gourvennec, de Jérémy Toulalan et aussi de Jérémy Ménez.