A. Giresse : « Ni pessimiste ni optimiste, mais réaliste sur la situation »
Questionné par Alain Bauderon, la légende des Girondins de Bordeaux, Alain Giresse, après avoir longuement parlé des soucis identitaires et de gouvernance du FCGB actuel, revient sur les problèmes de vision sportive absente. Giresse comprend cependant que le financier puisse être important, mais pas au point de faire passer le foot au second plan et de déconnecter les Girondins de leur environnement :
« Au niveau sportif, faire des résultats, selon les cycles et les périodes, ce n’est pas toujours évident, comme le fait de garder une équipe compétitive. On le sait très bien ça, à Bordeaux comme ailleurs on a eu des périodes meilleures que d’autres. Là, les Girondins sont dans une phase de transition sportive, où ce n’est pas évident d’avoir des bons joueurs, de qualité, qui répondent sur le plan de la conscience professionnelle, avec des jeunes pouvant arriver et un relationnel positif se créent. Dans l’idéal, quelque part, il faudrait que s’installe un échange croisé entre l’équipe qui fonctionnerait bien et les supporters. Après, le business, c’est nécessaire, car un club ne fonctionnant pas économiquement n’a pas les moyens d’avoir des résultats sportifs dans un championnat, de monter une belle équipe. Mais ce business ne doit pas devenir plus important que le sportif.
(…) Avec les anciens joueurs, même si le lien n’est pas rompu car nous sommes parfois invités – comme je l’avais été pour un poste d’ambassadeur, même si ça veut tout et rien dire et que c’est juste un titre honorifique -, on est réservés et on a du mal à comprendre les Girondins actuels, dans leur ensemble, quand on évoque le club. (…) On ne sait pas trop comment le sportif fonctionne, comment les choses sont présentées sur ce point… La seule chose qu’on sait c’est que Bordeaux ne peut pas rivaliser financièrement avec les meilleurs pour prétendre aux hautes places du classement. (…) Le Paris Saint-Germain – quoi qu’on en dise -, qui bien sûr est devenu un exemple d’une autre dimension car ils ont des moyens colossaux, il ne cherche pas à gagner de l’argent via le sportif en revendant ses joueurs après les avoir achetés, mais il veut gagner la Ligue des Champions. Un club devrait d’abord marcher comme ça, même s’il y a toujours, fatalement, des situations où un transfert peut aider la situation économique, mais la priorité ne doit pas être à tout prix de rentabiliser les choses par la vente de joueurs.
(…) Le stade qui est faiblement garni ? On est quand même assez traditionnels à Bordeaux, avec nos habitudes, et du mal à bouger. Dans l’absolu, quand on construit un nouveau stade, il est toujours très dur de recréer une âme dans cet autre stade. Des stades ont été aménagés, comme le Vélodrome à Marseille qui est toujours au même endroit, mais d’autres ont été construits et Lyon a réussi sa mue, car sportivement ils sont restés bien, avec une dimension européenne, tout en respectant l’histoire et le passé du club, comme j’ai pu le constater en allant voir mon ami Bernard Lacombe là-bas. Ils montrent l’exemple. Pour nous, être passé de Lescure au ‘Matmut Atlantique’, ce ne fut pas évident, on n’a pas réussi à accrocher quelque chose, même si c’est vrai que si, sportivement, la greffe prenait… Ce serait plus facile. En attendant, les gens n’ont pas encore trouvé leurs marques pour aller au nouveau stade, et ça… c’est évident. (…) Je ne suis ni pessimiste ni optimiste, mais réaliste sur la situation. J’y crois encore, mais il faut beaucoup améliorer les choses pour que ce que sont les Girondins ça redevienne tout ce qu’ils ont été. Les gens ne sont pas bêtement nostalgiques mais attendent autre chose et sont prêts à vivre pour ça, car les Girondins restent une institution à Bordeaux et dans la région, c’est une réalité, même si ça ne se traduit pas forcément de manière aussi marquée qu’ailleurs. »
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