Diaz, Blanc, Baup, Gérard, Jacquet : le Top 5 des coachs du FCGB de J. Bée
Julien Bée (journaliste pour GOLD FM et co-auteur de livres sur le club et son histoire passionnante), propose encore une fois un Top 5 personnel sur le FCGB et son passé, ce coup-ci concernant les entraîneurs de légende des Marine et Blanc.
« Ils sont nombreux les entraîneurs passés par les Girondins de Bordeaux, mais mes cinq proposés là – et même six, vous verrez – ont marqué le club par leur longévité, les titres gagnés et les trophées. Alors, selon moi, voici donc qui sont les cinq entraîneurs les plus importants de l’histoire des Girondins de Bordeaux.
En 5ème position, je mets Benito Diaz. Alors là, pour les plus jeunes, c’est compliqué de savoir qui il est… Il est arrivé en 1937, c’est un Espagnol – pour diriger une équipe avec beaucoup d’Espagnols -, venu à la création du club, avec le titre de champion de France amateurs et la première Coupe de France, en 41. Benito Diaz, ensuite, il a été à la Real Sociedad, à l’Atlético de Madrid, mais ce qu’on retient de lui c’est qu’il avait de la poigne, que c’était un homme qui savait où il allait. Et puis, surtout, il est allé fouiller à droite – à gauche, car après avoir quitté l’Espagne et la franquisme pour venir en France il a été chercher des Espagnols pour créer ce club qu’on connait aujourd’hui et être performant dès le début. Et il a réussi, avec Paco Mateo, Jaime Mancisidor et Santiago Urtizberea, avec même des joueurs qui étaient dans des camps du Sud de la France, ayant fui l’Espagne et Franco. Dur de dire le nombre de matches exacts qu’il a dirigés, car à cette période-là, c’est compliqué, il y a des trous… Mais il avait aussi, dans son escarcelle, un joueur espagnol qui deviendra ensuite un entraîneur : Salvador Artigas ; joueur puis coach des Girondins de 1960 à 97, pendant quasiment 300 matches. Il est l’entraîneur qui a fait le premier match européen officiel des Girondins, face au Borussia Dortmund, en 64, mais je ne le mets pas vraiment dans mon Top 5, car il n’a pas gagné de titre(s) vu que les années 60 étaient compliquées pour Bordeaux… Sauf que, juste après les Girondins, il a entraîné le FC Barcelone, puis a été sélectionneur de l’Espagne. Donc Salvador Artigas n’est pas n’importe qui, et je le mets avec Benito Diaz. Mais mon Top 5 c’est Diaz, qui est une légende du club pour moi, car là dès sa création.
Mon numéro 4, vous le connaissez forcément cette fois, c’est Laurent Blanc. Le ‘Président’ ! D’abord un très grand joueur, champion du monde et d’Europe avec la France, qui a traversé sa période sur le terrain de façon si exceptionnelle, en fréquentant de grands clubs européens. Puis il est ensuite devenu entraîneur. Et c’est à Bordeaux qu’il avait fait ses premiers pas d’entraîneur, avec Jean-Louis Gasset comme adjoint. Ils sont arrivés en 2007 en Gironde, tous les deux, et on se demandait si c’était vraiment une bonne idée quand Jean-Louis Triaud l’a choisi. On sortait de l’ère Ricardo, qui avait construit une base solide, en gagnant la Coupe de la Ligue juste avant que Blanc n’arrive, et on restait un peu sur une bonne dynamique, avec Wendel et Fernando qui commençaient à former autour d’eux une équipe de Sud-Américains, un collectif solide. Et Laurent Blanc va réussir à capitaliser sur tout ça, en amenant aussi sa touche, avec des joueurs comme Yoan Gouffran, Yoann Gourcuff, Alou Diarra et Souleymane, afin de créer une colonne vertébrale. Cela va fonctionner à fond puisque pendant trois ans il va réussir des saisons magnifiques, avec notamment le titre de champion de France en 2009 et le doublé même, car il y a eu aussi la Coupe de la Ligue. Et on peut même dire un triplé parce que juste avant il y avait eu le Trophée des Champions. Puis il faut aussi parler de Jean-Louis Gasset, parce qu’il y avait Laurent Blanc, c’était le manager, mais il y avait l’homme de terrain qui était Jean-Louis Gasset. Je pense que dans ce duo Jean-Louis Gasset a été très important. Donc ne l’oublions pas ! En tout cas, ce duo a marqué l’histoire des Girondins.
Mon numéro 3, c’est Élie Baup ; encore dans l’ère moderne ! On est fin des années 90, un certain Élie Baup devient l’adjoint de Guy Stéphan, l’ayant suivi lors de son arrivée, et ça ne se passe pas très bien pour l’entraîneur principal, qui va être limogé. C’est donc Baup, le numéro 1 de son staff ; ex gardien de but et ex coach de l’ASSE ; qui va récupérer cette place. Et ça va perdurer jusqu’en 2003… avec des titres : un titre de champion en 1999, une Coupe de la Ligue en 2002. Mais surtout, Élie Baup c’est une façon de manager un peu nouvelle à Bordeaux. On n’avait pas vu ça avant la fin des années 90 : un homme proche du terrain, proche de ses joueurs, et surtout un entraîneur qui n’hésitait pas à se mettre en retrait par rapport à certains cadres de son équipe, comme Michel Pavon par exemple, ou Lilian Laslandes. Il y avait des hommes forts dans ce collectif et ils étaient capables d’être un peu, de temps en temps, en autogestion. C’était très fort. Et c’était rare de voir un entraîneur capable de faire ça. Et ça a fonctionné, parce qu’il y a eu des titres. Puis on se souvient de ce 4-4-2, cette nouveauté qui fonctionnait très bien, avec Bernarbia et Micoud sur les côtés plus Laslandes et Wiltord devant. C’était une belle et grande équipe ! Pavon et Diabaté étaient à la récupération et Ulrich Ramé avait émergé, devenant ensuite un des meilleurs gardiens de France de sa génération. Après, Baup a connu d’autres équipes en tant qu’entraîneur, mais ça a été moins bien pour lui, même si à Marseille il a tout de même été deuxième du championnat, en 2012-13.
Ensuite, mon numéro 2, c’est André Gérard. Il a été joueur – gardien de but – et entraîneur aux Girondins de Bordeaux. C’est l’entraîneur qui a coaché le plus de matches de l’histoire des Girondins, en deux temps. Il a d’abord été joueur, en 1937, dans l’équipe de Benito Diaz, il a remporté les premiers trophées des Girondins, puis il est devenu le coach de cette équipe, et il va être extrêmement performant. Il va créer une vraie osmose dans cette équipe, et en 1950 il est l’entraîneur qui va gagner le premier titre de champion de France de l’histoire du FC Girondins de Bordeaux. C’est un homme vraiment très sympathique, très gentil, mais qui a en même temps une poigne de fer, qui n’hésite pas à dire les choses qu’il veut quand il y a besoin. Tous les joueurs qui ont connu André Gérard – même si maintenant c’est compliqué – vous diront que c’était vraiment un entraîneur exceptionnel pour l’époque. Il a, ensuite, été sélectionneur de la Tunisie, entre autres, puis il est revenu aux Girondins, de 1970 à 1972. Mais là, ça s’est vraiment moins bien passé, dans des années 60-70 très dures pour Bordeaux ; avec des 2èmes places ou des périodes loin d’un titre. Mais André Gérard, ça reste pour moi un entraîneur qui a marqué l’histoire des Girondins de Bordeaux.
Enfin, mon numéro 1 des entraîneurs les plus importants de l’histoire des Girondins de Bordeaux, c’est – tout le monde s’y attendait – Aimé Jacquet ; bien sûr ! Aimé Jacquet, c’est Dieu comme l’appelle Didier Deschamps. C’est le premier sélectionneur de l’histoire à avoir gagné la Coupe du Monde avec les Bleus, en 1998, mais avant ça il a eu un passé d’entraîneur de clubs. Et ça a été le cas à Bordeaux, puisque c’est le club où il est resté le plus longtemps, de 1980 à 1989. Plus de 420 matches coachés pour Aimé Jacquet aux Girondins, et, surtout, il a été celui qui a garni notre salle des trophées ; il faut le dire : trois fois champion de France (84, 85, 87), deux fois deuxième de D1 (83 et 88), deux Coupes de France (86 et 87), et puis deux demi-finales de Coupes d’Europe, C1 et C2. Bref, Aimé Jacquet c’est donc l’entraîneur le plus important de l’histoire du club ! Et c’est un sourire, un homme qui savait s’adapter… On ne peut être, vraiment, que satisfait et extrêmement fiers de l’avoir eu à la tête de notre club. Il est arrivé du côté des Girondins grâce à Claude Bez, et les deux hommes vont réussir à s’entendre. C’était ça, d’ailleurs, qui était un petit peu surprenant : Claude Bez, l’homme au sang chaud, et Aimé Jacquet un peu distant. Mais finalement ils vont bien s’entendre sur la durée, et ce n’est pas facile, quand on y pense, de garder ce flegme avec le président Bez pendant 9 ans. Mais Aimé Jacquet l’aura fait, et il a vu défiler des générations des joueurs extraordinaires. C’est lui qui lance Dugarry et Lizarazu, notamment ! Bref, les joueurs se souviendront forcément à vie d’Aimé Jacquet et nous aussi, les supporters, on s’en souviendra. Car ça a été pour moi l’entraîneur le plus emblématique, le plus historique, de l’histoire des Girondins de Bordeaux. »
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