Philippe Fargeon : « Il faut tout remettre à plat sur la table ! »
Champion de France, de D1 et de D2, et vainqueur de la Coupe de France avec les Girondins de Bordeaux de la fin des années 80 et du début des années 90, l’ex attaquant international français des Marine et Blanc, Philippe Fargeon, pousse lui aussi un grand cri du cœur, pour GOLD FM, sur la situation actuelle du FCGB à l’américaine. Optimiste bien que confus dans son propos, parfois, Fargeon milite encore pour un apaisement des tensions Ultramarines – direction actuelle et se dit en faveur d’une réflexion collective et indépendante pour un avenir meilleur de nos chers Girondins.
« Ce qui m’inquiète, surtout, et ça fait des années qu’on en parle assez souvent, c’est que je trouve qu’il y a un travail à faire sur les Girondins et que c’est inquiétant ce qui se passe, parce qu’il y a un certain nombre de choses qui se disent par des journalistes, qui sont quand même de bons journalistes, donc on peut les croire. Je crois que dans un système comme ça il faut connaitre la vérité, mais sans pouvoir aujourd’hui faire de jugement parce qu’on n’a pas tous les éléments. Mais je crois qu’il faut à tout prix qu’on puisse savoir ce qui se passe exactement, qu’il y ait non pas une commission mais une vraie structure qui permette d’écouter tout le monde avant de se permettre de juger ou de prendre des positions. Mais c’est vrai que c’est complexe. En tout cas, ça fait mal pour tout le monde, car c’est le club des Girondins, des Aquitains, c’est notre club ; à vous comme à moi. Alors, voilà, j’ai vraiment envie que la lumière soit faite le plus vite possible et que tout ça rentre dans la sérénité, ou du moins qu’on sache vraiment ce qui se passe. Il faudrait de la neutralité. Pour l’instant, on a plusieurs sons de cloche, des gens qui sont intéressés d’un côté, d’autres de l’autre, donc il n’y a pas de jugement à porter aujourd’hui mais simplement une réflexion à avoir, pour comprendre ce qui se passe, en toute neutralité. Vous savez l’amour que j’ai pour ce club, et que je pense que le plus important dans un club ce sont les supporters, parce que ce sont eux qui font son bonheur économique et qui doivent être heureux au niveau individuel pour qu’ils aillent voir les matches tous les weekend. Alors il faut vraiment une neutralité complète, qu’un organisme qui soit ni ami avec l’un ni avec l’autre, ni ayant des intérêts d’un côté ou de l’autre voit le jour. Il faut, en tout cas, voir ce qui se passe pour essayer de remettre ce club à l’endroit, parce que cette direction commence à durer. Moi, je reste positif, car je considère qu’on doit tous aller dans le même sens et dans l’intérêt du club, dans l’intérêt de ce club qui a fait vibrer des générations de personnes. Je pense donc que le bon cœur et la bonne foi de chacun pourra permettre un jour ou l’autre d’essayer de trouver la solution, même grâce à une petite faille. Mais tant qu’on n’a pas tout essayé, on peut continuer à espérer. Maintenant, si demain ça ne peut pas se faire, il faudra prendre aussi d’autres initiatives. On ne peut pas, sous prétexte qu’il y ait deux-trois-quatre parties qui se disputent les Girondins de Bordeaux, dire qu’ils ne vont jamais s’entendre et qu’on ne peut rien faire. Non, il faut justement vraiment faire quelque chose, qu’on réagisse, et que les personnes qui s’impliquent là-dedans n’aient aucun intérêt auprès des Girondins. Sinon, autrement, c’est ingérable.
Le passage d’M6, dont je rappelle que ce sont eux qui nous ont trouvé ces Américains, à GACP – King Street a créé des conflits, avec des organismes se battant les uns contre les autres et des clans qu’il faut éclaircir, car on ne peut pas se contenter de certaines informations sortant de temps en temps et nous faisant douter. Il faut que la tête des Girondins de Bordeaux, vu leur histoire et la région représentée, fasse un travail de fond pour nous expliquer les choses et trouve les mots justes pour expliquer aux supporters, à la presse et à tous ceux dans le club ce qu’on va faire. Les Girondins de Bordeaux, pour moi, ce n’est pas qu’une société privée, ça appartient à l’histoire, à la ville, au département, à la région, aux gens, à tous les supporters, à ceux qui sont dedans et à ceux qui en ont fait l’histoire avant. Un financier qui vient – surtout Américain, avec une culture et une approche différentes et du temps pour s’adapter à la mentalité d’ici -, ok, il veut gagner de l’argent, soyons clairs, mais l’erreur à ne pas commettre c’est d’oublier à qui et à quoi ce club appartient. Pour moi, à la base, cette erreur-là a été faite. (…) On ne peut pas rester comme ça, il faut tout remettre à plat sur la table ! Maintenant, je pense qu’une commission d’anciens joueurs, accompagnée d’hommes politiques aussi, doit se mettre en place, parce qu’il y a de l’argent en jeu avec les Girondins. Donc ça me semble logique que les politiques s’en mêlent, comme la Métropole, parce que c’est le nom des Girondins de Bordeaux qui est impliqué, donc celui de la ville, du département, de la région. Quant aux anciens joueurs des Girondins, bien évidemment qu’ils doivent s’impliquer… mais à une seule condition : qu’ils n’aient pas un intérêt personnel avec le club. Il faut une neutralité totale, autrement on n’avancera pas ! Alors il faut arriver à comprendre ce qui se passe, avec des gens qui ont envie de faire avancer ce club. Il faut un organe indépendant pour régler les choses, que tout le monde puisse voir et juger. Et si, au bout d’un moment, on n’arrive pas à s’entendre pour l’intérêt commun des Girondins de Bordeaux, alors il faut changer les personnes. Sinon, on est dans une impasse, et alors il faut que les gens changent. Mais j’ose espérer qu’on peut encore arranger les choses, du moins qu’on essaye de les arranger. On ne peut pas laisser ce merveilleux club à l’agonie, sans savoir ce qui se passe. Il faut donc que chacun ait l’humilité de se dire qu’on a peut-être fait des erreurs, les admettre, et avancer.
Si je suis inquiet ? Je suis triste, d’abord. Pour dire que je suis inquiet, il me faudrait toutes les informations, tous les éléments. Mais aujourd’hui je suis triste, car je n’ai pas envie qu’on parle de mon club comme ça. C’est un club où on a tous beaucoup donné, et ça me fait mal de voir que les gens sont tristes aujourd’hui, que dans la rue on n’ose plus me parler des Girondins. Il y a eu une période où on venait m’engueuler parce que les Girondins n’avaient pas de bons résultats, même si ça faisait 15 ans que j’avais arrêté, mais à la limite je préférais ce moment-là, car aujourd’hui on n’ose même plus m’en parler. Et ça, ça m’attriste énormément. C’est l’image du club qui est ternie, ce n’est plus le club qu’on a connu et il faut qu’on retrouve ce très beau club. On n’a pas le droit de s’arrêter comme ça. »
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