Menzo, Chalana, Maazou, Christian, Cabrera : le ‘Flop 5’ du FCGB de J. Bée
Pour ce qui est, déjà, sa quatrième vidéo de confinement en période de crise du coronavirus, Julien Bée (journaliste pour Gold FM et co-auteur, avec Laurent Brun, de plusieurs livres sur l’histoire du FCGB) donne cette fois un Top 5 qui est davantage un Flop 5. En effet, Julien liste ici les plus gros bides de l’histoire des Girondins au niveau des recrues qui ont déçu.
« Des ratés, il y en a eu quelques uns, mais on va se concentrer sur ceux des années 80 à nos jours, qui restent dans nos mémoires, car il y a de belles petites bourdes. Mon numéro 5, c’est Stanley Menzo, gardien international néerlandais formé notamment à l’Ajax Amsterdam, qui a la particularité d’avoir un palmarès incroyable : 6 fois champion des Pays-Bas, une Coupe de l’UEFA remportée avec l’Ajax, dont il a été un joueur important. Donc il arrive avec un bagage, un passé, et on s’attend à ce qu’il montre de belles choses. Il vient de Belgique, en 97, du club de Lierse, afin de remplacer Gilbert Bodart – resté seulement un an ici à Bordeaux, mais qui a fait une très belle saison, avec une finale de Coupe de la Ligue malheureusement perdue aux tirs au but contre Strasbourg -. Pour Menzo, la tâche est lourde, car avec l’arrivée de Guy Stéphan comme coach un nouveau cycle démarre, et il y a le besoin de trouver un gardien de classe internationale, expérimenté. Sur le papier, c’est le cas de Menzo, qui n’est pas le premier venu. Malheureusement, les premiers matches ne se passent pas bien du tout ; Stéphan est d’ailleurs remercié, remplacé par Élie Baup ; et Menzo il fait des boulettes, des erreurs de relances, des mauvais matches, affiche une méforme assez constante. Il est donc mis sur le côté et c’est Ulrich Ramé qui prendra le relais, pour ne plus le lâcher. Du coup, Stanley Menzo fut un beau raté de la part des Girondins, car on s’attendait vraiment à un excellent gardien, expérimenté à l’international ; même si en sélection il a peu joué car dans l’ombre du grand Edwin van der Sar ; mais son passage à Bordeaux a un peu cassé sa carrière. Il part la saison suivant son arrivée et n’aura pas laissé un grand souvenir ici.
En numéro 4, sa moustache vous a forcément fait frétiller si vous suiviez les Girondins dans les années 1980 : Fernando Chalana. C’était un Portugais, une légende de Benfica, le club de Lisbonne, qui se révèle et tape dans l’œil du président Claude Bez et de ses équipes lors de l’Euro 84 en France. On se dit, alors, qu’il pourrait compléter parfaitement les trous de l’effectif girondin, même si un certain Alain Giresse est là et prend beaucoup de place. Alors, on voit Chalana comme une concurrence, pour amener une touche supplémentaire aux côtés du petit prince de Lescure, voire être la relève… Sauf que Fernando Chalan arrive et enchaîne les méformes, même pour lui, et ce sera très dur de s’intégrer. Le coach Aimé Jacquet a du mal avec lui et il ne joue que 22 matches pour 1 seul but. C’était pourtant la pépite du football portugais, tout le monde parlait de lui u pays. Même de nos jours, il est encore très connu au Portugal, mais du côté de Bordeaux ce fut un petit flop. Certains diront que c’était un excellent joueur ; oui, je ne le remets pas en cause, ni pour tous ceux que je vais citer, qui ont été footballeurs pros et ont donc des capacités et des qualités. En tout cas, Fernando Chalana, ça a été compliqué pour lui à Bordeaux, même si en revenant à Benfica il a pu rejouer et c’est allé mieux pour lui. Aux Girondins, son arrivée était quand même en grandes pompes : 18M de Francs. C’était énorme à l’époque, Claude Bez avait tapé fort. Mais le pari n’a pas été gagnant.
Le numéro 3, même les plus jeunes le connaissent cette fois, c’est Moussa Maazou, le natif du Niger. Il arrive en prêt du CSKA Moscou, en 2010. Il faut savoir que Maazou, il joue encore, en Israël, et qu’il a fait 18 clubs dans sa carrière ! 18 clubs, de 2005 à nos jours. C’est colossal. Avant son prêt à Bordeaux, le Nigérien avait été prêté à Monaco, déjà en France, et les Girondins l’avaient découvert, à Lescure, lors d’un match de Coupe de France où il s’était mis à neiger à la mi-temps – un truc de fou, car à Bordeaux c’est rare ! – et où Moussa Maazou avait marqué pour aider Monaco à aller au tour suivant. Ensuite, il est venu en Gironde et… ça a été compliqué. Déjà, les performances ne furent pas extraordinaires : 16 matches, 1 but ; mais ce qui a le plus fait parler ce sont ses propos, vers la fin de son passage. Il avait été bousculé par les supporters, qui lui reprochaient son rendement, son manque d’investissement avec le maillot girondin, et il s’était fendu dans la presse d’un ‘Je m’en fous (il avait même dit qu’il s’en battait les coui*** ; NDLR), j’ai un contrat à Moscou’. Et ça, ce n’est pas bien passé du tout, forcément… Les dirigeants, le président Jean-Louis Triaud en tête, étaient venu quelques jours après dire que Maazou ne porterait plus le maillot bordelais. Il a été sanctionné, assez logiquement, car il n’avait pas mis les ingrédients qu’il fallait pour montrer l’envie de jouer pour ce club. Et quand on est amoureux d’un club on a tous envie que les joueurs mouillent le maillot, s’investissent. Mais Moussa Maazou, ça n’a pas été une réussite et je le mets dans les ratés.
Mon N°2, c’est le fameux brésilien Christian, du début des années 2000. Lui, c’est une étoile montante, qui joue au Brésil, qui joue à l’Internacional et qui est un international brésilien. Tout se passe très bien pour lui, il se révèle, le sélectionneur le remarque et les recruteurs du Paris Saint-Germain aussi. Il arrive donc d’abord à Paris, où ça se passe bien aussi : une trentaine de buts en 70 matches… Alors, du côté de Bordeaux, on se dit qu’il faut le prendre pour compléter Pedro Miguel Pauleta devant. Pour jouer en 4-4-2, la réflexion prenait tout son sens, avec le grand Christian pour dévier et Pauleta en renard des surfaces. Dans la réflexion, aussi par rapport au duo d’avant, Laslandes – Wiltord, c’était plutôt bien vu… Sauf que Bordeaux achète Christian 80M de Francs, soit 12M€ environ, et à l’époque c’est énormissime. Et Christian ne va pas réussir, ce sera un gros flop. Il a une réputation de fêtard, comme beaucoup de Brésiliens, et à Bordeaux ça se passe mal pour l’adaptation. Les buts tardent à venir, il rate beaucoup, cadre peu et je me souviens qu’il frappait souvent loin au-dessus du but. Du coup, pour un attaquant, il ne marque que 4 buts en 24 matches, et malheureusement il a été beaucoup critiqué aux Girondins, donc ça ne s’est pas bien fini, il est parti dans l’anonymat. Ensuite, il est resté, finalement, dans les méandres du foot brésilien, car après Bordeaux on n’en entendra plus trop parler… Et lui aussi il a une stat’ à la Maazou : 21 clubs fréquentés dans sa carrière. C’est énorme.
Enfin, mon numéro 1, les plus jeunes ne le connaissent pas, surement, c’est Juan Cabrera. Il joue en 79-80, quand Claude Bez a bien pris le pouvoir, et les dirigeants – qui ont du pif – commencent à se dire que ce serait pas mal de rajouter un côté sud-américain à nos équipes. Du côté de la France, à l’époque, ça commençait à être la mode d’aller chercher des Argentins, Brésiliens etc ; mais c’était dur. Alors, Bez veut un Argentin, veut aller chercher un élément capable d’amener une vista sud-américaine, et Bordeaux prend Juan Cabrera. Il a une bonne cote, car il vient d’être pré-sélectionné pour le Mondial 78, donc on pense à une bonne pioche… Mais en fait, ça n’en sera pas du tout une ! Pas du tout même. Il arrive, il joue seulement 16 matches, et la légende – jamais démentie par Claude Bez – veut que Juan Cabrera ne soit… pas venu à Bordeaux. Que ce ne soit pas le vrai Juan Cabrera. Et Bez, en off, il dit même à des amis et aux journalistes que c’est son cousin, mais pas Juan Cabrera, et qu’il s’est fait berner. Si c’est vrai, c’est quand même assez incroyable cette histoire (rire) ! En tout cas, Juan Cabrera, ça a été une escroquerie sans nom ! Donc, vu la légende marrante du cousin qui serait venu jouer et surtout prendre l’argent en France, je le mets Top 1, car c’est une escroquerie sans nom. Voilà donc pour mon Top 5 des ratés de l’histoire des Girondins de Bordeaux ! »
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