Bernard Lions : « Franchement, je suis très inquiet pour Bordeaux »
Sur La Chaîne L’Équipe, lors d’un débat à la formulation insensée – comme il l’a d’ailleurs relevé directement et expliqué ensuite -, le journaliste Bernard Lions a donné son avis sur le rachat du club des Girondins de Bordeaux par le fonds d’investissement General American Capital Partners :
« Les Girondins de Bordeaux, il faut rappeler que ce n’est plus la propriété de la ville de Bordeaux, depuis longtemps, mais d’un groupe privé, M6, qui a décidé de vendre. La seule question pour la mairie, c’était les garanties de paiement du loyer du stade, car il y a un partenariat public privé, avec un loyer de 3.8M€ à payer par les Girondins, et sur 30 ans, jusqu’en 2045. Donc Alain Juppé, à part sur ça, il ne pouvait en aucun cas intervenir ou s’opposer à la vente. Et le vote avait été décalé par manque d’informations, avec aussi de grandes explications apportées par le dirigeant de GACP, Joseph DaGrosa, qui est venu s’expliquer devant les élus de la Métropole, expliquer son projet et son business plan. Et il a dû réussir à les rassurer…
(…) Mais, je suis désolé, ce n’est pas la ville de Bordeaux qui cède le club… La question de notre débat c’est : ‘Alain Juppé a-t-il cédé les Girondins de Bordeaux aux Américains faute de mieux ?’. Sauf que, non, ce n’est pas Alain Juppé qui vend. Rien à voir… Le but de la mairie et de la métropole, sur le sujet du stade et du loyer, c’est juste d’éviter ce qui s’est passé au Mans, par exemple, avec le MMArena qui plombe les finances publiques car personne ne paye ni ne loue depuis que le club du Mans s’est cassé la figure. Il faut bien comprendre ça. La ville n’avait pas de droit de veto pour la vente, mais Juppé voulait s’assurer des garanties pour le loyer. Après, dans 5-10-15 ou 20 ans, on ne sait pas ce qui va se passer… On verra bien où seront les Girondins et à qui appartiendra le club. Maintenant, est-ce que M6 est vraiment bien sûr que ce fonds d’investissement, ou plutôt cette sorte de nébuleuse, ce conglomérat de trois fonds, avec un montage très complexe, est viable ? Franchement, je suis très inquiet pour Bordeaux, car contrairement à Marseille avec Frank McCourt – une personne physique identifiée -, la relation acheteur – vendeur n’est pas lisible… Mais bon, tout ça, c’est un autre problème par rapport à la question du débat initial. Sans vouloir défendre Alain Juppé, il a réussi, du point de vue de la métropole, à avoir les garanties qu’il fallait pour le loyer. Et pour ce qui le concerne, c’est tout. »