Florian Brunet « choqué » par la manière dont M6 part et « surpris » qu’Alain Juppé soit si vite rassuré
Dépité que « la messe (soit) dite » quant à la vente des Girondins de Bordeaux entre M6 et GACP ; finalement validée (en attendant le vote de confirmation, aujourd’hui) par Alain Juppé et la Métropole de Bordeaux, que Juppé préside ; le porte-parole des Ultramarines, Florian Brunet, s’est exprimé, hier soir, sur TV 7.
Il (ré)explique chacun de ses reproches envers Nicolas de Tavernost (dirigeant d’M6) et s’interroge sur la vitesse à laquelle Alain Juppé a (encore) changé d’avis sur ce sujet, très important, de la pérennité du club au scapulaire :
« La manière dont M6 part, c’est ce qui nous choque le plus, après notre entrevue avec Nicolas de Tavernost la semaine dernière… C’est une très triste fin. On a eu en face de nous un homme qui a, pour beaucoup, fui le dialogue et botté en touche sur tous les sujets de divergences, ne nous rassurant en rien sur tous les sujets d’inquiétude et nous tenant même des phrases très choquantes. Du style ? ‘De toute façon, je ne vais pas faire marche arrière car sinon l’action M6 va dévisser’… Et il refuse de reconnaître que c’est grâce aux Girondins que M6 a un pied dans le football et a pu avoir les droits de diffusion de l’équipe de France. Pourtant, pour rappel, en 98, le slogan claironné par M6 c’est : ‘0% Foot – 100% M6’ – petite erreur de stratégie, au passage, avant le Mondial en France que les Bleus gagnent -… mais ils se sont rattrapés en achetant les Girondins, car leur stratégie était bien de s’implanter dans le foot. Ils y sont parvenus, ils y gagnent, et c’est indirectement grâce aux Girondins. Donc quand M6 faisait pleurer dans les chaumières en disant que le FCGB était un gouffre, on voit que pas tant que ça, surtout qu’avec la vente ils vont sans doute récupérer tout ce qu’ils ont investi depuis 10 ans. Et ils donnent vraiment l’impression de céder le club au premier venu. Le repreneur n’a pas de fonds propres, s’endette à des taux de 10%… Il y avait donc, vraiment, meilleur profil.
(…) On remercie quand même Monsieur le Maire, Alain Juppé, d’avoir pris le temps, de s’être penché sur le dossier, mais je suis un petit peu surpris qu’il soit rassuré aussi facilement*. (…) La DNCG avait pourtant relevé que le projet des Américains était fort ambitieux et irréaliste, avec un souci de fonds propres, d’endettement et des objectifs de rentabilité qui ne tiennent pas la route. C’était exactement ce qu’on disait depuis des semaines… Maintenant, je le redis : on n’a jamais autant souhaité, dans toute notre histoire, avoir tort sur toute la ligne. Sauf que nos inquiétudes ne sont pas levées et que ces points n’ont pas été abordés dans la conférence de presse du soir.
Si Monsieur DaGrosa veut nous faire croire qu’on va jouer l’Europe en gagnant de l’argent et sans investir les 10 à 20M€ que M6 comblait depuis 10 ans pour boucher les trous, je ne vois pas comment… Ou alors, il est bien meilleur que nous tous, que M6 et que 99% des clubs ! Aujourd’hui, si on veut jouer le Top 5 de Ligue 1, il faut investir, avoir une masse salariale énorme ; et vouloir gagner de l’argent en n’imaginant pas des trous à combler comme M6 le fait c’est irréaliste. Si certains sont rassurés par ce discours, nous pas du tout. Le projet ne tient pas la route, car ce sont des belles paroles mais après il y a la réalité : aujourd’hui, même Lyon, géré très sérieusement et jouant souvent la Ligue des Champions, ne fait que 5M€ de bénéfices. Donc si Monsieur DaGrosa s’imagine gagner de l’argent dans le foot, il rêve… Pour l’instant, aucune expérience avec tout ce schéma-là, et des fonds d’investissement, n’a été couronnée de succès dans le football. Et il y a même beaucoup plus de défaillances que d’aventures profitables à tous. »
*le 14/09, Juppé voyait le rachat comme une « chance » pour le club, puis le 27/09 il donnait un « feu orange » après le rapport de la Direction Nationale du Contrôle de Gestion, et hier il était à nouveau convaincu de la solidité du projet.