Que vaut Eric Bédouet en intérim ?
Eric Bedouet, c’est un peu « l’homme à tout faire » des Girondins. Le fidèle du club. L’homme qui, depuis son arrivée au Haillan en 1998, a traversé les époques et les émotions. D’Élie Baup à Laurent Blanc, de Jean Tigana à Gustavo Poyet, il a côtoyé pas moins de 10 entraîneurs principaux, avec qui il a toujours donné le meilleur de lui-même. Des temps de crise aux moments de grâce, il a toujours été présent aux côtés des marines et blancs. Toutefois, sa place a évolué en fonction du degré de légèreté de l’instant. Préparateur physique durant la paix, il a déjà été promu en entraîneur (ses diplômes lui permettent d’être entraîneur de Ligue 1) à trois reprises lorsque la guerre ébranlait le FCGB. Sur le point de devenir l’entraîneur de secours du FCGB pour les deux prochains matchs, il a déjà assuré l’intérim en 2005, 2011 et 2018. Retour sur ses résultats lors de ces trois périodes.
Durant la saison 2004-2005, les Girondins évoluent dans le ventre mou de la Ligue 1 sous les ordres de Michel Pavon. Au fil des matchs, la situation sportive s’empire même peu à peu, envoyant le club à proximité du précipice de la relégation. Pire : dans cette période compliquée, le technicien marine et blanc est victime d’une péricardite virale. Sa maladie l’oblige à s’éloigner de ses fonctions. Pour la première fois de sa vie, Eric Bédouet est nommé entraîneur du FCGB, à trois journées de la fin, alors que le maintien n’est toujours pas acquis. Malgré le calendrier infernal imposé au club au scapulaire, Eric Bedouet réussi à conserver le club dans l’élite. Après une claque reçue à Lyon (5-1), il signe deux exploits consécutifs en obtenant des matchs nuls contre Monaco (1-1) puis Marseille (3-3). Il sera pourtant remplacé par Ricardo l’année suivante.
Six ans plus tard, en 2011, la situation sportive est similaire. Champions de France deux saisons plus tôt, les Girondins sont descendus de leur olympe, et sont même aux portes de l’enfer avec Jean Tigana sur le banc. Contrairement à l’équipe coachée par Laurent Blanc, cette équipe-là ne fait pas rêver, au contraire, elle suscite l’ennui et la peine devant les mornes résultats du club, qui évolue aux alentours de la 10e place et enchaîne les flops de recrutement. Après la déroute face à Sochaux (4-0) à quatre journées de la fin, c’en est trop. Jean Tigana cède à la pression des supporters et des ultras en démissionnant. Eric Bedouet assure une nouvelle fois la relève. Il parvient à mener ses hommes jusqu’à la 7e place grâce à deux belles victoires contre Paris (1-0) et Montpellier (2-0), et malgré deux revers, à Lens (1-0) et Toulouse (2-0).
Enfin, en janvier 2018, la défaite à domicile des Girondins contre Caen (2-0) sous les ordres de Jocelyn Gourvennec est la goutte qui fait déborder le vase, après les éliminations en 32e de finale de la Coupe de France contre les amateurs de Granville (2-1, a.p) et, plus tôt, au 3e tour préliminaire de la Ligue Europa contre les hongrois de Videoton (2-2 au score cumulé, qualif’ de Videoton au nombre de buts inscrits à l’extérieur). Le technicien breton est renvoyé par Stéphane Martin et Nicolas de Tavernost, qui ont pourtant longtemps hésité à s’en séparer. Eric Bedouet est donc nommé entraîneur du FCGB à titre provisoire pour la troisième fois, et ramène une importante victoire, obtenue à Nantes (1-0) ,en Aquitaine pour son seul match passé sur le banc. Lors de ce match, il lance notamment Zaydou Youssouf en L1 au poste d’ailier droit dans un schéma en 4-2-3-1 et il est aussi le premier à aligner la charnière centrale Pablo-Koundé. Gustavo Poyet lui succède ensuite.
Ainsi, les marines et blancs se sont retrouvés à huit reprises sous les ordres d’Eric Bedouet, à chaque fois durant une période compliquée. Cette dernière donnée n’est pas à négliger dans la prise en compte de son bilan (3 victoires, 2 matchs nuls, 3 défaites). Elle est même un outil de lecture de ces statistiques. Si son Bordeaux n’a que rarement été flamboyant avec le natif de Brain-sur-Longuenée, il a souvent été efficace dans ces moments où le courage et la bravoure priment sur le jeu.
Le « derby » à Toulouse, dimanche, puis le match aller des barrages de l’Europa League, jeudi à Gent, vont être deux rencontres délicates pour les marines et blancs. Mais l’expérience du préparateur physique de 64 ans et l’électrochoc provoqué par la mise à pied de Gustavo Poyet pourraient peut-être permettre aux Girondins de ne pas couler en ces heures sombres. Seul l’avenir proche nous le dira.