Daniel Riolo : « Est-ce que les investisseurs et les gens qui suivent le club vont poursuivre le même objectif ? »
Avant que Jérôme Rothen ne partage son inquiétude quant au possible rachat des Girondins de Bordeaux par un fond d’investissement américain, Daniel Riolo a, dans ‘l’After Foot’ d’RMC, développé un ‘avis tranché’ sur le sujet global.
« Je me lance dans une entreprise compliquée : j’ai passé l’après-midi (hier) sur tous nos investisseurs en France, qui arrivent de partout. C’est un peu la tendance, c’est quelque chose de voulu par la Ligue, désirant séduire des investisseurs étrangers et dont le directeur ; Didier Quillot ; voyage pas mal pour tout ça, afin de vendre la Ligue 1… En Europe ; vu que l’Angleterre est un marché saturé et que l’Allemagne a revoté une règle empêchant un investisseur étranger de prendre le contrôle total d’un club, mais aussi que l’Espagne n’est pas très ouverte à ça et qu’en Italie les images des clubs sont vraiment écornées ; il n’y a pas beaucoup de concurrence sur ce créneau du championnat plus accessible financièrement et où les clubs sont à vendre. Nos clubs français ont donc une carte à jouer pour intéresser les investisseurs. A Bordeaux, ce sont des Américains, avec qui De Tavernost et M6 négocient pour préparer, qui veulent racheter. Ailleurs, comme à Nice, Lyon, Auxerre ou bien encore Sochaux, ce sont des chinois qui ont au moins une part du club. Mais après, la question qui va se poser – toujours – c’est : ‘Pourquoi ils investissent ?’.
Mon avis, ce soir, c’est donc : ‘Investir c’est bien, mais réussir c’est mieux’. Et la réussite, c’est quoi ? Est-ce que les investisseurs et les gens qui suivent le club vont poursuivre le même objectif ? Les gens qui suivent le club ils veulent une belle aventure, que le club continue à vivre et à gagner des matches ; mais les investisseurs ne voient pas forcément les choses de cette façon. Eux aussi ont besoin de résultat, mais pas que… Et il faut chercher pourquoi ils viennent. A Nice, les Chinois sont venus pour pénétrer le marché de l’hôtellerie sur la Côte d’Azur, et d’ailleurs ça ne marche pas bien, donc en interne ça bouge. Et souvent, le problème, c’est que les investisseurs américains ou chinois ne comprennent rien au ballon. Donc c’est très compliqué, car mine de rien ce sont eux qui tiennent le club et qui, parfois, arrivent à prendre de bonnes décisions sportives. Mais pour avoir des garanties que ça marche sportivement, c’est dur.
En France, il y a une loi de mars 2017 – et Lille n’a pas eu de bol, à 2 mois près, avec Gérard Lopez -, passée sous Thierry Braillard, qui est très intéressante car elle permet le contrôle de la reprise d’un club par le biais de la DNCG (la Direction Nationale du Contrôle de Gestion, NDLR), ne pouvant cependant pas bloquer un investisseur au prétexte qu’il ne serait pas bon. Mais c’est une façon indrecte de voir ce qui passe ou pas niveau budget. Donc c’est utile.
A Bordeaux, De Tavernost veut 70 millions pour vendre… Je ne sais pas s’il les aura. Après, sachant que les Américains ne connaissent probablement pas vraiment le foot, il va quand même falloir voir ce qui motive le rachat des Américains et puis ce qu’ils veulent faire. En ce moment, le truc très tendance c’est de vouloir faire comme Monaco, ça motive beaucoup, et les Américains doivent se dire qu’ils ne sont pas plus bêtes que le Russe (Dmitry Rybolovlev, NDLR), qui s’en met plein les fouilles. Sauf que lui, quand il est arrivé à Monaco, il a mis un paquet d’oseille d’entrée ; alors que la plupart des nouveaux investisseurs ne mettent pas tout de suite l’oseille, ou alors pas assez. (…) Mais attention, même s’ils en mettent, les investisseurs s’en foutent de la réussite d’un club de foot français en soi. Personne ne viendra juste car il a envie de faire gagner un club de foot. Il y a toujours quelque chose derrière. »