D. Riolo : « En France le business a pris le dessus (formation des jeunes) »
Contrairement à Gilbert Brisbois, qui tente de positiver sur Bruno Fievet et son projet de reprise des Girondins de Bordeaux à King Street, Daniel Riolo est lui très critique et doute que l’homme d’affaire supportant le FCGB puisse réussir, s’il rachète le club, à redresser les Marine et Blanc.
Riolo estime, notamment, que « tout retaper » concernant les structures de direction, la masse salariale et l’effectif sportif coûterait trop cher pour Fievet et que « le centre de formation tourne à l’envers ». Sur ce point, il affirme – et pas forcément à raison sur le tout début de son raisonnement d’ailleurs… – que « 80% des jeunes du centre de formation bordelais viennent de l’Île-de-France, sans être des premiers choix, alors que ces dernières saisons ceux qui percent sont plutôt des locaux« . Ensuite, sur la formation française en général, DR passe un gros coup de gueule :
« Ce n’est pas juste un souci de ‘combien de joueurs tu sors ?’… En France, le souci, c’est que tout le monde ne bosse et ne vit que là-dessus, sur les jeunes formés au club que tu revends. Comme tu as un réservoir énormissime, tu trouves tout le temps des mecs et tu les sors, de toute façon, car même s’ils n’ont pas un niveau dingue en Ligue 1, où le niveau a tellement baissé, tu sais qu’ils pourront jouer et que tu peux avoir un bon joueur dans une génération. Et derrière, tu sais aussi que tu trouveras toujours un marché où vendre le gars d’une génération. La vraie question c’est donc : ‘Combien tu mises sur ta formation et qu’est-ce que tu en fais ?’. Est-ce que tu fais une formation où tu as prévu qu’entre deux – trois catégories d’âge tu vas jouer d’une certaine façon ce qui fait que tu vas arriver en pro avec une génération de mecs qui vont jouer pareil ? Ou bien est-ce que tu prends 3-4 gars, tu les formes, tu vois quels sont les meilleurs et tu sais très bien que tu vas les vendre ?
La formation, en fait, on utilise ce mot sans arrêt en France. Et on se met à compter, en faisant plein de classements absurdes sur qui a sorti combien de joueurs pour prouver qu’on est bon. Mais ça ne veut rien dire de sortir 3-4-5 joueurs ! La question c’est : ‘Pour quoi faire ?’. C’est pour ton équipe première ou pour les vendre sur un marché anodin et en tirer 10M€ ou 50 ou peu importe ? Donc voilà : qu’est-ce que ça veut dire le ‘projet de formation’ en fait ? En vrai, on ne parle pas de formation de joueurs. On recrute des gamins qu’on éduque au football et qu’on va revendre derrière. Parler de formation, c’est dire que de 15 ans jusqu’en pro on forme toute une classe d’âge selon une idée de jeu, peu importe laquelle à la limite et ne rêvons pas du jeu à la nantaise partout. C’est ça un projet, un process de formation pour un ensemble de jeunes joueurs. Donc on devrait plus parler d’académie que de formation. Le truc, c’est qu’on n’utilise pas les bons termes… Si c’est un concours de qui sort combien de joueurs – et comment on juge s’ils sont bons, en plus ? – pour gagner le plus d’oseille à la vente et sans réinvestir dans le sportif et le jeu que tu proposes, dans le plaisir que tu offres à tes supporters… et bien ça ne sert à rien !
(…) Si c’est juste pour faire de la trésorerie, pour faire tourner le business, on s’en branle. Le public s’en fout ! Le projet d’un club, est-ce que c’est de miser sur les jeunes, ou est-ce que c’est simplement de les former pour les vendre et en faire une marchandise ? C’est ça le vrai problème ! Il faut savoir le projet du club avec ses jeunes. Si c’est utopique ce que je veux ? Bah c’est un projet. Tu as le droit d’en monter un dans ton club, non ? Le souci, c’est qu’en France le business a pris le dessus, mais si tu voulais tu pourrais le faire le processus de formation dont je parle. »
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