Christophe Hutteau : « Bien sûr que Gustavo Poyet était au courant, depuis le départ… Il l’a voulu »
Fâché, toujours, avec les Girondins de Bordeaux, et surtout leurs dirigeants, l’ancien entraîneur des Marine et Blanc, Gustavo Poyet, avait – on s’en souvient encore très bien – poussé une grande colère publique, lors de sa toute dernière conférence de presse (« suicide » médiatique calculé ?), faisant du départ de Gaëtan Laborde le point de non-retour de ses tensions avec ses supérieurs.
Dans l’émission radio ‘Girondins Analyse’ (R.I.G) du 17 août, soit le lendemain de ce coup d’éclat si négatif pour le club, l’agent de Laborde, Christophe Hutteau, avait donné sa version des faits, chargeant le coach uruguayen, accusé de se servir du cas du nouvel attaquant de Montpellier pour régler des comptes personnels avec le club et soigner son image :
« Il n’y a rien de secret, je ne vais rien trahir, juste dire ce qu’il s’est passé. Moi, je pense que Gustavo Poyet il a un problème d’ordre psychologique. Parce que, à l’origine, il ne faut pas oublier que c’est lui qui a souhaité recruter plusieurs attaquants et ne pas conserver Gaétan. Mais ça, c’est son choix, et il a le droit, et je ne me permettrai pas de juger un entraîneur sur son métier, ses décisions sportives, ses responsabilités ; je n’ai pas à interférer dans ce débat, je n’en ai pas la légitimité. Mais je dis juste qu’il y a le fond et la forme, le fait de respecter ce que l’on dit. Les dirigeants bordelais, ils ont été on ne peut plus clair avec moi lors de l’intersaison, car lorsque j’ai rencontré Stéphane Martin et Ulrich Ramé pour faire un bilan et évoquer la saison à venir – celle actuelle donc, 2018-19 – ils m’avaient dit que le coach ne comptait pas sur Gaëtan et que si j’avais une opportunité satisfaisant toutes les parties je n’avais pas à hésiter à leur en faire part. J’ai donc travaillé pour ça. Ensuite, comme chacun a pu le constater, Gaêtan a très peu joué lors des matches amicaux, et lors du match à Ventspils, l’entraîneur s’est même permis le luxe de mettre Younousse Sankharé en avant-centre ; et après les médias ont interprété ça comme un tour de force, une forme de pression de la part de Gustavo Poyet envers sa direction, car ça n’allait pas assez vite, qu’il n’avait pas les joueurs qu’il souhaitait… Mais moi, encore une fois, je ne rentre pas dans ce débat ni ne juge Gustavo Poyet comme entraîneur.
(…) S’il était au courant que Gaëtan Laborde partait ? Mais bien sûr qu’il était au courant, depuis le départ, car c’était sa volonté, donc non seulement il savait mais en plus il le voulait. Après, le sujet de son remplacement anticipé ou non, vous comprendrez que ce n’est ni mon problème ni celui de Gaëtan Laborde, mais bien le souci des Girondins de Bordeaux et de leur méthode de management. Nous, on a trouvé un club, Montpellier, qui est un super club, familial et qui, même s’il n’a probablement pas l’aura des Girondins – encore que… c’est un club qui travaille plutôt bien avec son budget d’une quarantaine de millions d’euros contre 65 minimum pour Bordeaux -, est très bien. Au départ, le MHSC souhaitait un prêt avec option d’achat, mais je leur ai dit que ce n’était pas possible car Bordeaux voulait réaliser un transfert. Finalement, Montpellier fait les efforts financiers pour acheter Gaëtan, avec l’impératif qu’il signe dès jeudi pour être qualifié et jouer le weekend à Amiens. Donc, pardonnez-moi, mais quand Montpellier met 5M€ sur la table, pour un joueur non-souhaité par le coach, en tout cas comme un joueur à qui il donnera du temps de jeu, j’ai appelé les dirigeants bordelais. Dès mardi soir, les deux clubs se sont mis d’accord, en termes d’indemnité de transfert, et mercredi j’ai négocié les derniers détails du contrat. On tombe d’accord à 16H, j’appelle le président Stéphane Martin pour lui faire part d’un accord total et je sollicite l’autorisation de sa part d’aller à Montpellier le soir-même. Il me l’accorde, donc je pars avec Gaëtan, et là il me dit qu’il prévient le coach immédiatement. Nous étions alors mercredi après-midi. Après, je ne suis pas Stéphane Martin, je ne suis pas derrière son téléphone, je ne peux pas vérifier si il l’a fait ou pas (prévenir le coach).
Mais, franchement, Stéphane Martin, que les supporters l’apprécient ou pas, moi qui suis agent de joueurs depuis 2004 et dans la football depuis près de 30 ans, avant comme journaliste sportif, j’estime que c’est quelqu’un qui a une qualité essentielle – même s’il ne les a, évidemment, pas toutes – que le public doit savoir : ce Monsieur est d’une incroyable probité, d’une incroyable sincérité et d’une incroyable honnêteté. Dans le football, c’est si rare que ça, ça mérite d’être souligné. Donc, non, je ne vois pas pourquoi Stéphane Martin m’aurait dit : ‘Je préviens le coach immédiatement’ s’il ne le fait pas. Je ne vois pas son intérêt de président des Girondins de Bordeaux de me tenir ce discours et de ne pas le faire. Dans l’histoire, on est alors le mercredi, veille du match, et Gaëtan va au Haillan en fin d’après-midi pour vider son casier, récupérer ses affaires etc. Il croise donc beaucoup de gens au Haillan, dont Benoît Costil. Donc tout le monde était au courant que Gaëtan partait mercredi soir pour Montpellier.
Que Gaëtan n’ait pas dit à Poyet, à titre personnel, qu’il partait, c’est sûr que non, car on a bouclé les négociations avec Montpellier le mercredi vers 16H-16H30 et que quand il est allé au Haillan récupérer ses affaires, vers 18H, Gustavo Poyet n’était pas là. Mais moi, bien évidemment, j’ai dit à Gaëtan que tout était ok, que le président allait prévenir le coach et que nous pouvions prendre la route. Alors Gaëtan ; et ce sans animosité vis à vis de quiconque et qui a même remercié Bordeaux pour être devenur professionnel ; m’a dit qu’il appellerait le coach le lendemain, quand tout serait bouclé, pour lui dire au revoir. (…) Si nous savions que Gaëtan allait quand même être dans le groupe pour le match de jeudi contre Mariupol ? Non, pas du tout. Mais, vous savez, quand depuis des semaines on vous dit que vous pouvez partir et qu’un club comme Montpellier vous veut et fait l’effort de mettre près de 5M€ – ce qui est une très belle somme pour Montpelier, du jamais vu -, vous ne calculez pas ces choses-là. On a retenu l’intérêt de Montpellier la démonstration d’envie du club héraultais, du coach Der Zakarien, de sa direction : Messieurs Nicollin et Carotti… Et, quitte à m’attirer les foudres d’une minorité, je rappelle, en remettant les choses dans leur contexte, qu’avec le coach Poyet, quand Gaëtan est revenu de sa fracture au pied et a marqué 3 buts et donné 1 passe décisive en 6 matches sur le mois de janvier-février, il y a eu un souci de manque de reconnaissance, vu qu’il l’a sorti de l’équipe comme par magie pour ne quasiment plus le faire jouer jusqu’à la fin de la saison. Mais ça ce n’est pas propre à Bordeaux, ni à Gaëtan, c’est propre à tous les clubs formateurs qui voient un jeune éclore en équipe première. Il n’a pas le même statut.
Après, il peut dire ce qu’il veut, mais il dit quand même tout et son contraire ce brave Gustavo. Mais, à un moment donné, ne jouons pas les vierges effarouchées : avant de venir à Bordeaux, il a fait 5 clubs et a été viré 5 fois. Pourtant, là, il avait de très bons résultats et un très bon bilan sportif vu qu’il a repris une équipe moribonde pour l’amener 6ème. Donc ne nous méprenons pas non plus en tapant sur lui à bras raccourcis, je m’y refuse. Mais je parle uniquement du cas Laborde, dont je suis le représentant. Et le paradoxe, c’est quand même que les relations entre Gustavo Poyet et Gaëtan Laborde étaient très bonnes, car Poyet était proche de ses joueurs aux entraînements. Mais ce sont ses choix qui, parfois, étaient surprenants : il faisait des choix en milieu de semaine, pour le match du weekend, et il changeait sa composition 3 heures avant le match… Donc ça, beaucoup de joueurs le prenaient mal, sans savoir comment réagir. Mais après, je ne vais pas condamner ça, ça reste une méthode de management pour garder tout le groupe sous pression ; et je répète que Gaêtan n’avait pas de problèmes avec Poyet, surtout que Poyet l’a appelé jeudi midi. »