Micoud : « Tout était réuni pour qu’un footballeur s’éclate »

Lors de son passage sur le tchat du site de L’Équipe, l’ancien meneur Johan Micoud est revenu sur ses expériences positives à l’étranger, d’abord à Parme en Italie (2000-2002), puis à Brême en Allemagne (2002-2006). Il touche aussi un mot sur le fameux Parme – Bordeaux, 1/4 de finale retour de la Coupe UEFA 1998/99, où les Italiens avaient infligé un sévère 6-0 aux Girondins :

« (Ironique) Bon souvenir ça… C’était une belle claque c’est clair. Mais finalement on a vu qu’on avait un groupe assez costaud pour rebondir après cette gifle et ne pas laisser filer le titre, car on aurait pu s’effondrer complètement. On avait fait un super match aller, contre une très grosse équipe à l’époque, mais on avait seulement gagné 2-1… Et là bas cela avait été une démonstration physique et technique de la part d’une équipe qui avait finalement gagné cette Coupe d’Europe face à Marseille, 3 à 0 en finale. Ça avait été un match très compliqué… Je me souviens qu’à la mi-temps il y avait 2 à 0 et qu’on revenait dans le vestiaire un peu abattu en se disant qu’il ne manquait qu’un but pour revenir à égalité sur l’ensemble des deux matches. Mais après 30 secondes en deuxième période on encaisse le troisième et là on a plongé mentalement donc tout s’est enchaîné. Il y avait Veron, Crespo, Chiesa, Thuram et compagnie donc du très lourd et on avait explosé. Mais grâce à l’état d’esprit d’un groupe performant parce qu’on n’a pas lâché derrière.

Finalement, j’ai attendu un an de plus pour aller là-bas et peut-être que c’est sur ce match qu’ils m’avaient repéré, c’est aussi pour ça que les clubs français doivent jouer à fond la Coupe d’Europe, pour pouvoir évoluer ensuite dans leur carrière (…) J’ai aussi eu la chance d’aller en Allemagne dans la période de préparation de la Coupe du Monde 2006 et de vivre ça, avec l’arrivée des nouveaux stades, d’une nouvelle mentalité plus spectaculaire, plus offensive, qui correspondait aussi à mon jeu qui a besoin de mouvement. Tout était réuni pour qu’un footballeur s’éclate.


En France on a encore un peu peur d’aller en Allemagne car il y a cette image froide et rigoureuse, mais finalement on y reste souvent assez longtemps car le respect entre le joueur et le club est mutuel. En Ligue 1, certaines équipes essayent de faire du jeu, de créer un football offensif entre guillemets on va dire, mais c’est compliqué car la différence est surtout au niveau des mentalités. J’en reviens aux entraînements. Quand on rentre sur le terrain, c’est un métier, on se donne à 100% et encore plus. Je ne dis pas qu’en France ça ne se voit pas régulièrement, mais il y a davantage ce côté gestion qui empêche d’avoir un rythme élevé tout le temps. En France, il y a plus de rigueur défensive, et les étrangers qui viennent le remarquent vite, alors qu’en Allemagne l’animation offensive est plus importante. Je ne sais pas si les deux styles peuvent se rejoindre, mais moi j’ai préféré le côté offensif des Allemands.


Pour tenter d’aller dans un très gros club il faut que le club te veuille car je n’allais pas venir taper à la porte tout seul. Ca a failli se faire avec le Bayern, juste après le titre avec Brême, mais ça a capoté pour diverses raisons, notamment car l’entraîneur a changé et qu’il ne me voulait pas forcément. Sinon, l’opportunité d’aller dans un très grand club ne s’est pas présentée donc j’ai fait les clubs dans lesquels je me sentais bien et où il y avait un retour de confiance qui me permettait d’être performant. C’est ça qu’on recherche quand on joue, être apprécié et pouvoir rendre à un club et un groupe la confiance qui nous est accordée. »


NB : Retranscription faite par nos soins.