R. Molina : « On va vers du trading de joueurs de façon grotesque (…) Allez voir le site de Varela ! »
En entretien dans l’émission ‘Girondins Analyse‘, hier soir, sur la radio R.I.G, Romain Molina (journaliste indépendant et auteur de livres liés au sport, dont un à paraître bientôt sur les coulisses du football) explique les enjeux pouvant motiver un rachat de club, comme celui en cours des Girondins de Bordeaux par un double fonds américain : King Street et GACP. Dans un second temps, Romain dénonce ensuite Hugo Varela, l’agent principal cité jusqu’à présent comme collaborant avec les repreneurs du club au scapulaire.
« Un club de foot, c’est un synonyme de pouvoir, donc il y a plusieurs intérêts. En fait, il faut toujours prendre la perspective un peu plus large. Pourquoi il y a autant de millionnaires, et même de milliardaires maintenant puisqu’on est entré dans ce cercle, qui achètent des clubs ? Parce que le foot ça représente quelque chose. Aujourd’hui, quand tu vas en loges, pour un match, tu as les investisseurs de la région, les industriels, les politiques. Au niveau des décideurs, tout se passe là-bas, donc avoir un club c’est une magnifique carte de visite pour négocier des contrats, et ça fait bander plus d’un mec. En plus, pour certains, ça peut leur donner une assurance vie : ‘J’ai un club de foot, donc potentiellement je peux me protéger’. Mais, surtout, cela leur permet de faire fleurir un business. Une personne comme Olivier Sadran (président du Toulouse FC, NDLR), grâce au foot son entreprise a pu être crédible dans le monde entier. Donc, tout ce que tu vas investir dans le foot tu peux le récupérer par une autre manière.
Dans le même temps, il y en a aussi que ça fait triper, car ils aiment le foot. Mais d’autres n’en ont rien à foutre, soyons très clairs. Pour le cas des repreneurs des Girondins, je n’en sais rien. Mais quand je vois le montage, je me dis qu’on s’achemine vers du trading de joueurs ; et ce de manière assez grotesque… Prendre Hugo Varela comme agent numéro 1 pour ton projet, c’est comme chercher un vaccin contre la rage avec un première année de médecine : ça ne va pas aller très loin. Sérieusement, allez voir le site d’Hugo Varela, ‘Football and Friends’ (le site en question). Regardez-le ! Le mec promet qu’il va ramener les meilleurs joueurs du monde… Mais c’est ridicule. Pour connaître un peu le milieu, je sais que plus un agent parle pour dire ‘Moi j’ai ci et moi j’ai ça’, moins il est crédible. Un mec capable de dire qu’il va ramener les meilleurs joueurs du monde, organiser des tournées en Asie avec les meilleurs coaches, etc mais que tu vois sur son propre site qu’il ramène d’obscurs joueurs en Roumanie et en Moldavie ; tu te dis que c’est pas encore Lionel Messi !
(…) Après, il faut aussi dire, quand même, qu’un fonds de pension peut aussi très bien faire le choses. Il peut, par exemple, avoir envie de revendre le club, comme Elliott Management au Milan AC. Elliott Management, ce sont les potes de King Street, et c’est LE fonds vautour américain par excellent, qui prête ici de l’argent aux nouveaux propriétaires du Milan. Mais là, au moins, eux, ils ont mis Leonardo aux commandes, donc un homme de ballon. Du coup on se dit qu’ils ont quand même envie de faire quelque chose de correct ; peut-être pour revendre le club ou même pour le remettre bien. Maintenant, comme je l’ai dit, Hugo Varela il est ‘gentil’, mais si les repreneurs voulant gérer Bordeaux s’associent avec lui… Je vais le redire : c’est un étudiant de première année de médecine à qui tu vas demander de développer le vaccin contre la rage. Son associé chinois, il est quand même impliqué, pas forcément directement mais quand même, dans toutes les joyeusetés de l’Est à base de matches truqués. Donc, déjà, tu te dis : ‘Put…, ils peuvent pas se choisir un mec différent ?!’. Même si, bon, ce n’est directement Varela qui fait ces trucs. Puis, surtout, c’est quoi son réseau ? En 2015, il a présenté un consortium pour racheter le club d’Estoril (Portugal), mais en fait le projet qu’il présentait était tout bidon, sans garanties financières. Il avait aussi acheté les droits télés d’une télé-réalité diffusée au Brésil, rien à voir avec le foot… Alors même s’il peut avoir un petit peu de réseau, moi j’attends de voir les compétences du mec ! Et ce que je vois, là, c’est qu’il y a beaucoup de financier et de montages, mais zéro foot. Or, pour que ça marche, il faut faire un mix. Puis quand on veut que des joueurs en prêts ou gratuits, ça, je peux vous dire que ça sent pas bon, car ça montre qu’ils n’ont pas de thunes. »