Mathieu Valbuena : « Sur le coup, je me suis dit que mon rêve était brisé »
La semaine dernière, sur RMC Sport, l’ancien milieu offensif international français, Mathieu Valbuena (35 ans), actuel joueur de l’Olympiakos Le Pirée mais ex Lyonnais, Marseillais, Libournais et… Bordelais (centre de formation), revenait sur sa drôle d’histoire – ratée – avec les Girondins… Il était pourtant de la génération des Rio Mavuba et Marouane Chamakh, mais n’est pas passé pro au FCGB comme eux.
« J’ai été baigné dans le foot tout de suite, car mon père, Carlos, était entraîneur. Mon rêve était d’être footballeur professionnel. Après entre le rêve et la réalité… Mais quand j’ai été formé aux Girondins de Bordeaux, où je faisais mes études et où je jouais au foot, je me disais que je pouvais l’atteindre ce rêve, petit à petit. Et donc tu te prends une claque quand on t’annonce, à 18 ans, que, tout simplement, pour eux, tu n’as pas le profil. Je me rappelle de ce moment-là, évidemment. C’était avec Philippe Lucas, que j’ai eu pendant trois ans et qui m’a beaucoup appris. On était tous convoqués pour savoir si on restait, chacun passait dans le bureau à la suite. Et quand c’est à mon tour et que je vois la tête de Philippe Lucas je me dis que ça sent pas bon. Il m’annonce que je suis évincé des Girondins de Bordeaux, qu’ils n’allaient pas me garder pour des raisons diverses… Mais il n’avait pas besoin de me faire un dessin, Bordeaux ne croyait pas en moi. C’est vrai que je n’avais pas le physique, la morphologie, le profil, le gabarit pour prétendre à être pro. Toutes ces choses qu’on attendait beaucoup, surtout avant. Mais j’avais quand même des qualités, même si peut-être moins que d’autres ; il faut le dire. Et donc je regrette, encore… Mais du coup, ça a été une terrible annonce pour moi. C’était très dur, car quand tu as 18 ans, tu n’as pas un moral d’acier, tu es encore jeune, et il faut être fort rapidement pour rebondir.
J’ai pleuré après-coup, car je suis quelqu’un de très émotif. Et ensuite, je me suis dit que mon rêve était brisé. Mais c’était sur le moment on va dire, car ça faisait quand même dix ans que j’étais aux Girondins de Bordeaux, ce n’était pas rien. Je voyais les pros s’entraîner tous les jours, des coéquipiers aller avec eux…. Toi, tu te dis : ‘Pourquoi pas moi un jour ?’. Mais ce moment-là, il n’est jamais arrivé, donc c’était dur à accepter. En plus, on me fait comprendre que je ne suis pas prêt, et tout ça par rapport à la taille. Et c’est ça qui fait le plus mal. Après, il fallait rebondir… J’ai vu Rio (Mavuba) après mon entretien, au centre de formation, et quand je le vois et qu’on se regarde il savait très bien ce qui se passait, je n’ai même pas besoin de lui parler. Alors on s’est isolé et je lui ai expliqué ce que m’avait dit Philippe Lucas, alors que lui il était contre cette décision mais que c’était un vote général.
Ensuite, quand je ne savais plus quoi faire, le club amateur de Langon m’a tendu la main. Mais les clubs amateurs, ils ne s’entraînent que deux-trois fois par semaines, sur des terrains un peu champêtres. Donc là, tu reviens vraiment à la réalité, ce que je n’avais jamais connu aux Girondins. J’ai eu des opportunités après avoir été évincé des Girondins de Bordeaux, notamment celle de jouer à Biscarrosse. Jouer dans ce club et être éducateur sportif, ça m’aurait plu, et mon père ; qui aime le concret ; m’avait dit de bien réfléchir à cette offre, car elle était belle. Alors, bien sûr, j’ai écouté cette proposition, mais quand je suis revenu de ce rendez-vous j’ai dit que je n’allais pas accepter. Je voulais réussir à être un professionnel dans le football, je n’avais que cette idée et je m’en suis donné les moyens. »