Frédéric Longuépée partage sa vision sur les rapports président/joueurs
Au cours du débat d’hier, entre Laurent Marti (le président de l’Union Bordeaux Bègles) et Frédéric Longuépée, organisé à Sciences Po Bordeaux, le président des Girondins a évoqué sa vision des relations que doit avoir un dirigeant avec les joueurs du club qu’il dirige :
« Il y a des choses qui sont pour moi assez essentielles dans l’organisation d’un club de football et dans une organisation traditionnelle d’un club de rugby. Je suis impatient d’entendre ce que Laurent Marti dira là-dessus. Ce qui est important c’est que chacun soit à sa place. Si le président commence à discuter de football avec les joueurs, il n’est pas à sa place. Il a le droit de parler aux joueurs, il a le droit de descendre dans le vestiaire, ce que j’ai fait assez récemment après avoir observé un certain nombre de comportements que j’estimais inadaptés par rapport à la mentalité, l’attitude, l’envie d’aller plus loin. C’est passé à la fois par un discours avec le coach, puis avec les joueurs, mais c’est important que ce soit fait en concertation et après en avoir parlé avec le coach ou le directeur sportif. Si on se met à faire preuve d’ingérence et à intervenir sur des sujets pour lesquels vous avez recruté des spécialistes, vous commencez à mettre le bazar dans un club et ce n’est jamais bon. Je ne citerai pas d’exemples car il y en aurait trop, mais des présidents qui ont laissé la capacité à certains joueurs d’une équipe à les contacter en direct pour revendiquer un certain nombre de choses sans passer par le filtre du coach ou sans passer par le filtre du directeur du football, à un moment, ça génère des organisations déséquilibrées et je pense qu’une des clés de la réussite, c’est ce fameux alignement.
[…] Me faire le reproche d’un désintérêt ? Il m’a déjà été fait et je l’entends. Par la force des choses, je suis impliqué sur le sportif. A la fin, je signe les contrats. Je suis par la force des choses impliqué dans toutes les discussions qui ont attrait au sportif. Je suis par la force des choses au contact des joueurs au quotidien, parce que quand on hérite d’une situation et qu’on se projette sur une durée de 7-8-9-10 ans avec des objectifs sportifs, vous devez prendre en compte cette composante qui fait partie de l’ADN d’un club de football. Donc le reproche peut être fait, mais encore une fois, de la même manière que vous allez recruter des spécialistes pour s’occuper des aspects financiers, il y a un spécialiste, étant Eduardo Macia en l’occurrence, en charge des aspects liés au football, avec le coach. Ce sont les sujets évoqués entre eux, qu’ils me remontent, que l’on partage ensuite avec l’actionnaire. Et, enfin, ce sont des décisions collectives qui se prennent. Donc pour répondre à la question, je suis dans le vestiaire à chaque match, à ma place. Quand j’estime nécessaire d’intervenir, parce que ce que l’on a vu sur le terrain n’était pas satisfaisant, on en parle avec Eduardo Macia, ou j’évoque le principe de dire un mot, parce que c’est important que les joueurs puissent l’entendre. Mais, de la même manière qu’il me semble important de ne pas s’exprimer tous les quatre matins à propos de chaque match, c’est important de doser ses interventions, car à la fin il faut que la parole porte. »
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