L. Lestrelin : « Revenu au Vélodrome, Bell avait reçu des jets de bananes »
Joseph-Antoine Bell, ancien grand gardien camerounais passé avec réussite par le championnat de France entre 1985 et 94 (Marseille, Toulon, Bordeaux, Saint-Étienne), avait été victime d’un grand déferlement de haine quand il était revenu jouer avec les Girondins du côté de la cité phocéenne.
Ludovic Lestrelin, sociologue spécialisé sur le supportérisme, se souvient même, pour ‘La Provence‘, que Bell avait reçu des bananes, jetées sur le terrains par des individus commettant un acte raciste qui a, fort heureusement, disparu des stades (sauf cas isolé).
« Le stade est un espace de libération de la parole et des émotions. Il y a une implication paradoxale : les supporters oscillent toujours entre deux registres. Ils érigent d’abord le soutien au club en une cause sérieuse, et en parallèle il y a le côté beaucoup plus facétieux, parodique. C’est à la fois du jeu et du drame et on peut passer très vite de l’un à l’autre. Si on prend l’exemple de l’OM ; Joseph-Antoine Bell était adoré par le public marseillais entre 85 et 88 et il a ensuite signé à Toulon, puis à Bordeaux, deux grands rivaux. Lorsqu’il est revenu au Vélodrome, il a été insulté et a reçu des jets de bananes. Ce genre de choses n’existe plus aujourd’hui à Marseille, ce qui prouve bien qu’il y a une évolution des usages, de ce qui est admis et de ce qui ne l’est pas. Il faut parfois savoir faire confiance aux acteurs des tribunes. Le débat de l’homophobie est donc tout à fait important, mais il faut le faire avec méthode et pédagogie. »