Benoît Costil : « J’adore mon poste, car il est particulier, mais des fois j’aimerais être attaquant »

Témoin central du documentaire de Canal +, ‘En cage : dans la tête des gardiens de but’, le portier des Girondins de Bordeaux, Benoît Costil, parle de son propre rapport à cette fonction à part et unique sur un terrain de football.

 

« Nous, gardiens, on peut rester à 40 mètres d’une action, dans notre monde, loin ; comme on peut être pointés du doigt directement. Et cette solitude-là, surtout, elle peut parfois être dure. Mais, en même temps, je l’aime bien cette solitude. Elle nous permet d’être tranquille (rire). (…) Le jeu au pied ? Moi j’adore ça. Et je réclame toujours le ballon à mes défenseurs. Je vais me déplacer, me mettre derrière eux, leur dire : ‘Je suis là !’, ‘Je suis avec toi ! », ‘Je suis derrière ! ‘, ‘A ta droite !’, ‘A ta gauche !’… Car j’ai envie d’avoir le ballon tout le temps. Mais des fois ce n’est pas le bon geste pour le défenseur de me donner le ballon, il devrait plus jouer vers l’avant. Sauf que moi je le demande tout le temps. Aux entraînements, il y a un moment où on est joueur de champ, alors qu’en match on ne pourra jamais tirer un coup de pied arrêté, par exemple. Des fois, j’aime bien taquiner le coach, pour lui montrer que nous aussi, les gardiens, on peut mettre des coups-francs et jouer avec nos pieds. C’est un petit kiff sympa. Et je pense, aussi, avoir la chance de faire partie d’une nouvelle génération. Je crois que ça a dû être très dur pour les gardiens de l’époque où on est passé de : ‘Tu peux prendre le ballon à la main sur une passe en retrait’ à ‘Tu ne peux plus le faire’. D’une saison à l’autre, il a fallu changer. Et parfois, quand on sort de la surface pour relancer, on n’est plus gardien mais carrément un joueur de plus. On est des footballeurs aussi, moins à l’écart qu’avant.

Mon poste, je l’adore, car il est particulier, mais des fois, ouais, j’aimerais être attaquant, jouer à un autre poste. J’adore les postes d’axe : défenseur central, numéro 6. Et plusieurs, en Equipe de France, en fin de rassemblement, quand il y avait un pépin physique, j’ai dû jouer latéral droit ou milieu droit… Mais je me suis régalé ! J’étais content. Je ne regrette absolument pas d’avoir choisi ce poste, mais voilà… Le jour où ça s’arrêtera je ne retouche plus à une paire de gants. Pourquoi ? Car j’aurai envie de jouer au football, de faire des passes, de courir avec les collègues, de marquer des buts, de défendre. Pas que de plonger, de me relever, de me faire bourriner à 3 mètres. Tout ça, j’aime bien. On l’a en nous, pas de soucis. Mais on prendra un plaisir différent. »