M. Vada : « Pour le Proyecto Crecer, il faut vraiment prendre une décision »
Sur la radio R.I.G, hier soir, dans l’émission ‘Girondins Analyse‘ (podcast dispo par ICI), le désormais ancien formateur du FCGB, Marcelo Vada (venant de démissionner pour raison personnelle), est revenu sur l’histoire de son fils valentin à Bordeaux. Ensuite, il a commenté, sans langue de bois, le sort possible du partenariat entre les Marine et Blanc et la filiale argentine du Proyecto Crecer :
« Ce que je pense du partenariat entre les Girondins de Bordeaux et le Proyecto Crecer ? Déjà, je crois que les joueurs argentins, s’ils ne sont pas costauds comme Benedetto (nouveau buteur de Marseille, NDLR), c’est dur de s’imposer en France. Après, le Proyecto, c’est encore différent. Aujourd’hui, 15 joueurs issus du Proyecto sont devenus professionnels : à Bordeaux, au Chili, au Mexique… Mais en Europe, c’est Bordeaux qui prime. La relation entre les Girondins et le Proyecto, elle date de Julio Di Meola, qui est décédé depuis, et du président Jean-Louis Triaud. De base, l’idée, elle était bien, car l’Argentine c’est une mine de bons jeunes joueurs et que Triaud était intelligent en pensant qu’en investissant un peu d’argent on pouvait sortir un super joueur argentin ; mais à part Emiliano Sala – paix à son âme – avec qui il y avait là un bon coup économique… Aussi, sportivement, malheureusement, je ne sais si le profil des jeunes joueurs argentins colle à Bordeaux.
Photo : Virginie Bachelier – Ouest-France
Bordeaux, je vais vous le dire : à la base, en Argentine et en Amérique du Sud, personne ne connait. Il y a le Proyecto, oui, et Bordeaux est un club européen réputé, mais en Argentine il y a déjà River, Boca etc… Alors Bordeaux… Vous imaginez. Malheureusement, on en a quand même parlé, du Proyecto et puis de Bordeaux, à cause du vrai drame qui est arrivé à Emi ; mais sinon… Au niveau marketing et notoriété, personne ne s’intéressait à Bordeaux. Le but du Proyecto Crecer, c’était ça. Mais à présent je ne sais pas si les nouveaux dirigeants vont continuer avec le Proyeto Crecer ou non. Il faudrait le leur demander, à eux, si c’est dans leur politique de garder ce centre de formation en Argentine pour recruter et miser sur des jeunes d’ici. Après, des fois, Bordeaux ne veut pas de ces joueurs, alors qu’ils sont prioritaires. Un joueur comme Kevin Mergen, il est parti à Boca Juniors.
Maintenant, sincèrement, je vais être honnête : pour continuer avec le Proyecto Crecer, Bordeaux doit s’y intéresser plus, faire en sorte qu’il y ait de bonnes installations, de bons coaches, de bons terrains. Les joueurs de là-bas devraient pouvoir s’entraîner de la même façon qu’ici. Car c’est bien ça le problème… Les joueurs argentins s’entraînent totalement différemment, mangent différemment, ont des habitudes de vie différentes ; et après ils devraient venir en France et être compétitifs pour le haut niveau ? C’est dur. Peut-être qu’en soi un jeune Argentin est aussi bon ou meilleur qu’un Français, mais à 15-16 ans ils ne travaillent pas du tout pareil : le toucher de balle, la tactique, même le niveau des coaches – car malheureusement en Argentine les formateurs ils travaillent ; tous ; à côté car économiquement c’est la catastrophe -. Donc la réalité du Proyecto et puis de l’Argentine, hors Boca Juniors ou River Plate, c’est ça : ce n’est pas comme aux Girondins de Bordeaux. Alors, pour moi, ce n’est pas gris mais blanc ou noir : soit on continue avec le Proyecto, mais en l’améliorant, soit on arrête. Mais pour l’améliorer, il faudrait lui donner l’importance qu’il mérite – à mes yeux ! – et mettre les moyens. Après, c’est au club de décider, aux coaches. On n’arrivera probablement pas à avoir Messi ou Di Maria, ou Dybala ; mais je suis sûr qu’il y a de bons joueurs à trouver en Argentine et à faire venir en France pour qu’ensuite ils fassent carrière en Europe, après avoir été formés pour être d’abord compatibles avec les Girondins de Bordeaux. En tout cas, pour le Proyecto, il faut vraiment prendre une décision : soit on y va, on le protège, on le développe afin de sortir de meilleurs jeunes, on s’en sert pour le marketing, pour l’image ; soit on arrête et si on veut un bon joueur argentin on le paye ailleurs. Qui prendra la décision au club des Girondins ? Oh, ça je ne sais pas. Je ne peux pas le dire, sincèrement. Et même si je le pouvais je ne dirai pas. Demandez à Eduardo Macia ou à Hugo Varela (sourire).
Les joueurs du Proyecto, contractuellement, ce sont tous des joueurs pour les Girondins, ils ont des pourcentages à faire sur eux. Aux Girondins, des joueurs comme Emiliano Sala ou Valentin Vada n’ont pas eu beaucoup d’importance, mais au Proyecto, pour les jeunes, sans dire qu’Emi ou Vale ou Daniel Mancini sont des exemples, ils sont importants ; car ils sont partis en Europe, depuis un club amateur argentin, pour devenir pro. Et tout le monde ne peut pas faire ça. C’est une vraie chance, donc tous les jeunes veulent l’avoir, surtout qu’à Cordoba, la région où le Proyecto est implanté, on est très football. C’était là un endroit stratégique pour mettre le Proyecto Crecer car beaucoup sont aussi Espagnols ou Italiens et peuvent donc voir un passeport européen, ce qui est très utile pour venir jouer en Europe et ne pas être compté comme extra-communautaire. »