Jérôme Boissel : « Il va falloir adopter un comportement commercial beaucoup plus pro-actif, voire agressif dans le bon sens du terme »

En entretien pour le site spécialisé Ecofoot, Jérôme Boissel, attaché temporaire d’enseignement et de recherche à l’IAE de Tours, donne à son tour son opinion sur le faible remplissage de certains stades français (en général), dont celui des Girondins de Bordeaux.

 

« Le problème, c’est qu’en accueillant l’EURO 2016, la France a voulu reproduire le modèle allemand en ignorant les spécificités culturelles qui séparent les deux pays. (…) Dans bon nombre de cas, la construction des enceintes s’est faite en concertation bilatérale entre collectivités et promoteurs immobiliers, mais pas nécessairement avec les clubs, ni avec les parties prenantes (voisinage, spectateurs, supporters…).

 

 

(…) Il me semble que le marketing ne soit pas le seul à pouvoir sauver les clubs français. Je crois sincèrement qu’il va vite falloir adopter un comportement commercial beaucoup plus pro-actif, voire agressif dans le bon sens du terme. (…) Aux Etats-Unis, les franchises ont une colonie de téléopérateurs qui vendent de l’abonnement en mai, de l’écharpe en octobre, de l’abonnement de mi-saison en décembre… Pourquoi ne le fait-on pas en France ? Pourquoi les clubs croient-ils avoir un pouvoir divin d’attirer le chaland dans leur enceinte ? Encore, une fois, l’offre de spectacles vivants et de loisirs est ahurissante et les clubs de football professionnel sont loin d’être en tête de liste à l’heure où les consommateurs font leur choix. Un minimum de pro-activité est plus que souhaitable. Je crois savoir que la LFP met à disposition des clubs des sessions de formation et même un accompagnement personnalisé, mais, là encore, il me semble que tous les clubs ne sont pas nécessairement sensibles à cette démarche qui est pourtant une véritable aubaine ! Peut-être préfèrent-ils le statu quo et se lamenter a posteriori sur des résultats sportifs incertains. Or, pour moi, un club qui se veut sérieux n’a plus le droit d’être tiré par la locomotive du terrain. Ceci peut paraître prophétique mais au-delà des infrastructures, c’est la mentalité des dirigeants et des cadres qui fera la différence. Il y a aujourd’hui un nouveau souffle et la première génération de professionnels véritablement formés au management du sport va arriver sur le marché. C’est à cette génération de faire avancer les choses et bouger les lignes. »