Agents derrière des clubs et fonds d’investissement dans le foot, deux grandes tendances du moment…
Sur sa chaîne Youtube, où il publie des vidéos centrées sur des thèmes liés à la culture foot (surtout à l’étranger) et aux anecdotes des coulisses (foot et médias), le journaliste et auteur Romain Molina – ayant signé plusieurs livres autour de ces sujets ces dernières années – avait parlé en détails de la tendance générale des rachats de clubs, dans laquelle il voit deux courants forts, citant notamment les Girondins de Bordeaux comme un club pouvant basculer dans un des schémas qu’il décrit ; si les négociations entre le groupe M6 et General American Capital Partners aboutissaient rapidement.
« En ce moment, les rachats de clubs, c’est quand même du grand n’importe quoi, et on en voit de plus en plus qui sont possibles, surtout en France avec Nancy, Bordeaux, Saint-Étienne, Lille, plus d’autres clubs qui sont plus ou moins en vente, comme Troyes ou Reims. J’avais fait une vidéo spécifique sur ça (ICI), mais là j’aimerais aller encore plus loin. J’avais expliqué que, maintenant, beaucoup d’agents se cachent derrière des rachats. Alors, pour contextualiser, vous donner quelques petites infos, essayer de vous montrer comment ça se passe et ce qui nous attend à l’avenir, je commence par rappeler que la tierce-propriété est normalement interdite depuis 2015. Cela veut dire que des individus ou des sociétés ne peuvent en théorie plus avoir des bouts de joueurs – 20, 30 ou 40% -. Donc qu’est-ce qu’ils font à présent ? Ils prennent des parts dans les clubs ! Sauf qu’un agent il n’a pas le droit de diriger un club, d’être dans le comité de direction… Mais ça ne les empêche pas de se placer indirectement, d’être derrière, de contrôler plus ou moins des clubs pour faire leurs affaires. Attention il y a quand même aussi, dans le lot, des agents de bonne foi, ayant un intérêt à la fois sportif et économique – évidemment -, et ne voulant pas être dans des trucs trop sales ; en prenant des clubs en D3 anglaise par exemple. Mais en tout cas, c’est une vraie mode.
Photo : Thierry David – SUD OUEST
(…) On note aussi des idées de créer des filiales de partout, c’est à dire qu’un grand groupe a un gros club et d’autres dans des ligues un peu mineures. Ce modèle, c’est celui de Manchester City, présent sur un peu tous les continents. Il y a aussi un modèle comme les Pozzo, avec Udinese, Watford et Grenade comme clubs possédés. On voit aussi que Monaco a pris le Cercle de Bruges, en Belgique – un pays qui est la terre des miracles, où tout est possible en termes d’immondices pour détourner et blanchir de l’argent, car le foot belge est contrôlé par des personnes très très loin du monde du football -. Et on voit aussi que le fond d’investissement PEAK6, qui a été en pourparlers avec les Verts, a des parts dans d’autres clubs. Tout ça devient vraiment la mode, ça va se démocratiser, notamment pour les très gros clubs. Les grands fonds d’investissement aussi, dont beaucoup viennent des États-Unis, ça commence à arriver dans le sport, type Elliott Management, qui a fait les prêts à Lille ou au Milan AC. Et ça pourrait arriver bientôt à Bordeaux.
(…) A Bordeaux, d’ailleurs, j’ai une petite info : le fameux Thaïlandais au nom imprononçable (Pairoj Piempongsant, NDLR), qui a racheté le club belge de Mouscron, il était intéressé par Bordeaux avant. Finalement, il y a bien eu des potentielles négociations, mais ça ne s’est pas fait. Cela aurait été marrant de voir ça, mais Bordeaux en est sauvé… Donc c’est très bien. (…) Après, pour racheter un club comme Bordeaux, il faut savoir – et on ne va pas se le cacher – que tu dois composer avec une kyrielle d’individus, des plus ou moins sombres, dans les domaines politiques… Et mine de rien c’est le cas pour beaucoup de clubs français. On est souvent bon pour donner des leçons, mais des fois on devrait un peu se regarder. »