A. Giresse : « Les regrets contre la Juve (C1 85) sont surtout à l’aller »
Ce mercredi, sur RMC, dans le cadre d’une longue discussion ‘nostalgie’ avec les intervenants de ‘Team Duga’ dont l’ex attaquant des Girondins Christophe Dugarry, LA légende bordelaise Alain Giresse a retracé les grandes lignes du FCGB puissant des années 80. Il s’est notamment souvenu, bien sûr, de la demi-finale de C1 85 contre la Juventus de Michel Platini.
Les paroles de Gigi, qui n’a rien oublié :
« On avait joué contre une équipe de Turin avec des Italiens champions du monde 82… Au match aller, on perd 3-0 à Turin, mais l’arbitre suisse est parti en Ferrari (rire) ; car sur le deuxième but... Gernot (Rohr) est poussé, il y a faute. Après, il faut d’abord dire que c’était le premier match de notre parcours 84-85 où on jouait l’aller à l’extérieur, contrairement à Bilbao, Bucarest et Dniepropetrovsk, donc on était vraiment dans un contexte du très grand match européen ! Le contexte, l’ambiance du stade, tout était là. Et c’est cette approche qu’on n’a pas bien appréhendée ; ça c’est clair. Et c’est ce qui nous a joué des tours, car on avait des qualités mais sur l’approche d’un match de ce niveau-là, et surtout d’un premier match de ce registre pour nous, on est passés à côté. En plus, avant le match, sans dire que Michel (Platini) nous a déstabilisés, il est venu nous voir dans notre vestiaire, alors qu’on était au calme… Tout d’un coup, on entend frapper à la porte, et Michel est rentré : ‘Salut les gars, ça va ?’ et tout, et ça nous a surpris, même si attention ce n’est pas ça qui a fait basculer le match.
Sauf que, quand même, on a vu la différence : Michel Platini – qui avait mis le troisième but… – avait une certaine aisance pour aborder une demi-finale de Coupe d’Europe, alors que nous on était dans un état de concentration extrême. Alors, on était passés à côté du sujet. Pour lui, ce n’était pas un événement, et après en équipe de France il m’avait dit qu’à force de jouer contre le Milan AC, l’Inter, la Roma il jouait la Coupe d’Europe tous les weekends en fait ! De notre côté, le football français de clubs, on n’avait rien gagné encore en Europe, donc malgré l’Euro 84 il fallait que nos clubs s’affirment… Aujourd’hui, la France est inclue dans les 5 grands championnats d’Europe, mais à l’époque nous n’y étions pas, et on était loin d’y postuler.
(…) Le match retour ? C’est là que Christophe (Dugarry) était ramasseur de balle (sourire) ! Sportivement, oui, c’est un grand regret. Bien évidemment ! Comme le dit Daniel (Riolo), Michel avait été mauvais ; comme souvent quand il revenait jouer en France, oui ; mais nous on a terminé avec des regrets. Surtout par rapport au match aller qu’on a perdu 3-0, mais pas sur le retour qu’on gagne 2 à 0. Dans le stade et autour, il y avait eu un élan extraordinaire, une mobilisation régionale extraordinaire. Les gens y croyaient comme jamais, c’était assez impressionnant comme conditions pour disputer ce match. Je dis toujours que dans ce match-là il y en a qui ont eu le son mais pas l’image tellement à l’intérieur c’était… Il y avait quand même 42 000 à Lescure, pour un stade de 33-34 000 places et qui était aussi encore un vélodrome à l’époque. »
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